Très
bien ! Mais il y a mieux…
Comment ne pas applaudir des deux mains :
enfin le pape de Rome et le patriarche de Moscou se rencontrent. Il n’est
jamais trop tard pour bien faire ! Après l’émouvant dialogue entre le pape
Paul VI et le patriarche œcuménique Athénagoras –c’était les 5 et 6 janvier
1964 à Jérusalem-, beaucoup avaient espéré qu’un tel exemple d’œcuménisme
serait bientôt suivi par la rencontre entre le pape et le patriarche de toutes
les Russies, chef de la plus importante Eglise orthodoxe. Et puis rien, ou
presque : des visites de « numéros deux », des dialogues souvent
interrompus, des rumeurs plusieurs fois démenties.
Ce n’est pas un secret : les obstacles dirimants
étaient dressés par Moscou et non par le Vatican. Cette fois semble la bonne. François
et Cyrille vont enfin se regarder les yeux dans les yeux, se donner une main
fraternelle et peut-être s’embrasser. C’est tout le bien que leur souhaitent
les partisans et artisans de l’oecuménisme.
Je ne puis m’empêcher de le penser. C’est bien,
mais pour une rencontre dite « historique », il y a mieux. Ils
auraient pu s’accueillir chez eux, ou par exemple à Vienne, une cité très
sensible au dialogue entre l’Eglise catholique et l’orthodoxie. Non ! C’est
à Cuba, grâce à l’hospitalité d’un président communiste, dans une salle de
l’aéroport. Ils auraient pu prendre le temps du dialogue en profondeur et d’une
longue célébration en public. Non ! Deux heures seulement, au
chronomètre, entre deux avions. Ils vont échanger des cadeaux et faire une déclaration
commune. Tant mieux. Mais y aura-t-il dans leurs gestes et leurs dires de quoi booster
le rapprochement entre les deux poumons de l’Eglise, comme nous l’attendons
depuis si longtemps ? Nous prions
pour cela.
On cherche des prophètes audacieux, surtout
parmi nos hiérarques. Quand Pierre et Paul affrontèrent de sérieuses causes de
conflits, avec la menace de graves divisions, ils se rencontrèrent une première
fois à Jérusalem (Cf. Actes 15) et une seconde fois à Antioche (Cf. Galates 2).
Pas à la sauvette, en petit comité, mais « avec l’accord de toute
l’Eglise, des apôtres et des anciens » (Ac 15,22), dans un débat ouvert,
avec le soutien de la prière au Saint Esprit. Et l’unité fut rétablie dans une
saine et sainte diversité.
Ah ! si
l’aéroport de La Havanne pouvait avoir des airs de Cénacle !
Claude Ducarroz
Article publié
sur cath.ch
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