lundi 21 janvier 2019

Vive les gilets verts!

Vive les gilets verts ! On les croyait essentiellement addicts au smartphone et à la tablette, vautrés devant la télé ou gavés de musique et de danse dans leur vent. C’était faux. Les jeunes - pas tous évidemment - se sont mobilisés pour sauver notre planète. Par milliers, ils ont défilé pour exiger bruyamment que notre environnement bénéficie de soins plus intensifs, avant qu’il ne soit aux soins palliatifs. Devant l’indifférence de beaucoup d’adultes, devant l’incurie de nombreux politiques, ces jeunes se sont réveillés et, grâce aux réseaux sociaux, ils ont lancé un mouvement transfrontalier d’engagements pour l’écologie. On ne peut que féliciter et remercier ces nouveaux « gilets verts », d’autant plus que, contrairement à certains autres, ils ont opté pour des actions fortes mais non violentes, au lieu de céder aux facilités de l’émeute et de la casse. Mais approuver ces nouveaux écolos jeunes ne suffit pas. Ni pour nous ni pour eux. Les adultes, et singulièrement nos leaders de toutes sortes, doivent entendre ces cris qui devraient nous interpeler tous. L’avenir de notre planète est l’avenir de notre humanité puisque nous n’avons qu’une seule maison commune ici-bas. Celles et ceux qui l’habiteront plus longtemps que nous doivent pouvoir y vivre et s’épanouir dans des conditions favorables, même si elles seront jamais parfaites. Que les jeunes –notre plus sûr avenir- nous le rappellent avec démonstrations à l’appui ne peut que nous faire réfléchir et agir. Mais les jeunes le savent aussi. Il ne suffit pas de brandir des pancartes et de pousser des cris pour améliorer la planète terre. Eux aussi doivent revoir leur mode de consommation, leur capacité à résister aux séductions publicitaires, les choix à opérer dans les achats et l’usage des choses. Jeunes et adultes, nous avons tous à nous convertir à certaines valeurs qui respectent vraiment notre environnement et promeuvent la dignité de toute personne humaine partout dans le monde, comme le pape François l’a proposé dans son encyclique prophétique Laudato si. C’est un merveilleux combat qui doit être à la fois pacifique et efficace. Que les jeunes s’y engagent maintenant avec leurs slogans, leurs musiques et leurs rêves, c’est un signe d’espérance qu’il nous faut soutenir, à condition que chacun, quel que soit son âge, allie les paroles aux actes concrets. Il y va de la cohérence écologique, bien plus importante que la couleur des gilets. Claude Ducarroz A paru sur le site cath.ch

mardi 15 janvier 2019

Oecuménisme 2019

Entre euphorie et déprime A moins qu’elle soit devenue une tradition plus soporifique que stimulante – ce qu’à Dieu ne plaise !- la semaine de prière pour l’unité des chrétiens nous rappelle opportunément notre devoir sacré de prier et d’agir pour la réconciliation plénière des Eglises chrétiennes. En fait, le chemin de l’œcuménisme réaliste se faufile toujours plus difficilement entre l’euphorie des uns et la déprime des autres, deux attitudes inverses qui aboutissent au même résultat : il n’y a plus rien à faire… et passons à autre chose ! Les euphoriques estiment que tout va bien –ou presque- dans la biosphère œcuménique puisque les Eglises, du moins chez nous, ont enfin compris qu’il fallait s’accepter différentes pour le bien de tous. Heureusement, il est dépassé le temps où les chrétiens se situaient réciproquement en concurrents, en adversaires et même en ennemis. Bénissons le Seigneur : la fraternité a pris le relais. On s’entend bien entre communautés, on collabore souvent, on abandonne les points de friction encore chauds à la réflexion des spécialistes théologiens. Et surtout restons-en là, sans se compliquer la vie par des recherches de meilleure unité qui risquent de créer de nouvelles divisions au lieu de nous conforter dans la jouissance paisible de notre communion bien suffisante. Mais il y a aussi des déprimés de l’œcuménisme. Avaient-ils placé la barre de l’unité trop haute ? Ils avaient imaginé, notamment à la faveur de l’élan provoqué par l’entrée de l’Eglise catholique en œcuménisme lors du concile Vatican II, que tous les obstacles fondraient rapidement comme neige au soleil de la grâce divine. Et ils constatent, navrés, que des points de rupture subsistent, que des nœuds peinent à se dénouer, que la dynamique œcuménique se perd dans le sable des vielles traditions de crispation sur certains points. Il y a toujours des noyaux durs qui nous séparent, y compris dans la vie courante de nos communautés. Il suffit de penser à l’eucharistie qu’on souhaite pouvoir partager librement, aux questions liées aux ministères –par exemple celui des évêques et du pape-, aux relations avec les saints, et notamment avec la Vierge Marie. Sans compter des problèmes autour de l’éthique, qui nous divisent encore souvent quand il s’agirait de pouvoir prendre des positions communes dans notre société. Je comprends toutes ces réactions. Mais au lieu de me décourager, elles me stimulent. A reméditer sans cesse le projet de Jésus pour ses disciples, à revisiter les témoignages des premières communautés chrétiennes sous la guidée des apôtres, je rends grâce pour le chemin parcouru grâce à la magnifique « utopie œcuménique » promue par des pionniers qui furent de grands prophètes de l’Evangile. Nous revenons de si loin, et nous nous sommes tellement rapprochés. Mais je dois bien admettre qu’il y a encore du chemin à parcourir pour parvenir –avec la grâce de Dieu- à concilier encore mieux les exigences de l’unité profonde entre tous les chrétiens et une juste diversité entre les Eglises, de manière à former une véritable « Eglise d’Eglises », enfin conforme au dessein et à la prière du Christ pour les siens. Que la maison commune de tous les chrétiens soit encore en chantier, ça m’invite à venir y travailler avec grande espérance. Il y a assez de belles constructions réussies pour ne jamais se décourager. Il y a encore assez à œuvrer pour s’investir avec ardeur. Etre un artisan –même très modeste- sur ce chantier-là, c’est un beau service. C’est surtout une belle joie, toute imprégnée de l’Esprit Saint. A paru sur le site cath.ch Claude Ducarroz