Fête de saint Nicolas
6 décembre 2011
Saint Nicolas !
Il y a un nom, comme ça, qui sent les biscômes -avec ou sans son effigie-, un nom qui allume des étoiles dans les yeux des enfants de tout âge.
Il y a un nom qui suscite de longues processions ferventes dans les fumées parfumées de l’encens, avec d’émouvantes vénérations de reliques, comme j’ai pu le vivre à Minsk en Biélorussie.
Il y a un nom qui multiplie des icônes scintillantes destinées à la vénération des fidèles dans tout l’Orient chrétien.
Il y a un nom qui rassemble encore des foules, dès 5 heures du matin, sur terre et sur mer, comme je l’ai vu à Bari.
Sans compter la foule de Fribourg, une ville à lui dédiée depuis sa fondation en 1157, avec une église chère à notre cœur, augmentée du titre de collégiale dès 1512 –il y a 500 ans- et même de cathédrale depuis 1924, une cathédrale en robe de fête dans l’attente de son nouveau pasteur.
Dans la brume poétique, entre l’histoire et la légende, saint Nicolas est comme l’aimable quintessence du bon pasteur.
Il est évêque, c’est la moindre des choses quand on est si glorieux, avec tiare orientale ou mitre occidentale, c’est selon. C’est sûr, nous disent les historiens, il a participé au premier concile œcuménique, celui de Nicée en 325. Les bons évêques savent allier l’autorité personnelle avec l’esprit et la pratique collégiales.
Et puis cet homme, ce chrétien, ce pasteur a fait tellement de bien que la hotte de ses exploits évangéliques déborde de récits, tous plus touchants les uns que les autres. Oui, des prouesses qui nous impressionnent encore, justement parce qu’elles sont peut-être encore d’actualité, pour la blessure de notre conscience et pour l’incitation à l’action, aujourd’hui comme hier.
* Sauver des enfants qu’on massacre dans leur corps ou dans leur cœur, les toucher et les embrasser comme Jésus, en les respectant infiniment.
* libérer des prostituées, ces exploitées de toutes les ténébreuses et inavouables passions, dans des commerces, hélas ! encore florissants.
* multiplier la nourriture pour secourir des affamés à l’heure où la crise des riches –encore bien nourris, rassurez-vous- provoque de nouvelles misères, chez nous et surtout ailleurs, dans les pays de la faim endémique,
* guider des marins dans la tempête -pas chez nous évidemment, car on ne peut se payer à la fois l’aviation et la marine-, mais peut-être dans la tête et dans le cœur de celles et ceux –nos nouvelles autorités par exemple- qui doivent conduire la barque de notre société dans les méandres des choix difficiles, parmi les écueils des intérêts contradictoires, là où la raison du plus fort risque tellement de devenir la meilleure.
A tous ces virages dangereux, sur la route de l’Eglise comme dans l’arène de la société, nous retrouvons le brave saint Nicolas, nimbé d’histoires peut-être incertaines ou exagérées, mais tellement proche de ce que nous vivons en couleurs humaines, en profondeur chrétienne, en pesanteur ecclésiale.
Et voilà que nos biscômes ont perdu son effigie, une fois de plus pour des raisons économiques ! « Plus personne ne veut nous livrer des étiquettes de saint Nicolas », se lamente un célèbre pâtissier et paroissien d’ici. A quoi pense cette porte-parole de la Migros quand elle déclare sans se gêner : « Le biscôme est un produit vendu jusqu’à Noël. On ne peut pas avoir à la fois saint Nicolas et le Père Noël ». ? Et nous alors ? Et Fribourg ?
Après avoir protesté comme il se doit, nous allons réagir à notre manière, la chrétienne.
Avec ou sans image de notre cher patron, nous voulons le rejoindre en ce qu’il a de meilleur, en ce qu’il est, à savoir un témoin de l’évangile en son temps pour que nous soyons des témoins du même évangile en notre temps.
* En urgence, si je puis dire, nous allons prier pour notre évêque en attendant de l’accueillir dans sa cathédrale saint Nicolas, avec joie et espérance.
* Nous allons fêter les 500 ans du chapitre cathédral, sans complexe ni d’infériorité ni de supériorité, parce que ce chapitre - propriétaire et gardien de la précieuse relique de saint Nicolas depuis le 9 mai 1506- a démontré durant ces 5 siècles qu’il savait assumer ses tâches, dans les limites des humanités canoniales, au service de cette ville, de ce canton, de cette paroisse, de ce diocèse. Les commémorations programmées vont nous le rappeler, non pas pour faire dans la nostalgie, mais pour rebondir, modestement mais aussi courageusement, dans l’avenir ecclésial qui nous guette autant qu’il nous défie.
Nous allons continuer à faire Eglise dans cette ville bien-aimée dont les paroisses et communautés catholiques sont toutes les enfants ou les petits-enfants de cette collégiale et cathédrale.
Un tel fait d’histoire ne peut que nous inciter à cultiver et même à développer « l’esprit de famille », par des collaborations et des échanges accrus. Pas seulement pour répondre aux dures nécessités de l’heure, mais surtout pour manifester, au service de notre population, ce que veut dire, même dans des styles variés : « Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières…. C’est pourquoi ils avaient la faveur de tout le peuple et le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés. »
Ce soir, dans ce rassemblement liturgique mais aussi sympathique jusqu’à la cordialité, le Seigneur lui-même se tient à notre porte et il frappe. Il nous propose d’écouter sa voix et d’ouvrir la porte, en communauté élargie. Il veut entrer pour souper avec nous, maintenant, dans cette eucharistie de fête. Car il veut être, aujourd’hui comme au temps de Nicolas de Myre, lui près de nous et nous près de lui, lui le Crucifié ressuscité.
C’est ça la communion, celle qui coule de l’eucharistie et qui irrigue notre pastorale dans la collaboration de tous, évêques, prêtres, religieux et religieuses et plus que jamais laïcs hommes et femmes. Une communion qui doit aussi arroser de valeurs évangéliques les vastes champs de notre société, surtout en ces temps de crise… et d’élections !
Saint Nicolas, aide-nous à entendre ce que l’Esprit dit aujourd’hui à notre Eglise, à nos Eglises ! A nous !
Claude Ducarroz
mardi 6 décembre 2011
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