Homélie du 20ème dimanche C
Finies, les vacances ! Les textes de la
liturgie de ce dimanche nous parlent tous de travail, d’efforts et même de
souffrances. Ils invitent les chrétiens à être des combattants.
* Parce qu’il dérangeait par ses prédications et
ses prédictions, le prophète Jérémie a été jeté dans une citerne pleine de
boue.
* L’épître aux Hébreux nous propose de fixer
nos yeux sur le Christ qui a enduré l’humiliation de la croix et l’hostilité
des pécheurs avant de s’asseoir à la droite de Dieu.
* Enfin, Jésus lui-même nous avertit que,
finalement, il est venu mettre sur la terre la division plutôt que la paix,
même si le fait de prédire une certaine hostilité entre la belle-mère et la
belle-fille n’a rien de très original.
Que la vie chrétienne, quand elle se veut
fidèle au message de Jésus, soit une lutte : est-ce que ce n’est pas
évident, est-ce que nous n’en faisons pas l’expérience ? Ou alors
serait-ce que nous sommes des chrétiens en chaise longue, qui prolongent indéfiniment
leurs vacances spirituelles, qui se sont mis, plus ou moins, en congé de
l’évangile ?
* Lutter pour la foi. Nous constatons bien,
chez nous aussi, que le peuple des croyants diminue au point de devenir ce que
Jésus appelait un « petit troupeau », parfois un peu perdu dans la
masse de ceux qui doutent, qui décrochent, qui s’opposent, qui nient, renient,
dénient.
* Lutter pour l’espérance. Au cœur d’une
civilisation qui fournit tant d’anesthésiants pour tromper en nous la faim et
la soif de vie éternelle, nous passons pour des rêveurs naïfs quand nous osons
encore parler d’au-delà et de résurrection.
* Lutter pour la charité. Si notre humanité a
multiplié les moyens de vivre, a-t-elle élargi nos cœurs dans le sens d’une
société où chaque être humain, quel qu’il soit, pourrait avoir le minimum pour
vivre dignement ? Nos démarches de solidarité et de partage nous semblent
si souvent des gouttes d’eau dans un océan de misères, de violences et
d’injustices insurmontables.
Le tableau est bien sombre, me direz-vous. Vous
nous menez droit dans le mur de la dépression, du découragement, de la
démission.
Alors regardons les
textes de plus près.
* Face au sort injuste et cruel du prophète
Jérémie, quelqu’un s’est levé courageusement pour demander justice et
compassion. C’était un officier étranger et païen.
* En fixant notre regard sur Jésus, l’auteur de
l’épître aux Hébreux nous incite à ne pas céder au découragement parce que le
Christ crucifié est aussi le ressuscité.
* Si Jésus, inévitablement, suscite la division
en se proposant à notre liberté, il apporte aussi une paix contagieuse dans le
cœur de celles et ceux qui veulent bien le suivre sur son chemin pascal.
Un chrétien sera toujours dans une situation
difficile, fragile, inconfortable. A cause de ses propres faiblesses humaines
et à cause d’un monde qui ne vit pas toujours –peut-être même pas souvent- sur
la longueur d’onde de l’évangile. Mais il tient bon, malgré ses limites, parce
qu’il croit, parce qu’il sait, parce qu’il expérimente qu’il n’est pas seul
dans son combat.
* Il y a d’abord ce Jésus qui a ouvert devant
nous le chemin de la vraie vie humaine, selon le rêve de Dieu, qui veut
finalement notre bonheur dans le plein exercice d’un amour à l’image du sien.
Et qui ne cesse de venir à notre rencontre par sa parole, par ses sacrements,
par le don intime de son Esprit.
* Il y a aussi cette « foule immense des
témoins » dont nous parle l’épître aux Hébreux. On peut penser à ceux qui
nous ont précédés, par exemple celles et ceux qu’on appelle les saints,
canonisés ou non. Ils nous prouvent qu’il est possible de vivre vaillamment en
ce monde tel qu’il est, en trouvant la bonne lumière pour éclairer nos sentiers,
en misant sur l’amour pour être heureux et faire des heureux, en maintenant le
cap de l’espérance en la vie éternelle.
* Heureusement, il y a des témoins qui vivent
encore aujourd’hui au milieu de nous et qui nous donnent la main, dans notre
Eglise, comme par exemple actuellement le pape François. Mais il y en a aussi dans les autres Eglises,
dans les autres religions et même parmi celles et ceux qui se prétendent sans
religion, mais qui sont des hommes et des femmes de bonne volonté, cohérents
avec leurs convictions humanistes, courageux dans leurs engagements pour la
promotion de la justice, de la solidarité et de la paix en ce monde. Dieu
reconnaîtra les siens !
Finalement, ce que le Christ nous demande,
c’est de lui faire confiance et de nous investir pour les autres. Pour, et non
pas contre.
* Oui, lutter avec l’Esprit du Christ, mais
pour une meilleure humanité.
* Oui, combattre, mais avec les seules armes de
l’amour, de la générosité, du don de soi, comme Jésus. C’est d’ailleurs en ce
faisant que nous trouverons notre bonheur, déjà en ce monde et plus encore dans
l’autre.
Wath else ?
Claude Ducarroz
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