samedi 7 octobre 2017

Homélie

Homélie

Dimanche 8 octobre 2017

Mt 21,33-43


Un opéra italien. L’évangile de ce dimanche contient tous les ingrédients pour faire un bon opéra italien. Jugez plutôt : la jalousie, le complot, le sang, la vengeance. Tout y est.  Mais Jésus lui-même nous met en garde : c’est une parabole, autrement dit un récit qu’il faut interpréter, non pas à la lettre, mais en y cherchant d’utiles leçons pour la vie. Et ici : la vie selon et avec le Christ.

Qui sont les auditeurs concernés et que faut-il retenir ?

Jésus s’adresse d’abord aux grands prêtres et aux anciens du peuple, autrement dit à ses auditeurs immédiats, sur le parvis du temple de Jérusalem. Discrètement –mais ils le comprennent très bien-, le Christ leur rappelle les aléas de l’histoire d’Israël, quand la patiente fidélité de Dieu s’est souvent heurtée aux infidélités du peuple, notamment quand les prophètes/serviteurs ont été en butte non seulement à l’incompréhension, mais aussi à la persécution, jusqu’à la mort. Et maintenant que le Fils lui-même est à l’œuvre, voici que le même sort l’attend, et pire encore.
La passion et la croix pointent à l’horizon. Jésus adresse aux responsables d’Israël une sorte de dernier avertissement, dramatique. Car la pierre qu’ils vont rejeter deviendra la pierre d’angle, une merveille aux yeux de tous. C’est une allusion au mystère pascal.


En fait, les évènements se sont déroulés comme le Seigneur l’avait prévu. Les chefs du peuple élu ont, dans leur grande majorité, refusé le Messie, Jésus de Nazareth. Et après la Pentecôte, ce sont les païens, plutôt que les juifs, qui ont suivi le Christ et embrassé l’évangile, en vertu de la promesse : Le Maître du domaine louera la vigne à d’autres vignerons.

Dans les communautés chrétiennes pour lesquelles l’évangéliste Matthieu écrit cet évangile, les tensions ne manquaient pas, justement entre croyants issus du monde juif et les convertis venus du  monde païen. Il fallait leur expliquer -aux uns et aux autres- que tous les chrétiens sont désormais à égalité devant la grâce du salut obtenu par le Christ mort et ressuscité.

Les privilèges d’Israël sont passés maintenant dans une Eglise –le nouvel Israël- qui ouvre largement les portes de la foi à toute personne de bonne volonté, qu’elle soit d’origine juive ou de culture païenne.
Il y a dans cet évangile l’image et le symbole d’une Eglise vraiment catholique, universelle, pourvu que tous ses membres, avec la grâce de Dieu, donnent des fruits de foi, d’espérance et surtout d’amour.

Et nous, me direz-vous, où sommes-nous dans cette parabole, nous qui l’entendons dans la liturgie par le service de l’Eglise d’aujourd’hui ? Car ne croyons pas que nous ne sommes pas impliqués –on dit aujourd’hui « impactés » - dans ce que Jésus a raconté au titre de cette parabole.
Nous faisons partie de ces « autres vignerons » auxquels le Seigneur à remis sa vigne en faisant de nous des héritiers des trésors qu’il a laissés après lui et pour tous les hommes de tous les temps.
Il s’agit du royaume de Dieu destiné à produire ici-bas déjà toutes sortes de beaux et bons fruits, en attendant la pleine vendange dans le ciel.  Toutes les variétés humaines doivent pouvoir éclore, fleurir et donner des fruits d’évangile en Eglise et dans notre monde. A condition, bien sûr, comme le dira Jésus plus tard, que les sarments restent en communion avec le cep.

C’est le sens de notre rassemblement ce matin : écouter à nouveau la parole de Dieu, lumière sur notre route, communier à la nourriture spirituelle qu’est l’eucharistie, nous laisser  dynamiser par l’Esprit Saint, qui souffle où il veut.

Et ensuite porter des fruits dans les vastes champs du monde, fruits de justice, de solidarité, de paix, d’amour tous azimuts. Car l’Eglise ne doit pas devenir une forteresse assiégée pour chrétiens frileux qui se seraient mis à l’abri derrière ses murailles. Nous formons une communauté d’envoyés au large du monde et de l’histoire, dans le souffle de la Pentecôte. Vous vous en souvenez : cet Esprit avait fait sortir les apôtres apeurés d’un cénacle trop confortable pour les propulser sur la place publique afin de témoigner pour le Christ et l’évangile à la face de tous, dans la variété de leurs cultures.

Le pape François ne cesse de nous rappeler cela, en parlant des périphéries de notre société vers lesquelles il nous invite à aller, certes pas pour se dissoudre dans les modes ou céder aux pressions des propagandes, mais pour offrir vaillamment l’évangile toujours actuel, toujours neuf, à nos frères et sœurs en humanité, quels qu’ils soient.

Que voilà un beau programme de vie pour l’Eglise…que nous sommes tous, ne l’oublions pas.
                                                                           Claude Ducarroz



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