mercredi 4 décembre 2019

Pour + Béatrice Jubin

Homélie

+Béatrice Jubin

Elle s’appelait Béatrice, ce qui veut dire « la bienheureuse ». Et elle l’était, mais attention ! à sa manière. Heureuse en faisant des heureux. Ca, c’était tout Béatrice. Sans oublier son si joli nom…Fleury ! Tout un jardin fleuri !

Oui, heureuse en faisant des heureux ! Je le savais, mais je l’ai encore mieux saisi, cher Paul et chère Marie, en vous écoutant parler de votre épouse et de votre maman, avec aussi l’écho des petits enfants.
Et ils sont nombreux parmi nous, venus d’ici et d’ailleurs –et notamment du Jura, et aussi de très loin-  celles et ceux qui pourraient en rajouter, en toute sincérité.

C’est pourquoi cet Adieu prend d‘abord la forme du merci, chère Béatrice, pour tout ce que tu fis, et surtout ce que tu fus, au milieu de nous, avec nous, pour nous.
Béatrice, c’était un amour sans barrière et sans frontière. Un amour à trois dimensions.

La première est plutôt intime. C’est sa tendresse pour vous, sa famille. Vous allez garder dans vos souvenirs tant de gestes et de paroles qui vous ont aidés à grandir, à devenir meilleurs, et cela à l’ombre chaleureuse de sa douce présence, pleine de gentillesse, de générosité et d’humour.



Nous vous laissons avec respect, dans le silence ou dans le partage, le beau devoir de conserver cette mémoire, de la ranimer dans vos rencontres, d’en faire une compagne de votre pèlerinage en humanité. Je pense aussi à vous, les petits-enfants Ioannis et Léa.
« Heureusement que Béatrice était là », m’as-tu avoué, cher Paul, en évoquant ta longue vie. Elle m’a aimé, elle m’a vivifié, elle m’a aussi corrigé. 57 ans de mariage, et Marie en cadeau. Merci Béatrice.

Mais Béatrice était aussi programmée pour d’autres horizons, plus larges. A partir de son Jura natal –où elle a perdu sa mère à l’âge de 11 ans-, elle s’est laissé entraîner de bon coeur, main dans la main avec le Paul, vers le vaste monde de la solidarité, chez nous et aussi ailleurs, dans l’univers du développement intégral.
Elle n’a pas seulement suivi, elle a participé, humblement, mais avec une si belle empathie.

Séjour à la Réunion durant trois ans, puis partenaire de l’activité de Paul au service de Frères sans Frontières, puis de l’Action de Carême suisse, et aussi par ses propres activités professionnelles dans l’EMS des Chênes : on peut dire vraiment qu’elle a passé en faisant le bien, beaucoup de bien, sans élever la voix, mais en laissant parler son cœur toujours grand ouvert. Encore une raison de plus de lui redire merci.

Il y avait en Béatrice une troisième dimension, toujours dans le registre de l’amour, mais celle-là, en débouchant sur le mystère le plus profond de sa riche personnalité.


Béatrice était une croyante, une priante, une pratiquante de l’Evangile. C’est à partir de cet Evangile, souvent creusé avec d’autres, qu’elle « faisait Eglise », en conservant une liberté critique, sans cesser d’être en communion, comme il convient aux adultes dans la foi.

Car chez elle la spiritualité irriguait une vie « les pieds sur terre ». Dans ses eucharisties, les fruits de la terre et du travail des hommes et des femmes gardaient toute leur saveur humaine, y compris quand l’Esprit venait les transformer en repas du Seigneur de Pâque.

Et justement, c’est maintenant la grande invitation pascale. Puisque Dieu nous aime toujours le premier, et ne peut jamais cesser d’aimer, de nous aimer, même si nous sommes tristes évidemment, nous laissons Béatrice rejoindre la maison de famille universelle, à la mesure de l’Amour majuscule de notre Dieu, là où il y a de la place pour beaucoup de monde.

Béatrice a trouvé sa place. Elle lui était réservée, dans le cœur même de Dieu, tout en demeurant encore dans le nôtre, puisque l’amour, même dans l’épreuve de l’absence visible, allume des communions qui ne s’éteignent jamais. Sur terre comme au ciel.

Elle était Béatrice, bienheureuse en faisant des heureux, nous par exemple. Elle est maintenant encore plus Béatrice. C’est Dieu lui-même, en l’accueillant chez lui, qui la rend bienheureuse pleinement et pour toujours.

A Dieu, Béatrice !

                                               Claude Ducarroz


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