Commentaire Jn 10,11-18
Qu’est-ce que la pastorale ?
Depuis le
concile Vatican II, dans notre Eglise tout doit être PASTORAL. Ce mot presque
magique est devenu un label de qualité pour qui veut se recommander à la
bienveillance de partenaires chrétiens. Il y va de la crédibilité évangélique
des initiatives et réalisations les plus diverses.
On peut
comprendre cet engouement. Dans l’Ancien Testament, l’image du berger a été
attribuée à Dieu lui-même (Ps 23), au futur Messie (Ps 78) ainsi qu’aux chefs
du peuple élu (Jr 23). Pas étonnant que Jésus –qui concentre en lui toutes ces
prérogatives- se soit senti à l’aise dans l’évocation du berger pour signifier
son identité et sa mission propres, ainsi qu’on le voit au chapitre 10 de
l’évangile de Jean.
Jésus, le
bon pasteur ! Qu’est-ce à dire ? Rien à voir avec un pastorat
romantique qui illustrerait un Jésus écolo flânant entre sources vives et verts
pâturages. Etre le bon pasteur selon Dieu, c’est un rude métier. Car l’amour
vrai emporte tout, et d’abord la vie de celui qui aime. Il s’agit de s’en
dessaisir en la donnant librement pour ses brebis. Le contexte n’est pas de
tout repos puisqu’il peut y avoir des loups en embuscade. Pas question de
fuir ! Il faut veiller et tenir bon. Comme Jésus l’a fait : jusqu’à
la croix.
Cette
fidélité puise sa motivation dans l’envoi en mission par le Père, mais aussi
dans la connaissance réciproque entre les brebis et le pasteur. Pas une
connaissance de statistique qui se contenterait de compter les brebis au soir
de la journée, mais la relation pleine d’amour entre le berger et chacune de
ses ouailles, connue et appelée par son nom. Et puis le cœur de ce berger-là
est si large qu’il y a en lui des espaces en réserve pour d’autres brebis qui
ne sont pas encore dans le bercail. Il ira les chercher, et d’abord celles qui
seraient perdues ou en danger. Nulle limite à l’amour pastoral de Jésus !
A méditer
l’évangile de ce dimanche, comment ne pas sentir monter en soi des sentiments
d’admiration et de reconnaissance pour notre pasteur Jésus Christ ? Mais
aussi, comment ne pas trembler devant tout ce que nous estimons
« pastoral » dans la vie de l’Eglise, s’il s’agit bel et bien de
l’être « à la manière de Jésus » ? A commencer par toutes les
personnes qui se nomment ou que l’on nomme « pasteurs ». Ne
devrions-nous pas radiographier de temps en temps, en relisant cet évangile,
les initiatives et même les documents dits « pastoraux » qui
constituent souvent l’essentiel de nos réunions ?
Pas pour
avoir mauvaise conscience, mais pour nous ajuster toujours mieux à la pastorale
de Jésus, la seule qui peut marier le bonheur des brebis avec la joie des
pasteurs.
Pasteurs qui
sont d’abord et restent, eux aussi, les brebis du Seigneur !
Claude
Ducarroz
Disponible
sur le site cath.ch
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