lundi 17 octobre 2011

50 ans du Colloque européen des paroisses

Homélie 50 ans CEP
Lausanne 16 octobre 2011

Europe, comment vas-tu ?
Pour avoir une réponse crédible, il faudrait interroger les divers représentants des 12 pays d’Europe ici présents. J’hésite à poser la question à mes compatriotes suisses puisqu’ils souhaitent plutôt se tenir à l’écart de la dynamique européenne, comme on le remarque une fois de plus à l’occasion de la campagne électorale qui bat son plein chez nous actuellement.
Mais je devine que la réponse à la question, ici et ailleurs, doit être à peu près la même : l’Europe va mal pour les plus pessimistes, elle ne va pas très bien pour les plus réalistes et elle pourrait aller mieux pour les plus optimistes.
En 1957, par le traité de Rome, des hommes politiques européens –des visionnaires, des prophètes- ont lancé les bases de ce qui est devenu aujourd’hui l’Union européenne. On peut lui trouver beaucoup de défauts, on peut regretter ses lenteurs ou ses hésitations. N’empêche qu’elle a changé complètement le cours de l’histoire de notre continent. Après en avoir fait un espace de paix solide là où des guerres opposaient régulièrement et tragiquement nos peuples, elle a pu offrir aux nations qui avaient subi une longue oppression communiste un accueil fraternel qui renforçât à la fois la concorde, la prospérité et la solidarité entre nos populations, désormais unies par un même destin communautaire.

Et l’Europe des Eglises, me direz-vous ? L’Europe de notre Eglise ?
En 1961 déjà, soit 4 ans seulement après le traité de Rome et un an avant l’ouverture du Concile Vatican II, des visionnaires et des prophètes ont aussi surgi dans la constellation des paroisses pour lancer une initiative de rencontres, de créativité pastorale et d’encouragements fraternels au niveau de notre continent.
50 ans plus tard, dans la cité de Lausanne qui hébergea sa première réunion grâce à l’hospitalité de l’abbé François Butty, le Colloque européen des paroisses tient à faire mémoire de cette heureuse fondation.
Quelques curés de grandes paroisses s’étaient demandé, en effet, comment les paroisses pourraient mieux se soutenir mutuellement dans les différents pays européens. Ils adressèrent une lettre à de nombreux évêques pour manifester leur préoccupation. Un seul leur répondit : le cardinal Franz König, de Vienne, lequel encouragea vivement l’abbé Francis Conan, un curé de Paris, à provoquer une rencontre de curés ayant pour but « de partager des expériences et des idées de manière à collaborer à la construction d’une communauté de peuples européens ». Des curés seulement au départ –ils furent 60 provenant de 7 pays lors de la première rencontre en 1961-, puis d’autres prêtres en paroisse et enfin, dès 1973, l’accueil de laïcs toujours plus nombreux dans le cercle fraternel du Colloque européen des paroisses.
C’est ainsi que les paroisses catholiques de notre Europe battirent au sprint leurs évêques puisque ceux-ci se structurèrent seulement en 1965, avec une première rencontre du Conseil des conférences épiscopales en 1967.

Il faut d’abord rendre hommage à nos vaillants fondateurs. Ils ont eu l’audace et la foi de semer ainsi -dans le terreau de notre Europe en pleine reconstruction après une guerre fratricide et dans un contexte de tragique division jusqu’en 1989- des semences de partages féconds au service de l’Eglise, dans l’esprit de l’Evangile, à la suite du concile Vatican II, en étant attentifs aux signes des temps.
Je tiens simplement à citer les diverses villes qui ont accueilli les Colloques au cours de ces 50 ans, afin de repasser devant nos yeux reconnaissants les animateurs et les communautés qui ont contribué à faire vivre le CEP sur la durée :
Lausanne, Wien, Köln, Barcelona, Torino, Strasbourg, Heerlen, Lisboa, Namur, Marseille, Assisi, Ludwigshafen, Tarragona, Seggau, Fatima, Leuwen, Besançon, Prague, Udine, London, Girona, Fribourg, Erfurt, Porto, Mons, Nyiregyhaza.

Voilà pour le passé. Nous n’allons pas céder à la nostalgie. C’est l’avenir qui nous donne rendez-vous, ou plutôt le Seigneur Jésus, lui qui est, qui était et qui vient, dans son Eglise et au cœur de l’humanité.
Les textes liturgiques de ce dimanche nous invitent à renouveler notre engagement dans la mission confiée à nous tous par le Seigneur, d’autant plus que nous célébrerons l’année prochaine les 50 ans du Concile Vatican II dont nous voulons continuer d’être les fidèles serviteurs et servantes en nos temps très troublés.
Pour faire bref, que nous rappelle l’apôtre Paul, un grand européen, qui inaugura le Nouveau Testament en écrivant sa première lettre aux chrétiens de Thessalonique depuis sa résidence missionnaire de Corinthe en automne de l’an 50.

+ Qu’il nous faut œuvrer en communauté, en équipe dans l’Eglise de Dieu : « Nous, Paul, Sylvain et Timothée… ». Donc évêques, prêtres, diacres, religieux et laïcs tous ensemble !
+ Qu’il nous faut sans cesse rendre grâces dans nos prières à cause des merveilles que le Seigneur continue d’accomplir, avec nous et parfois malgré nous, dans son Eglise, dans toutes les Eglises et dans ce monde.
+ Que « la foi active, la charité qui se donne de la peine et l’espérance qui tient bon » doivent nous inspirer et nous stimuler sans cesse, surtout en ces temps d’interrogation, d’épreuves ou de crise. Là est le terrain solide dans lequel Dieu veut toujours enraciner nos vies, nos activités et notre être ecclésial.
+ Que l’annonce de l’évangile, en Europe aujourd’hui, ne doit pas être une collection de belles paroles, mais « puissance, action de l’Esprit Saint et certitude absolue ». Voilà qui a de quoi dynamiser nos liturgies, nos services et nos charismes, tout en transfigurant nos structures en pleine recomposition. Elles ne peuvent être qu’au service de l’évangélisation !
+ Que notre condition de « petit troupeau » ne doit ni nous effrayer ni nous décourager puisque le Seigneur, selon ce qui est dit dans le livre d’Isaïe, a même consacré le roi Cyrus « en l’appelant par son nom et en le prenant par la main ». Or il était un païen qui ne connaissait pas le vrai Dieu.
+ Parce que nous croyons que l’effigie du Dieu d’amour est imprimée sur le visage de tout être humain créé à son image, encore davantage que celle de César sur la pièce d’argent présentée à Jésus.
A nous de respecter cette dignité et de révéler autour de nous à la fois la beauté et les exigences de cette grâce d’origine, à travers nos engagements d’Eglise œcuménique et dans nos combats pacifiques pour la justice, la solidarité et la paix chez nous et jusqu’au bout du monde.

Bon anniversaire, cher Colloque européen des paroisses et longue vie à nos communautés chrétiennes au service de l’Evangile en Eglise et pour toute l’humanité !
Claude Ducarroz

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