mardi 11 février 2020

Reste la beauté

…et il reste la beauté !

            L’hiver, c’est froid, c’est humide, c’est gris, c’est long. Surtout quand il manque la neige qui devrait ajouter un brin de poésie sur ces paysages mornes et dénudés. Vivement le printemps ! Mais il ne s’agit pas de déprimer en attendant. Merci pour le conseil, car j’allais l’oublier : il reste toujours la beauté, celle qui est « hors saison », autrement dit : de toutes les saisons.

            Dans la nature d’abord. Sous le soleil -même quand il est un peu pâlot- campagnes, lacs et montagnes chantent encore le charme discret de la vie. Des écharpes de nuages peuvent essayer de camoufler nos glaciers, des trouées de lumière ne les rendent que plus sublimes. Et dans le jardin de la voisine, des légumes d’hiver montent la garde comme des soldats de l’espérance invincible. Il y a encore des réserves de féérie dans notre univers glacé.
            Et puis vient la culture, quand les sons de la musique, les couleurs des peintures et les subtilités des nourritures terrestres collaborent à l’enrichissement de l’esprit et à l’enchantement de l’âme. Un concert, et tout est réparé. Une exposition, et tout est transfiguré. Une lecture, et tout est compensé. Il y a de la pâque dans les yeux, dans les oreilles, dans le cœur. On survit ou on revit à un autre niveau. Merci, les artistes !
            Il y a surtout les relations humaines. Dans la bonté, il y a toujours aussi de la beauté. Ce papa dans le train qui berce son enfant, cette caissière de magasin qui répète à chacun avec le sourire un bonjour non commercial, ce couple d’aînés qui se donnent la main comme au premier jour, ces jeunes qui défilent pour le climat en criant des slogans chauds : qu’y a-t-il de plus beau que des humains liés et reliés par l’amour ou l’amitié de petite monnaie ?

            Et dans l’Eglise, me direz-vous ? C’est un peu l’hiver de la nuit et du brouillard si l’on en croit certains médias friands de gros titres noirs. Il faut le reconnaître : notre Eglise ne respire pas la beauté dans les images qu’elle donne actuellement d’elle-même, ou celles qu’on se plaît à lui renvoyer. Mais là aussi, il faut creuser plus profond, peut-être en fermant les yeux.
            Qui dira la beauté du chrétien qui prie dans le silence d’une église habitée par le Christ-Eucharistie ? Qui comprendra le geste de celui ou celle qui va visiter des personnes âgées au nom de sa foi humaine et chrétienne ? Qui saura jamais ce qui veille et vibre au cœur de nos liturgies, que ce soit dans la splendeur des rituels solennels ou dans la simplicité des recueillements discrets ? Qui verra le scintillement des yeux penchés sur la page biblique quand la Parole se révèle dans la divine surprise d’un verset qui redit l’Amour incarné ? Qui mesurera l’émotion du croyant soudain bouleversé lorsque retentit le Requiem de Mozart ou resplendit l’Annonciation de Giotto ?
            Ainsi s’avance l’Eglise en boitant, celle des hommes et des femmes de foi, d’espérance et d’amour, qui re-boivent sans cesse aux sources de l’Esprit et ruminent à nouveau l’Evangile de l’humble beauté christique.

            Puisque tout est Grâce, tout peut aussi devenir Beauté.

                                                                                  Claude Ducarroz
A paru sur le site  cath.ch





                                                                                               

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