samedi 24 mars 2018

Les Rameaux 2018

Homélie
Rameaux 2018


Jésus, poussant un grand cri, expira.

Tout est accompli. Tout est dit.
Seul le silence est encore digne de cet évènement. Alors faut-il ajouter quelque chose, au risque de troubler cette atmosphère de compassion et de recueillement ?
Pas des paroles, mais une main tendue à des témoins de la croix, au crucifié et à quelques amis, de lui et de nous.

* D’abord Jésus évidemment. Selon cet évangile, il n’a dit qu’une parole sur la croix. Elle est tirée du psaume 22 : Eloï, Eloï, lama  sabactani. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Mon Dieu : le signe d’une ultime confiance. Peut-être a-t-il dit plutôt : Mon Père ! Abba !
Pourquoi m’as-tu abandonné ? Un cri en forme de question. Au-delà du sentiment d’abandon, il a encore cette dignité : questionner Dieu.

Ce qui reste au pauvre quand il a tout perdu, parce qu’il demeure un être humain.
On peut tout lui enlever, et jusqu’à ses vêtements, mais pas sa conscience, pas sa plainte, pas ses interrogations, et surtout pas celles qu’il adresse à Dieu, la dernière manière de lui dire qu’il croit en lui, douloureusement, désespérément, avant le grand silence de la mort.

En écho à ce cri, et en écho à ce silence, à travers tous les siècles et jusqu’aux tragiques rivages de notre actualité : Seigneur Jésus, écoute maintenant, en nous et autour de nous, et jusqu’aux extrémités de la terre, les drames extrêmes de tous les crucifiés du monde, que ce soit sous les effets des soubresauts de la nature en colère, que ce soit dans les tragédies ordinaires de la misère et de la faim, que ce soit sous les coups des violences meurtrières.

Seigneur, toi qui t’es senti abandonné, toi au moins, ne nous abandonne pas.

* Il se nommait Simon, on l’appelait le Cyrénéen. C’était un paysan. Il revenait des champs. Apparemment, il n’avait rien à voir avec ce macabre cortège qui conduisait trois condamnés à mort jusqu’à leur destin.
On l’a forcé. Mais peu importe. Il a porté la croix du sauveur,  il a aidé Jésus à aller jusqu’au bout de son chemin. Il a collaboré à la rédemption du monde.

Que de Simon de Cyrène dans l’aventure de notre pauvre humanité ! Aujourd’hui encore. Tant de fois, nous avons eu besoin des autres, y compris pour nous relever, et pour recommencer. Et pour aller plus loin, plus haut. Si possible jusqu’au bout. Avons-nous dit merci ?

 Et combien de fois, avons-nous  été un Simon de Cyrène pour d’autres ? Sans aller chercher trop loin, là, tout près de nous, dans nos relations quotidiennes, sur les chemins de tous les calvaires qui embauchent encore de si nombreux Simon.

Et puis je connais un Simon universel, toujours disponible. Il est là même quand on ne le voit pas, et même quand on n’y croit pas : Jésus de Nazareth. Lui qui a eu besoin de Simon, il est devenu le Simon de tous, en nous aidant maintenant à porter nos croix, avec la force de son Esprit.
Seigneur Jésus, sois notre Cyrénéen, viens au secours de notre faiblesse.

* Et surtout n’oublions pas les femmes. Car, comme le note cet évangile, il y avait aussi des femmes qui observaient de loin, et qui avaient suivi et servi Jésus quand il était en Galilée.
Comme d’habitude, y compris dans l’Eglise ou quand il y a des croix au bord des routes humaines : beaucoup de femmes et peu d’hommes. Quand il faut aller jusqu’au bout, quand il faut manifester de la compassion et exercer d’humbles  services, elles sont là.
On sait comment Jésus les a reconnues, remerciées et consolées sur le chemin du Calvaire.  Après la croix -où elles ont accompagné Marie la mère du condamné à mort-, nous les retrouverons au tombeau pour les rites –pieux et affectueux- de l’ensevelissement. Et surtout Jésus leur donnera rendez-vous de bonne heure au matin de Pâques pour leur apparaître en primeur comme ressuscité, et les charger d’annoncer cette bonne nouvelle aux apôtres eux-mêmes.

Il est temps que les femmes, dans la société et aussi dans l’Eglise, comme Jésus l’a fait, soient davantage reconnues, respectées, remerciées et encouragées. Encore une leçon et surtout une invitation qui coulent de cet évangile.


Seigneur Jésus, né d’une femme, fils de Marie, exauce-nous.

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