dimanche 8 avril 2018

Homélie 2ème dimanche de Pâques

HOMELIE
2ème dimanche de Pâques 2018

C’est la noce à Thomas… et nous y sommes aussi.
Car derrière les figures et les évènements décrits dans cet évangile, se cache le miroir de l’Eglise…que nous sommes.
Cette première Eglise a commencé par s’enfermer dans la peur, portes closes et même verrouillées. C’est le ghetto religieux, la forteresse assiégée « par peur des juifs ». Certains diraient plutôt aujourd’hui « par peur des musulmans ».

Heureusement, Jésus, sans enfoncer la porte, vient et il est là au milieu d’eux. Sa fidélité est plus forte que nos peurs. Abondamment, il redonne à ses disciples les cadeaux de sa Pâque : la paix, l’Esprit Saint, le pardon, les conditions de la vraie joie. Non sans leur rappeler qu’il les envoie comme le Père l’a envoyé, jusqu’au bout du monde –les périphéries, dirait le pape François-. Il leur faudra sortir, ce qu’ils feront bientôt sous la poussée de ce même Esprit Saint, le jour de Pentecôte.

Mais chez les Douze comme dans l’Eglise d’aujourd’hui, il y a souvent des absents. On peut même affirmer qu’ils sont largement majoritaires actuellement. Thomas n’est pas là. Il a bien gardé quelques contacts avec les autres apôtres, mais on ne lui fera pas croire n’importe quoi. Ils ont vu le Seigneur ressuscité ? Tant mieux pour eux, mais lui, il ne croira pas, à moins de voir la marque des clous et de toucher le côté blessé de Jésus. Un malcroyant moderne et un homme en plus, un vrai. Il lui faut plus qu’un témoignage, toujours suspect de naïveté religieuse. Il a besoin de preuves tangibles.

Jésus est bien patient et bien bon. Il répète pour Thomas la scène du soir de Pâques, tout en s’adaptant au dur à cuire qu’était cet apôtre. Car l’évangélisation peut comporter des étapes. Il invite Thomas à le toucher, tout en lui proposant de baisser sa garde : « Cesse d’être incrédule. Sois croyant. »
Il se produit alors ce qui arrive encore souvent aujourd’hui. Touchés par la grâce, les plus durs à croire deviennent parfois les plus croyants, une fois passée la crise de… foi. Mieux que d’autres, l’ex-incroyant devenu croyant exprime la foi de l’Eglise concernant le mystère du Christ : « Mon Seigneur et mon Dieu. » Ce qui lui vaut une béatitude personnalisée : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Oui, il peut, il doit y avoir un bonheur à croire, même si l’on ne voit rien ou pas grand’chose. Car le Seigneur continue de nous faire signe, avec l’espoir que les chrétiens deviennent eux-mêmes des signes invitant les autres à croire, même avec quelque retard à l’allumage, comme ce fut le cas pour Thomas. Il y a tellement de Thomas en attente dans notre monde.
Quels signes Jésus continue-t-il de nous adresser aujourd’hui comme au temps des apôtres, à nous qui sommes son Eglise en notre temps ?
A la fin de l’épisode de Thomas, l’évangéliste rappelle que beaucoup de signes sont consignés dans un certain « livre », à savoir la Parole de Dieu mise par écrit, qu’il nous faut lire, méditer, mettre en pratique.
Et puis, dans ce même passage, il y a place pour deux sacrements. D’abord le pardon des péchés, sous diverses formes, pour nous rendre la paix du cœur et de la conscience. Et puis l’eucharistie, ce mystère par lequel, d’une certaine manière, nous touchons le corps du Christ, comme Thomas l’a fait, ou plutôt nous nous laissons toucher par Jésus en son corps et en son sang, la plus belle preuve de son amour.
Mais après cela, et bien d’autres grâces encore, comment devenir nous-mêmes des signes qui font signe ? Les deux autres lectures de cette messe répondent à cette question.
D’abord tenir bon dans la foi, courageusement. Pas de manière arrogante, mais sans en avoir honte non plus. Car, nous rappelle l’apôtre Jean, qui donc est le vainqueur du monde ?– le monde qui s’oppose à Dieu-, c’est celui qui croit que Jésus est le fils de Dieu. Oui, une foi forte mais humble, en dialogue avec les incroyants ou les croyants d’autres religions, comme nous y invite aussi le pape François.

Et puis, il y a la vie très concrète, pour que notre foi ne se réduise pas à de pieuses déclarations théoriques.
La qualité de l’ambiance que l’on trouve dans les communautés chrétiennes doit plaider pour la vérité de l’évangile.
« La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme », rapporte l’auteur des Actes des Apôtres. Et ça va loin, puisqu’il est précisé : « Personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. » C’est ce qui conférait au témoignage des disciples une grande puissance, car cette solidarité leur permettait de distribuer en fonction des besoins de chacun.
Il n’y a pas de communauté chrétienne crédible sans l’esprit de partage et d’entraide, preuves d’une vraie fraternité, dans et hors du cercle des croyants.
Sans oublier la promesse pascale répétée à la fin de l’évangile de ce dimanche : «  … pour qu’en croyant, vous ayez la vie en vous. »


Claude Ducarroz

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