Diaconat féminin
Le pape François entrouvre une porte
Ainsi
donc, le pape François veut « constituer une commission officielle qui
puisse étudier la question. » Ses
prédécesseurs avaient verrouillé la porte. Voici que ce pape l’entrouvre, avec
prudence, sans préjuger des résultats de cette étude. Un petit pas dans la
bonne direction. Il était temps.
En 1975 déjà, l’Assemblée synodale suisse avait
demandé à nos évêques « de faire en sorte que les femmes puissent aussi
recevoir l’ordination au diaconat et être appelées à un service ecclésial comme
diacres. » (décision 110).
On peut évidemment enliser ce vœu dans des
considérations historiques et mêmes théologiques. Le pape en est conscient quand
il reconnaît que le témoignage des premiers temps de l’Eglise sur ce point est
« un peu obscur », de sorte « qu’une commission semble utile
pour clarifier bien cela. ». Dont acte.
Il me semble que la vraie question est
ailleurs. Peut-on encore justifier des discriminations entre hommes et femmes
dans l’Eglise sur la base de la différence sexuelle ? Quand le Christ a
choisi seulement des hommes pour apôtres, a-t-il voulu dire que dans son Eglise,
et pour toujours, les femmes devaient être exclues du ministère ordonné ?
Si oui, encore faudrait-il dire pour quelles raisons profondes, et non pas
seulement répéter à l’envi que « c’est comme ça. »
Certes, personne ne peut revendiquer un
ministère en Eglise comme un droit, car tout est grâce et vocation dans la
logique de l’Evangile. Mais une telle considération vaut aussi, et de la même
façon, pour les hommes. Et non pas seulement pour les femmes parce qu’elles
sont femmes.
Au-delà des justifications circonstancielles,
pourquoi ne pas redonner toute sa chance au principe fondateur exprimé par
l’apôtre Paul à propos des biens du Royaume inauguré par le Christ et
offerts à tous les baptisés : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec ;
il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la
femme ; car tous vous n’êtes qu’un en Jésus Christ » (Gal
3,28) ? Il est temps que, dans l’Eglise d’abord, on aille jusqu’au bout de
cette belle déclaration qui devrait normalement supprimer toute mauvaise
discrimination parmi les chrétiens. Et partout ailleurs ensuite.
Je ne me fais aucune illusion. Les temps, même
au sein du « peuple catholique », ne sont pas encore mûrs pour des
décisions aussi courageuses. Il est peut-être plus utile –plus réaliste- que
les femmes puissent dès maintenant augmenter leur présence et leur rayonnement
de qualité non seulement là où il s’agit de servir -ce qu’elle font déjà si
bien-, mais aussi là où l’on décide dans notre Eglise. Je crois que le pape le
souhaite le premier. Merci !
Un souvenir romain
Il y a quelques
années, je visitais avec un groupe le dicastère de la curie romaine dédié à la promotion
de l’apostolat des laïcs. Une dame française, relativement haut-placée dans
cette structure, nous avait reçus fort aimablement. Mais à un certain moment de
notre dialogue, elle s’est vivement insurgée contre le fait que l’on voyait
désormais des filles servir la messe. « Elles n’ont rien à faire autour de
l’autel », dit-elle de manière péremptoire. On en était là au
Vatican !
Heureusement, il y a maintenant le pape François.
Dieu le bénisse et le garde !
Edito
publié sur cath.ch le 16 mai 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire