lundi 3 janvier 2011

Homélie pour l'Epiphanie 2011

Homélie pour la fête de l’Epiphanie 2011


Bling ! Bling !
A lire de manière superficielle le récit de l’Epiphanie dans l’évangile de Matthieu, on aurait envie de l’envoyer aux journaux « 20 minutes » et « Le Matin » édités à Jérusalem, et aussi en vente à Bethléem.
Tout y est pour constituer un excellent reportage « people ».
+ Des mages à la recherche d’une étoile : étrange, mais aussi fascinant !
+ Tout un remue-ménage dans le palais d’un roi, avec le clergé et de savants experts à la rescousse. Une affaire croustillante !
+ Des trésors scintillants, avec de l’or, de l’encens et de la myrrhe à gogo !
+ Et même de la violence et du sang pour celles et ceux qui s’intéressent à la finale de cette histoire extraordinaire.
+ Il ne manque que du sexe à la sauce de Hollywood, encore que, dans la première lecture, des jeunes gens portent des filles sur leurs bras. Danger, Mesdemoiselles !

En réalité –plus sérieusement- cette page d’évangile pose des questions graves et apporte des réponses éclairantes, y compris pour nous aujourd’hui.

Il y a d’abord un grand contraste avec le récit de la Nativité dans l’évangile de Luc.
+ Là de pauvres bergers juifs qui accourent vers une étable à l’appel d’anges qui chantent dans la nuit ;
+ Ici une caravane de riches savants qui frappent à la porte d’un palais pour trouver « le roi des juifs qui vient de naître » ;
+ D’un côté le petit peuple d’Israël au village de Bethléem ;
+ De l’autre des mages païens venus du lointain Orient, qui ont leurs entrées à Jérusalem où siègent les prêtres et les autorités politiques ;

Mais il y a un point commun, qui constitue à la fois la question et la réponse du jour. Je cite :
« Les bergers découvrirent Marie et Joseph avec le nouveau-né couché dans une mangeoire ».
« En entrant dans la maison, les mages virent l’enfant avec Marie sa mère ».
Tous, quels que furent les circonstances de départ et l’itinéraire du voyage, se sont retrouvés aux pieds du même enfant, celui que les anges appelaient « le Sauveur, le Messie, le Seigneur ». Autrement dit, pour les uns comme pour les autres, il n’y a qu’un seul Seigneur et Sauveur, le Fils de Dieu et l’enfant de Marie, Jésus le Christ.
Avec des effets merveilleux quand on le rencontre personnellement :
Les mages en « éprouvèrent une très grande joie ». Quant aux bergers, « ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu. »

Que de leçons pour nous aujourd’hui !
Il n’y a qu’un seul Sauveur pour tout le monde, celui que le Père a envoyé à notre secours par amour de toute l’humanité. Les chemins pour le chercher, le rencontrer, le connaître et même s’agenouiller devant lui sont certes variés, mais ils conduisent finalement vers le même Sauveur.
« Allons jusqu’à Bethléem », se disaient les bergers, et l’étoile des mages s’arrêta sur ce même lieu, là où se trouvait ce même enfant.

Etre cette étoile pour toute l’humanité, c’est aujourd’hui la mission de l’Eglise, notre mission.
Or actuellement cette étoile a pâli, cette mission est remise en question.
C’est vrai : à côté d’exemples merveilleux –et parfois héroïques- d’actions missionnaires jusqu’au bout du monde, il est arrivé dans l’histoire que la violence militaire, les intérêts financiers et l’oppression politique accompagnent malheureusement les démarches missionnaires des chrétiens. Nous mesurons les erreurs et les horreurs commises par certains des nôtres, quand nous déplorons aujourd’hui les mêmes folies meurtrières perpétrées par certains fanatiques au nom d’autres religions. Il y eut, et il y a encore hélas ! des Hérode cachés sous les costumes de certains religieux dévoyés.
Mais nos errements passés, pas plus que les funestes exemples de certains missionnaires non-chrétiens aujourd’hui, ne doivent éteindre notre ardeur évangélisatrice, puisque personne ne peut supprimer notre devoir sacré de témoigner pour le Christ, notre Sauveur et celui de toute l’humanité.
Des bergers qui « faisaient connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant » jusqu’aux apôtres auxquels Jésus adressa ces paroles avant de remonter au ciel : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples » : tous nous rappellent notre mission inaliénable : annoncer Jésus et son Evangile, cette Bonne Nouvelle destinée à tous –nous n’en avons pas le monopole !-. Certaines et certains sont allés à l’autre bout du monde pour être fidèles à cette vocation. Nous savons mieux maintenant qu’il y a énormément à évangéliser - ou ré-évangéliser- chez nous aussi, tant sont nombreux celles et ceux qui ont oublié le Christ, tant est profonde l’ignorance de son message pourtant libérateur, même dans nos sociétés dites « de vieille chrétienté ».

S’il est une heureuse invitation à retenir de cette fête, c’est bien cette promesse provocante, mais en forme de béatitude : « Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonne nouvelle qui annonce le salut ». Is 52,7.
Les pieds…et tout le reste aussi !

Claude Ducarroz

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