mardi 2 avril 2019

Abus: de la reconnaissance à la renaissance

Crise du clergé De la reconnaissance à la renaissance Y en a marre ! Ne pourrait-on pas parler aussi d’autre chose ? Face à la crise des abus, je perçois une sourde amertume parmi les prêtres qui se sentent enfermés derrière les barreaux d’une mauvaise (et injuste) réputation. Les fidèles aspirent aussi à passer plus loin, vers des horizons plus constructifs. Soyons réalistes : nous n’avons probablement pas fini avec des révélations écoeurantes, et il nous faudra encore longtemps assumer la responsabilité de soutenir les victimes qui, elles, continuent de souffrir. Mais tout cela doit nous inciter à en tirer des leçons en vue d’un avenir plus évangélique pour notre Eglise. Regardez autour de vous. La grande majorité des prêtres sont et demeurent fidèles au poste. Sans doute sont-ils des humains avec leurs fragilités. Ils sont aussi des chrétiens « pauvres pécheurs », adossés à la miséricorde de Dieu. Mais ils accomplissent leurs tâches au plus près de leur conscience, appuyés sur leur foi et sur les soutiens du peuple de Dieu. Ne méritent-ils pas un brin de reconnaissance, au double sens de ce mot : les reconnaître en ce qu’ils sont et avoir de la reconnaissance pour ce qu’ils font, « à cause de Jésus et de l’Evangile » (Mc 10,29) ? Et pourtant il faut aller plus loin. Je rêve que notre pape convoque un synode universel pour remettre sur la table de l’Eglise toute la problématique des ministères. Qu’il l’annonce le Jeudi-saint, le jour où, selon la tradition, Jésus a institué les ministères ordonnés, en indiquant dans quel esprit il fallait les exercer, soit en lavant les pieds des autres au lieu de jouer aux seigneurs et aux maîtres cléricaux. Et que cette renaissance théologique et spirituelle soit encadrée par une meilleure considération de tous les autres ministères, exercés par tant d’autres serviteurs et servantes de l’Evangile. Je perçois deux conditions pour le succès d’une telle aventure Il faut d’abord que le peuple de Dieu puisse s’exprimer dans l’esprit de ce qu’a dit le concile Vatican II : « Que les évêques accordent attention et considération dans le Christ aux essais, vœux et désirs proposés par les laïcs », ceux-ci ayant « la faculté et même le devoir de manifester leur sentiment en ce qui concerne le bien de l’Eglise ». (Lumen gentium no 37). Nos évêques sont-ils disposés à écouter ce que pensent les « simples fidèles » ? A vérifier ! Enfin, il faut qu’un tel synode puisse débattre des ministères sans tabou. Si l’on commence par proclamer qu’il est exclu de remettre en cause l’obligation universelle du célibat pour les prêtres de l’Eglise latine, si l’on est complètement allergique à la moindre allusion aux ministères féminins, même ordonnés, alors on risque de tourner en rond au lieu de repartir des sources bibliques et de prendre en compte les signes de notre temps, dans l’Eglise et dans la société. Une chose est certaine. Pour notre Eglise, sur le thème des ministères, il est urgent d’agir. Claude Ducarroz Cet article a paru dans La Liberté du 3 avril 2019 p. 8

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