La Parole pour tous
Luc 4,21-30
Et si on le gardait chez nous, rien que pour
nous ?
La tentation était forte. Il avait accompli des
merveilles chez les voisins, à Capharnaüm.
Il venait de faire très bonne figure au culte de la synagogue, non sans
quelque audace puisqu’il a même prétendu que la parole proférée se réalisait
maintenant, là, au milieu d’eux, pour eux. Etonnante démonstration ! Même le
fils d’un modeste charpentier peut faire une belle carrière religieuse. Et le
voilà qu’il casse l’ambiance en disant qu’aucun prophète ne trouve bon accueil
dans son pays. C‘est précisément ce qu’ils vont lui faire savoir en le chassant
hors de sa ville.
Que
s’est-il passé ? C’est que ce Jésus de Nazareth, même s’il pouvait compter
sur quelques admirateurs, ne voulait pas se laisser capter par ceux qui étaient
captivés par ses paroles. Même ses proches, sa famille, ne parviendront jamais
à le retenir rien que pour eux. Car il y a en lui bien plus que des paroles de
grâce sortant de sa bouche pour l’édification du public. Il est la Parole, le
dernier mot de Dieu en ce monde et pour ce monde. Une Parole pour tous, que
rien ne peut arrêter, que personne ne peut accaparer.
Et c’est bien ce que Jésus va leur rappeler en
faisant référence à leur culture biblique. Elie et Elisée furent des grands
prophètes. Ils ont ouvert la voie pour le jeune Messie de Nazareth, celui que
l’Esprit a investi d’une mission unique. Dans ses paroles et ses actes, il doit
exposer la Parole faite chair, il doit guérir et sauver à la face de tous les
peuples. Et s’il faut bien commencer par quelques uns, que ce soit les plus
lointains, comme cette veuve (païenne) de Sarepta, comme ce militaire (païen)
de Syrie. A ceux qui voulaient le chambrer dans le cocon de Nazareth, Jésus
donne rendez vous dans les périphéries de l’humanité où bientôt il enverra ses
apôtres, autrement dit jusqu’à la fin du monde et jusqu’aux extrémités de la
terre (Cf. Mt 28,18-20).
Nous sommes aujourd’hui cette Eglise faite
d’envoyés par Jésus depuis les sources de notre baptême. Nous risquons, nous
aussi, de succomber au syndrome des Nazaréens : garder Jésus et son
Evangile rien que pour nous, et parfois sous le prétexte qu’il faut évidemment
respecter toutes les religions. Chacune n’a-t-elle pas quelque chose de
bon ? C’est vrai, mais il reste que
le cadeau du Christ, plein de lumière et d’amour, est destiné à tous les hommes.
Pourquoi faudrait-il en priver les autres ?
C’est notre témoignage qui peut contribuer à ce
que d’autres aussi puissent mieux l’accueillir en le connaissant davantage. On
appelle cela l’évangélisation. Ni par ruse ni par violence, mais par contagion
de fraternité et rayonnement de vérité. Il y aura peut-être, comme à Nazareth,
quelques furieux. Mais sois sans crainte, petit troupeau, Jésus continuera, en
passant au milieu de nous, d’aller son chemin.
Claude Ducarroz
A paru sur le
site cath.ch
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