Lisez l’encyclique sur la lumière de la foi
Benoît XVI et le pape François se sont mis
ensemble pour nous offrir une belle réflexion sur la foi. Et ça vaut vraiment
la peine de méditer cette encyclique « à quatre mains », comme on le
dit de certaines sonates pour piano.
Ce qui frappe d’abord, c’est la prise en compte
des idéologies actuelles face à la proposition de la foi. De Nietzsche à
Wittgenstein, on sent que le pape allemand connaît ses classiques
philosophiques. Que nous le voulions ou non, nous baignons dans cette
atmosphère qui situe la foi comme une illusion (no 2) ou un saut dans le vide
(no 3). La réponse papale est sereine et surtout intelligente : la foi
éclaire toute l’existence humaine parce qu’elle vient de Dieu. (no 4). C’est
donc du gagné pour l’homme et son passage sur cette terre.
Si la foi vient du passé (la mémoire des œuvres
de Dieu dans l’histoire, d’Abraham à Jésus), elle ouvre un bel avenir
puisqu’elle promet de nous conduire au-delà de la mort à cause de la
résurrection du Christ. Et dans l’entre-deux, c’est l’aventure d’une communion,
tant la foi est inséparable de l’amour reçu et donné. Retenons cette belle
formule d’un des premiers martyrs chrétiens : « Notre vrai père,
c’est le Christ et notre mère la foi en lui. » (no 5) parce que la foi
chrétienne nous engendre à une vie nouvelle.
« La foi n’est jamais un fait
acquis », nous rappelle le pape. Autrement dit, il faut que ce don de Dieu soit nourri et renforcé
pour qu’il continue à conduire notre marche. (no 6).
Si la foi suppose que l’homme puisse accéder à
la vérité (ch. deuxième), cette même foi a besoin de réentendre les accents de
la Parole qui appelle sans cesse, comme elle l’a fait tout au long de
l’histoire du peuple d’Israël. Une parole d’amour évidemment, puisque l’homme
ne peut croire qu’à celui qui l’aime.
C’est dire aussi qu’on ne peut croire
« tout seul ». La foi se reçoit, s’exprime et se vit en communauté,
dans cette Eglise ainsi décrite par Romano Guardini : « …la porteuse
historique du regard plénier du Christ sur le monde. » (no 22)
C’est dans l’Eglise que la foi trouve et sa
source et sa nourriture. L’encyclique
insiste sur le baptême (nos 41-43) et sur l’eucharistie (no 44), sans oublier
l’importance de la confession de foi par le Credo (no 45) et l’expression de la
prière, par excellence le Notre Père (no 46).
Si la foi nous offre de solides convictions,
elle demeure une continuelle recherche, comme saint Augustin a si bien su nous
le rappeler (nos 33-35) et comme la théologie nous y aide, avec le magistère de
l’Eglise. (nos 36 et 49)
On pourrait croire que la foi est une affaire
tellement personnelle qu’elle devient intimiste. Il n’en est rien. Croire au
Dieu de Jésus-Christ change aussi notre regard sur le monde et influence nos
pratiques dans la société, y compris dans la vie de famille et notamment dans
les temps d’épreuves et de souffrances. (ch. quatrième).
Nous avons sûrement besoin de modèles et
d’accompagnants pour vivre la difficile aventure de la foi. Alors, nous
recommande le pape, « tournons-nous vers Marie, mère de l’Eglise et mère
de notre foi » (no 60), et nous serons plus forts pour témoigner de cette
foi, avec toute l’Eglise, dans le monde d’aujourd’hui.
Claude
Ducarroz
Pape François
La lumière de la foi Documents
d’Eglise Bayard Editions 2013
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