Assomption 2017
Une femme dans le ciel ! Plus
encore : elle a le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la
tête une couronne de douze étoiles.
L’Eglise catholique n’a pas la réputation
d’être particulièrement féministe, et la voilà qui met en évidence,
glorieusement, une femme, en l’occurrence une petite servante de Nazareth, un
bled obscur de Galilée.
Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui
s’est passé ?
L’explication, qui n’efface pas le mystère, se
trouve en Dieu. Cette femme ordinaire était en fait extraordinaire. Car Dieu
l’a choisie entre toutes les femmes pour en faire la mère de Jésus, le fils
de Dieu fait chair, par sa libre et
pleine collaboration au dessein de l’incarnation et de la rédemption, de tout
son cœur, de tout son corps, de toute sa foi : « Qu’il me soit fait
selon ta parole. »
Dès lors, elle a pu chanter sans se vanter : « Le Seigneur fit
pour moi des merveilles, saint est son nom. » Et maintenant, nous pouvons
ajouter, sans déroger à la gloire de Dieu : « Marie, tu es bénie
entre toutes les femmes… Oui, toutes les générations te disent
bienheureuse. »
Heureuse, comme nous l’imaginons spontanément,
tu le fus, mais pas toujours.
Marie a connu l’espérance de la grossesse, le
bonheur de la naissance de son enfant, mais aussi l’épreuve de la pauvreté à la
crèche de Bethléem, les aléas de l’exil en Egypte, l’inquiétude et même l’incompréhension
à cause d’un certain Jésus qui prit ses distances pour suivre sa vocation. Et
surtout, au pied de la croix, elle a porté et supporté dans son cœur de mère,
la mort de son enfant qu’elle savait innocent et sacrifié.
Aujourd’hui, nous sommes à la fête à cause de
Marie. Ou plutôt nous communions dans la joie avec sa communion parfaite avec
son fils Jésus le ressuscité. Selon la tradition de l’Eglise, en Orient et en
Occident, nous croyons que la mère a suivi son fils dans la gloire comme elle a été associée de très près aux mystères
de sa passion. L’assomption de Marie, c’est un peu la suite logique de sa
maternité qui a donné un corps et un cœur humain au sauveur du monde. Et ce
sauveur le lui rend bien en la prenant à ses côtés, avec son corps et son cœur
à elle, dans la gloire de Pâques.
Mais attention. Que ce privilège n’éloigne pas
Marie de nous, qui sommes aussi ses enfants puisque Jésus l’a confiée pour mère
au disciple, à tous les disciples. Elle reste de la famille, dans la famille,
humaine, très humaine. « A partir de cette heure-là, dit l’évangéliste, le
disciple la prit chez lui. » Et nous aussi.
Le Christ est l’unique médiateur entre Dieu et
les hommes. Il y a 500 ans, Martin Luther nous l’a rappelé. Opportunément.
Violemment.
Marie est seulement, mais c’est déjà beaucoup,
la première en chemin pour aller vers Jésus. Oui, elle nous précède, mais sans
nous lâcher la main, dans la communion des saints. Elle nous précède dans la
foi si nous suivons son conseil : « Faites tout ce que Jésus vous
dira. » Elle nous tient dans ses bras maternels quand nous traversons des
épreuves, elle qui a traversé les siennes à cause de Jésus, mais surtout avec
lui, jusqu’au bout. Elle nous entraîne à faire Eglise avec les apôtres et tous
nos frères et sœurs selon l’évangile, comme elle l’a fait par sa présence et sa
prière au Cénacle de Jérusalem, en attendant l’Esprit promis. Aujourd’hui, elle nous montre en personne
l’accomplissement de la promesse, à savoir l’entrée programmée -corps, cœur et
âme- dans le royaume des cieux, auprès de Jésus ressuscité, quand nous aurons franchi
les ravins de la mort.
Il est beau, il est bon que ce soit une femme,
cette femme, servante et royale, humble et glorieuse, qui nous accompagne et
nous entraîne sur le chemin qui mène à la pleine communion avec le Christ Jésus pascal.
15 août 2017 Claude Ducarroz
En eurovision