Les deux mains du Père
Jean
14,15-21
Pour saint Irénée (évêque de Lyon, mort martyr
en 208), le Verbe et l’Esprit sont les deux mains du Père. Dès la création de
l’univers jusque dans le mystère de la rédemption, ils sont à l’œuvre pour
manifester son amour. On le comprend mieux grâce à l’évangile de ce dimanche.
Le Verbe – désormais incarné dans le Christ
Jésus – et l’Esprit sont présentés de manière symétrique dans la communion
trinitaire à partir de leur manifestation dans le mystère du salut.
Tous deux viennent du Père comme un don fait au
monde. Tous deux sont envoyés auprès des hommes, l’un comme Défenseur ou
Paraclet (l’Esprit), l’autre comme celui qui demeure auprès de nous en nous
évitant la solitude de l’orphelinat (Jésus ressuscité). Plus profondément
encore, ils sont tous les deux pour toujours « en nous », dans une
profonde communion (« Vous êtes en moi et moi en vous » v. 20).
Ce divin partenariat, cette merveilleuse
collaboration s’exercent entièrement à notre bénéfice, pour notre salut. Il faut
cette mobilisation trinitaire pour que l’amour du Père soit vraiment démontré à
notre humanité comme un cadeau de vie.
Devant un tel déploiement de tendresse divine,
comment ne pas aimer en retour Celui qui nous aime toujours le premier et à ce
point-là ? Puisque Dieu est Amour, puisqu’il nous aime de ses deux mains
pour mieux nous embrasser de sa charité, comment ne pas chérir un tel Amour,
même si c’est toujours pauvrement, humblement, quoique joyeusement ?
Reconnaissons que nous avons besoin de quelques
béquilles pour demeurer dans l’amour de Dieu malgré nos faiblesses humaines.
Tels sont les commandements dont parle Jésus, non sans préciser qu’ils se
résument en un seul à double face : l’amour, encore l’amour ! L’amour
de Dieu et l’amour du prochain.
Oui, sur notre route -où nous serons toujours
des apprentis marcheurs-, Dieu nous donne la main, et même ses deux mains.
Elles nous tiennent solidement, mais sans nous forcer. Elles nous font sentir
une présence de douceur et de fermeté à la fois. Toute aventure humaine est
soutenue par cet accompagnement divin. Au cœur de ce pèlerinage fascinant,
c’est la mission de l’Eglise de révéler, d’accueillir et de célébrer la
proximité de Dieu dans ses mains tendues vers le monde.
A paru sur le site www.cath.ch