mercredi 28 mars 2018

Pâques 2018

Pâques 2018

Voilà ! C’est fait. Et bien fait. Le Christ est ressuscité. Jésus de Nazareth est entré dans la gloire de Dieu. Tant mieux pour lui.

Et après ? Et nous alors ?

Il nous faut d’abord mesurer, un peu au moins, la merveille qui vient d’arriver. Et nous laisser émerveiller.
Alors que tous les hommes sont mortels et retournent, d’une manière ou d’une autre, à la poussière d’où ils sont tirés, voici que l’un d’entre eux, de chair et de sang comme tous les autres, sort de son tombeau et revient à la vie.

Mais attention ! Pas pour jouer seulement quelques prolongations en attendant de re-mourir pour de bon. Il s’agit d’une résurrection et non pas d’une réanimation. A partir de cette relevée d’entre les morts, le Christ ne meurt plus, plus jamais.
 Il est entré dans un autre univers, le monde de Dieu, ce qu’on appelle son royaume, comme il est dit : « … là où il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car la mort ne sera plus. ».
Il y est maintenant, avec son corps transfiguré. Car c’est toute son humanité qui participe désormais à la gloire de Dieu.

Devant cette merveille, qui demeure un profond mystère, on peut réagir de plusieurs façons. Beaucoup n’y croient pas, parce qu’ils estiment que c’est impossible, comme ils disent : « trop beau pour être vrai. »  Et ils continuent leur chemin vers la mort, sans l’espérance d’un au-delà.

D’autres y croient …un peu. En faisant confiance aux témoignages exprimés dans la Bible, ils croient que c’est bel et bien arrivé à ce Jésus de Nazareth, mais seulement à lui pas à d’autres, pas à nous. Etonnés, intéressés peut-être, ils restent au bord du chemin et regardent passer le ressuscité sans entrer dans son cortège en marche vers le ciel.

Si Jésus n’était ressuscité que pour lui, il serait un terrible égoïste. Son Dieu ne serait pas Amour. Comme le disait l’apôtre Paul, nous serions les plus malheureux d’entre les hommes. Mais il ajoute : « Si nous sommes passé par la mort avec le Christ, nous croyons que nous virons aussi avec lui. » Plus encore, il ose écrire aux Colossiens : Vous êtes ressuscités avec le Christ ». Et aux Ephésiens : «  Dieu nous fera assoir dans les cieux avec le Christ ressuscité ».
Et Jésus lui-même l’a dit : « En étant fils de Dieu, vous êtes fils de la résurrection. »

Qu’est-ce que ça change pour nous ? Car si ça ne change rien, à quoi bon croire ? à quoi bon fêter Pâques ?

Contre vents et marées –qui ne manquent pas de nos jours-, il nous faut continuer de témoigner que le destin de l’homme –de tout homme- dépasse les frontières de sa mort et que nous sommes des promis à la résurrection à cause de Jésus.  Oui, l’affirmer humblement mais courageusement, sans forfanterie mais sans honte non plus. C’est peut-être notre mission en ce monde, même si nous devenons un petit reste. Porter cette espérance pascale, c’est un beau service à rendre à toute l’humanité.

Mais le dire ne suffit pas. Il faut le vivre pour pouvoir le montrer et peut-être donner envie d’y croire. Dès ici-bas, dès maintenant, il y a une manière ressuscitée d’exister en ce monde, il y a une façon pascale d’être des humains. Tout l’évangile nous y invite, et nous recevons les grâces pour cela, par l’Esprit Saint.

Parce que notre vie comme notre mort est suspendue à l’évènement de Pâques, nous pouvons exister pleinement sur cette terre en fixant notre regard sur les réalités d’en haut, celles qui donnent sens à la vie, qui dessinent l’avenir de l’humanité, qui impactent le destin de l’univers lui-même.

Quand quelqu’un se laisse « pâquer » avec le Christ, il revoit son échelle des valeurs : l’être avant le paraître, la générosité plutôt que l’accumulation des avoirs, l’attention aux plus pauvres et aux plus souffrants plutôt que la jouissance égoïste de son petit bonheur dans son coin.

Et puis s’engager, autant que possible, chacun selon ses moyens et capacités, pour transformer notre société afin qu’elle ressemble, au moins un peu, au royaume qui nous attend, à savoir celui de la fraternité universelle dans la justice et dans la paix.

Sans oublier que l’Eglise est et doit être une famille pascale dans laquelle nous anticipons, par nos relations et par nos engagements, l’ambiance promise dans le royaume de Dieu. Oui, une Eglise de l’unité retrouvée, avec des communautés un peu plus chaleureuses, dans lesquelles hommes et femmes –comme au jour de la première Pâques – collaborent étroitement pour annoncer joyeusement la bonne nouvelle du salut.

Fêter Pâque, c’est beau, c’est joyeux. Vivre Pâques, c’est encore plus beau, c’est heureux, en faisant des heureux. Car finalement, si nous basculerons un jour dans le royaume par la grande attraction de l’amour divin, ce même amour peut déjà inspirer et dynamiser notre vie d’aujourd’hui. Toujours miser sur l’amour : c’est ça Pâques.

Semons des graines de Pâques tous les jours, et notre monde aura peu à peu l’allure d’un jardin du royaume.

                                                                       Claude Ducarroz


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