samedi 30 janvier 2010

Homélie pour l'Unité des chrétiens

Homélie
Dimanche de l’unité des chrétiens

Ca tient du miracle! C’est pourquoi il faut y tenir fermement. Et j’y tiens. Durant des siècles, la Bible a séparé, divisé et opposé catholiques et protestants. Jusqu’à se faire la guerre.

“La Bible, rien que la Bible, c’est pourquoi nous avons raison contre vous”, clamaient les protestants.

“Attention à la Bible, ça peut être un livre dangereux, à ne pas mettre entre toutes les mains, et surtout pas celles des laïcs ”, ont réagi les catholiques obsédés par les dérives des interprétations contradictoires ou fantaisistes.

Aujourd’hui – merveille - la Bible nous réunit, nous rassemble, peu à peu nous réconcilie. Elle est notre trésor commun qui nous révèle tous les autres et nous y conduit

Les textes de ce dimanche illustrent parfaitement - et surtout encouragent – ces progrès oecuméniques dont nous sommes les témoins heureux, dont nous devons être les acteurs toujours plus enthousiastes.

Les juifs exilés à Babylone ont pu rentrer en Israël grâce à l’édit de Cyrus en 538 av. J-Christ. La cohabitation avec les juifs restés sur place à Jérusalem n’est pas facile. On a de la peine à se comprendre, à s’accepter, à vivre ensemble. Il faut donc refaire l’unité d’un peuple guetté par des réflexes d’exclusions.

Comment faire ?

Néhémie le gouverneur et Esdras le prêtre ont trouvé la parade : rassembler les uns et les autres autour de la Parole biblique dans une belle et émouvante liturgie, une fête de la Bible.
Et là, tout y est.

On lit la Parole, mais on la traduit aussi pour que chacun comprenne dans sa langue. On en donne le sens pour l’expliquer juste. Et surtout pour lui permettre de devenir féconde dans la vie des personnes et la vie du peuple tout entier, appelé à relever de nouveaux défis. Et le tout dans la joie, avec un festin des retrouvailles, bien arrosé.

C’est un peu cette même expérience que le jeune Jésus fait dans la synagogue de son village, à Nazareth. Appelé à ouvrir le livre et à proclamer la Parole, il interprète l’oracle libérateur du prophète Isaïe, et il ose même dire :
« Cette parole de l’Ecriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Oui, l’actualité de cette parole, avec des conséquences religieuses – il est le consacré par l’onction de l’Esprit – Saint – mais aussi des répercussions sociales et politiques – libérer les prisonniers et les opprimés, en même temps qu’annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux malades de toutes sortes.

La mission du Christ-Messie est devenue la mission de l’Eglise aujourd’hui, notre mission. C’est pour cela – comme le rappelait l’apôtre Paul aux Corinthiens – qu’il y a dans l’Eglise toutes sortes de vocations et de services, comme il y a dans un même corps plusieurs membres, tous utiles, et complémentaires les uns des autres. Dans notre Eglise, on a beaucoup insisté sur les apôtres et leurs successeurs. Mais il ne faudrait pas oublier les prophètes, ceux et celles –car il y a beaucoup de femmes- qui nous réveillent, nous dérangent, nous agacent peut-être parce qu’ils nous bousculent dans nos habitudes et traditions. Ils nous invitent à ne pas tricher avec l’Evangile au cœur de notre société et jusque dans nos communautés d’Eglise.

Les apôtres de l’œcuménisme font partie de ces prophètes nécessaires parce que stimulants. Comme au retour de l’exil en Israël, comme Jésus dans son fief de Nazareth, ils nous proposent instamment, chrétiens de confessions différentes, de nous rassembler dans la prière autour de la Parole de Dieu et de l’étudier ensemble, et de nous retrouver plus forts et plus unis pour la mettre en pratique dans nos Eglises et dans notre société, comme un levain dans la pâte humaine. C’est le sens, entre autres, du prochain Festi Bible œcuménique qui animera Fribourg au prochain Jeûne Fédéral. Vous êtes d’ores et déjà invités. Qu’on puisse dire ce jour-là, mais aussi tous les autres jours :
« Cette parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ».

Et qu’en voyant tous les chrétiens en pèlerinage de réconciliation, tous puissent déjà proclamer « Voyez comme ils s’aiment ! »

Claude Ducarroz

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