mardi 9 février 2016

L'oecuménisme entre deux avions

Très bien ! Mais il y a mieux…

Comment ne pas applaudir des deux mains : enfin le pape de Rome et le patriarche de Moscou se rencontrent. Il n’est jamais trop tard pour bien faire ! Après l’émouvant dialogue entre le pape Paul VI et le patriarche œcuménique Athénagoras –c’était les 5 et 6 janvier 1964 à Jérusalem-, beaucoup avaient espéré qu’un tel exemple d’œcuménisme serait bientôt suivi par la rencontre entre le pape et le patriarche de toutes les Russies, chef de la plus importante Eglise orthodoxe. Et puis rien, ou presque : des visites de « numéros deux », des dialogues souvent interrompus, des rumeurs plusieurs fois démenties.

Ce n’est pas un secret : les obstacles dirimants étaient dressés par Moscou et non par le Vatican. Cette fois semble la bonne. François et Cyrille vont enfin se regarder les yeux dans les yeux, se donner une main fraternelle et peut-être s’embrasser. C’est tout le bien que leur souhaitent les partisans et artisans de l’oecuménisme.

Je ne puis m’empêcher de le penser. C’est bien, mais pour une rencontre dite « historique », il y a mieux. Ils auraient pu s’accueillir chez eux, ou par exemple à Vienne, une cité très sensible au dialogue entre l’Eglise catholique et l’orthodoxie. Non ! C’est à Cuba, grâce à l’hospitalité d’un président communiste, dans une salle de l’aéroport. Ils auraient pu prendre le temps du dialogue en profondeur et d’une longue célébration en public. Non ! Deux heures seulement, au chronomètre, entre deux avions. Ils vont échanger des cadeaux et faire une déclaration commune. Tant mieux. Mais y aura-t-il dans leurs gestes et leurs dires de quoi booster le rapprochement entre les deux poumons de l’Eglise, comme nous l’attendons depuis si longtemps ?  Nous prions pour cela.

On cherche des prophètes audacieux, surtout parmi nos hiérarques. Quand Pierre et Paul affrontèrent de sérieuses causes de conflits, avec la menace de graves divisions, ils se rencontrèrent une première fois à Jérusalem (Cf. Actes 15) et une seconde fois à Antioche (Cf. Galates 2). Pas à la sauvette, en petit comité, mais « avec l’accord de toute l’Eglise, des apôtres et des anciens » (Ac 15,22), dans un débat ouvert, avec le soutien de la prière au Saint Esprit. Et l’unité fut rétablie dans une saine et sainte diversité.

Ah ! si l’aéroport de La Havanne pouvait avoir des airs de Cénacle !

Claude Ducarroz
Article publié sur  cath.ch




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