mercredi 7 décembre 2011

Homélie de l'Immaculée Conception

Fête de l’Immaculée Conception
8 décembre 2011

Kékaritoménè… et tout est dit.
Kékaritoménè, c’est le mot grec utilisé dans l’évangile de Luc pour exprimer la salutation de l’ange Gabriel à Marie le jour de l’Annonciation.
Comment traduire ce mot en notre langue française ?
Certains utilisent une phrase entière, par exemple « toi qui as la faveur de Dieu », dans la traduction œcuménique de la Bible.
Plus simplement dans la liturgie, on emploie l’expression « comblée de grâces » ou encore « pleine de grâces », comme dans la récitation traditionnelle du Rosaire.

Qu’est-ce à dire ?
La théologie latine, puis l’Eglise catholique ont traduit cela par le dogme de l’Immaculée Conception, la fête de ce jour, tandis qu’en Orient on préfère nommer Marie la panagia, la toute sainte, ce qui revient pratiquement au même.
La mère de Jésus est resplendissante de sainteté, de beauté, de grâce, justement parce qu’elle est la mère du Christ, le fils de Dieu fait homme.
Et laissons aux théologiens subtils le soin de fouiner dans les détails pour exprimer finalement une vérité très simple. Marie est la femme parfaite, la nouvelle Eve, celle que Dieu a préparée depuis toujours pour devenir la digne mère du Sauveur du monde. Et la première sauvée, c’est justement elle.

Alors que faut-il retenir pour nous du mystère de Marie qui, par certains côtés, est évidemment unique et exceptionnel. Jésus n’a eu qu’une seule mère, et c’est Marie de Nazareth. Encore que…
Dans les trois évangiles synoptiques, on raconte comment Marie et la famille proche de Jésus sont venues le rejoindre pour le voir et lui parler. Et Jésus répondit : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique. » (Cf. Lc 8,21). Et il promena son regard sur ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, à savoir ses disciples.

Quelque part, certes imparfaitement, nous sommes donc impliqués dans le mystère de l’Immaculée Conception, surtout si l’on utilise comme fil conducteur de notre réflexion l’évangile de l’Annonciation retenu pour la liturgie de cette fête.

Qu’est-ce à dire ?
D’abord que tout est grâce. En nous, pour nous, tout est d’abord cadeau de Dieu, sans aucun mérite préalable, sans même un désir de notre part. En effet, c’est par pure grâce de Dieu que nous recevons de lui, comme le rappelle Saint Paul, « la vie, le mouvement et l’être. » (Ac 17,28).

C’est ainsi que, en nous aussi, Dieu prépare par une grâce originelle, créatrice, gratuite l’offre de toutes les autres grâces au cours de notre vie. De quoi rendre grâces, par exemple en reprenant le cantique de Marie : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles. Saint est son Nom. » (Lc 1,49).

Et puis les grâces de Dieu –la première et toutes les autres ensuite- ne nous contraignent pas, ne nous forcent jamais, car elles sont une preuve de son amour et non pas une démonstration de sa puissance, ou alors c’est la puissance de son amour.
On le voit chez Marie. La « toute sainte » est infiniment respectée. L’ange lui fait une proposition. Elle a le droit d’être troublée, de poser des questions. Elle peut s’engager librement.

Celles et ceux qui écoutent et accueillent Dieu dans leur vie grandissent en liberté. A l’ombre de l’Esprit, ils abandonnent toute peur –« Sois sans crainte, Marie »- car ils se savent et se sentent invités au oui par l’Amour majuscule.
Celles et ceux qui ont « trouvé grâce auprès de Dieu » peuvent alors s’engager avec joie, comme des servantes et des serviteurs qui font confiance à la parole libératrice.

Leur vie, certes, n’est pas un long fleuve tranquille. Marie en est la vivante démonstration. Mais le bonheur est au bout du voyage. L’Immaculée Conception conduit à l’Assomption dans la gloire. « Toutes les générations me diront bienheureuse », prophétisa Marie.

Notre nouvel évêque nous a révélé qu’il souhaitait nous aider à trouver ou retrouver la joie d’être croyants.
Voilà une expérience mariale, corroborée par le témoignage d’innombrables autres saints.
« Heureuse toi qui as cru », dit Elisabeth à Marie. Et Jésus d’ajouter lui-même, en présence de Marie et en pensant à nous : Oui, « heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique ».
Elle… et nous !

Claude Ducarroz

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