Noël sans Noël ?
Pauvre
Noël ! Attaquée de toutes parts, que va-t-il rester de cette fête exsangue ?
L’assaut
a déjà commencé juste après la Toussaint. Le rouleau compresseur du
consumérisme a passé par là, à grand déploiement de publicités toujours plus
sophistiquées, toujours plus agressives. Le black friday a pris le relai, puisqu’il
faut surtout acheter à prix réduit le maximum d’objets dont on n’a pas besoin.
Le Père Noël, bedonnant sous ses faux airs de grand-père sympa et surtout gavé,
occupe maintenant le terrain, en faisant une concurrence peu loyale au saint
Nicolas plus maigre et plus religieux. Même les militants de la nouvelle vague
verte sont partis en guerre. Il faudrait supprimer Noël pour éviter la surconsommation
éhontée, ouvrir l’ère bénie de la décroissance et sauver la planète par une
sainte austérité. Bien sûr, dans les écoles, certains continueront vaillamment
à évoquer Noël, ne serait-ce que pour remplir un devoir d’information
culturelle auprès des bambins. Mais ils sont avertis : pas question de
parler de Jésus ni de placer l’Enfant de Bethléem dans la crèche. Ce serait
contrevenir à la sacrosainte « neutralité religieuse » qui impose désormais
de respecter les autres religions et les sans-religion… en ignorant le
christianisme évidemment.
Nous
en sommes là. Mais pas de panique.
Il
faut aussi reconnaître qu’à l’occasion de ces Noëls sans vrai Noël, des valeurs
« chrétiennes » semblent se réveiller et inspirer d’innombrables
personnes dont beaucoup n’ont plus rien à voir avec la religion, et encore
moins avec les Eglises. Ne serait-ce pas du « christianisme anonyme »,
à savoir l’imprégnation, par osmose discrète, de sentiments et d’actions qui
fleurent bon l’évangile ? Tiens ! Sans vouloir tout récupérer au
bénéfice de notre religion, il n’est pas indifférent que, justement à
l’occasion des fêtes de Noël, des gens se mettent à penser davantage aux
pauvres et aux oubliés, à vouloir visiter des malades et personnes âgées, à offrir
des cadeaux pour faire plaisir gratuitement, à revisiter des églises, etc… Il
doit bien y avoir quelque part du Noël là-dedans, même si l’on n’y pense plus
guère.
Et
puis Noël, le vrai, selon l’évangile : personne ne pourra jamais l’effacer
complètement. Car celui-là est toujours bien présent. Un couple de pauvres en
déplacement forcé ? On en voit tous les jours. Des voyageurs démunis
constatant qu’il n’y avait plus de place pour eux dans l’hébergement
public ? N’en avez-vous jamais rencontrés ? Des bergers –gens
modestes et souvent méprisés- plus disponibles que beaucoup d’autres quand ils
ont l’occasion d’entendre une « bonne nouvelle de salut » et de
chanter les louanges de Dieu : j’en connais beaucoup autour de moi. Et
même des anges, sans ailes, mais tellement prompts à rendre service de bon cœur
et à secourir en priorité les plus souffrants de notre monde. Gloire à Dieu,
paix sur la terre !
Et
n’oublions pas le plus Noël des Noëls. Là, au cœur de l’eucharistie - à minuit
ou plus tard -, n’est-ce pas Noël quand le Seigneur Jésus se fait tellement
petit –un morceau de pain- pour venir habiter réellement l’humble crèche de
notre cœur, de notre foi et même de notre corps ? Pour notre joie !
Ce
Noël là, jamais personne ne pourra nous l’enlever. Et c’est lui qui illumine et transfigure tous
les autres.
A paru sur le site www.cath.ch Claude
Ducarroz
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire