jeudi 26 septembre 2019

Cherchez...vous ne trouverez pas!

Cherchez… et vous ne trouverez pas !

En (bon) citoyen de ma chère patrie, à l’approche des élections fédérales, je m’intéresse aux propositions des divers partis politiques. Et mon œil se fait un peu inquisiteur en compulsant les documents de leur propagande. Tiens ! voilà une grande affiche déployée sur le quai de la gare par le premier parti politique du pays. Sept fiers à bras sont près à partir à l’assaut pour sauver le pays de tous les malheurs que lui concoctent la gauche et les écologistes. Et je cherche la silhouette d’une femme. Aucune. Les sept candidats sont tous des hommes (mâles) qui nous promettent sans doute une Suisse meilleure…sans les femmes, même si elles constituent le 53% de notre population. Et quelle est cette démocratie dite « populaire » qui semble ignorer la capacité des femmes à assumer des responsabilités politiques au niveau national ?
J’ai cherché la femme, et je n’en ai pas trouvé.
Je tombe alors sur une photo montrant, tout souriants, une assemblée d’évêques catholiques réunis en synode à Rome pour discuter de la famille. C’était en 2015. Et je cherche aussi. Pas un visage de femme dans cette auguste assemblée. Je sais bien que des femmes, en coulisse, ont participé activement aux travaux de cette réunion d’Eglise. Je sais aussi que beaucoup  d’évêques, comme le pape, sont convaincus qu’il faut associer davantage les femmes à la réflexion communautaire et à la mise en pratique des orientations pastorales. Il demeure que, dans les organes de décisions ultimes –à Rome et ailleurs-, les femmes sont absentes.
Symboliquement, dans le contexte de notre société de plus en plus sensible à la promotion des responsabilités féminines, c’est une grave interrogation qui subsiste. Les arguments théologiques tiennent-ils encore devant une telle exclusion de moins en moins compréhensible ? Comment pourrait se manifester plus courageusement dans notre Eglise, le prophétisme de l’Evangile qui, selon saint Paul, fait de tout chrétien/chrétienne un être tellement nouveau qu’il ne doit subsister aucune discrimination entre le juif et le païen, entre l’esclave et l’homme libre, entre l’homme et la femme, du moment que nous sommes tous un en Jésus Christ. (Cf. Gal 3,28) ?
L’affiche d’un certain parti ne m’incite pas à lui faire confiance et à lui donner ma voix.  Certaines images et surtout certaines pratiques de mon Eglise n’aident pas non plus  beaucoup de femmes –et d’hommes aussi- à adhérer au beau message de cette même Eglise concernant l’égale dignité de toute personne humaine et, en elle, l’impossibilité de justifier une quelconque inégalité qui viendrait du sexe.
Franchement, il serait temps que mous fassions mieux que l’UDC en Eglise catholique !

Claude Ducarroz

A paru sur le site  cath.ch le 25 septembre 2019



jeudi 5 septembre 2019

Bel et Bon

Bel et Bon

Est-ce que je vieillis mal ? C’est possible. Mais pas certain.
Oui, je suis de plus en plus allergique  -jusqu’au dégoût- à tout ce qui salit notre environnement, à la basse vulgarité dans le langage, aux comportements bêtement provocateurs, à la « cul-ture » du trash dans les spectacles, surtout au cinéma, etc… J’ai l’impression que ce qui n’est pas scandaleux, voire abject, ne compte plus aux yeux de certains spectateurs et critiques à l’affût des prochaines turpitudes. Et ça me navre.
Et puis je réagis.
La triste esthétique des horreurs n’est sans doute pas révélée dans ce qu’on montre avec une chafouine ou naïve complicité. Elle se tapit dans les réalités de la vie ordinaire. Quoi de plus obscène, finalement, que des enfants qui meurent de faim, des innocents broyés par l’esclavage sexuel, des militants des droits humains condamnés à la prison ou à la mort, des requérants d’asile qui font naufrage dans la Méditerranée, tout près de chez nous, etc… ?
Douloureux spectacles ! Mais heureusement, il y a aussi l’autre face de notre pauvre humanité.
Des hommes, des femmes –et même des enfants- se dressent pour purifier et embellir notre maison-nature, des humains solidaires prennent des risques énormes pour faire triompher les idéaux de la liberté, de la justice et de la paix, des gens de toutes conditions résistent à l’enlaidissement du langage et aux exhibitions d’une certaine industrie du dégueulasse.
Et puis chacun de nous peut faire pencher la balance de notre société dans un autre sens, plus digne de l’homme, plus conforme aux desseins de Dieu.
Ajouter de la beauté à notre environnement, promouvoir le respect de tout être humain, miser sur ce qui édifie au lieu de céder aux sirènes de ce qui avilit. En un mot : semer un peu plus d’amour autour de soi, car le beau et le bon se donnent la main, toujours pour le meilleur.
Bien sûr, je ne vais pas fonder une nouvelle multinationale de la beauté, ni ouvrir une super-banque de la charité. La révolution de la civilisation passe par des actions simples, souvent cachées, mais combien efficaces quand on s’y engage pour de bon.
Je crois à la petite monnaie du véritable humanisme. Et il paraît que ça maintient jeune !


Claude Ducarroz