samedi 11 novembre 2017

Légal ? Moral ?

Tout est légal. Circulez ! Il n’y a rien à voir. Et surtout rien à juger, rien à changer.
L’affaire des « paradise papers » vient de révéler une face très sombre de la politique et de l’économie mondialisées. Sous prétexte que « tout est légal », des riches échappent impunément au fisc alors qu’ils doivent –comme tout un chacun- payer leurs impôts, d’autant plus qu’ils peuvent s’en acquitter sans courir le risque de tomber dans la dèche. Sans vergogne, des avocats brandissent le cache-sexe de la légalité pour défendre ces privilèges inacceptables et maintenir ces graves injustices.
Car l’impôt, dans un système démocratique, ne sert pas seulement à fournir à l’Etat de quoi accomplir ses tâches. Il établit une certaine solidarité sociale sans laquelle la convivance devient impossible. Si tous contribuent à la caisse commune, chacun doit le faire selon ses moyens. Ce n’est que justice : les plus fortunés paient davantage.
Que penser alors d’un Etat qui autorise l’évasion fiscale et même couvre pudiquement des pratiques qui sont de véritables spoliations ? Que font nos politiques pour remédier à ce scandale ? Leur passivité n’est-elle pas une complicité ? Et pendant ce temps-là, la proportion des pauvres augmente parmi nous, y compris en Suisse. Que dire alors des populations vivotant dans les pays de la misère alors que leurs dirigeants, avec la collaboration « légale » de nos élites économiques, s’en mettent plein les poches ?
Je suis indigné.
Il est temps de remettre un peu de moralité dans nos légalités. Car il ne suffit pas qu’une loi existe, même par la grâce de la démocratie, pour qu’elle légitime des comportements contraires à la justice et à la solidarité. Toute conscience simplement humaine peut et doit le comprendre. A fortiori quand une telle conscience est éclairée par les lumières de l’évangile. Toute la Bible redit la colère de notre Dieu contre ceux qui oppriment les pauvres, commettent l’injustice, faussent les balances, s’enrichissent sur le dos des plus faibles. Et Jésus. N’a-t-il pas mis en garde contre l’idolâtrie de l’argent, le culte rendu à Mamon ?
J’ose espérer que nos femmes et hommes politiques, à commencer par celles et ceux qui se réfèrent plus ou moins ouvertement au christianisme, s’engageront courageusement pour changer les règles de ce mauvais jeu, y compris chez nous.
Il y va de leur crédibilité, de leur honneur, de leur foi.

Claude Ducarroz


A paru sur le site  cath.ch

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