mercredi 5 mai 2010

La dame de la Sorbonne

Fleur de vie

La dame de la Sorbonne

Paris. La Sorbonne, la plus ancienne et la plus illustre des universités françaises. J’admire la façade de la chapelle, un chef d’œuvre du 17ème siècle. J’aurais voulu pénétrer à l’intérieur, mais tout est hermétiquement fermé. Je ne verrai pas le tombeau de Richelieu. Sur la place, une statue d’Auguste Comte me laisse de marbre. Ce grand prêtre du scientisme voulait sauver la société par la science après avoir supprimé la religion. Il grelotte sous la neige et devant l’indifférence des passants emmitouflés.
La religion verrouillée pour restauration, la philosophie figée dans la pierre : quel signe de vie en ce lieu symbolique des grandeurs et des misères de la culture la plus prétentieuse ?
Là, au bout de la place, au ras du trottoir, une semi clocharde est assise sur une chaise branlante. Elle distribue des grains de riz à un bataillon de pigeons qui lui font la cour en un cercle piaillant et réjoui. La dame leur parle, les appelle, les gronde, essaie de faire régner une certaine discipline. En somme, en ces lieux déserts malgré le prestige des monuments, voici de la charité et de la vie, la sagesse suprême sous les haillons d’une pauvre hère au cœur tendre.
Il y avait de la beauté dans ses gestes de bonté. Elle nourrissait des oiseaux, mais qui lui donnait, à elle, sa part d’attention et d’affection qui seules permettent de vivre humainement ?
Sur cette place dédiée à la raison et à la foi, une humble parabole de la générosité terre à terre m’a réchauffé le cœur.
Il y a encore de l’amour en ce monde.
1560 signes Claude Ducarroz

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