Baptême du Christ
Etes-vous connectés ? J’espère que oui. Il
y en a parmi vous qui ne sont pas connectés ? Mais comment faites-vous
pour survivre en ignorant Google, Twitter, Facebook, Skype ? Avez-vous
bonne conscience sans utiliser ni IPhone ni IPad ? Pouvez-vous avoir le
sentiment d’habiter vraiment notre espace et notre temps sans tapoter sur une
tablette ?
Regardez autour de vous, comme ils sont
différents, heureux, bienheureux, ceux qui utilisent l’internet à tort et à
travers ! Et je vous annonce d’ores et déjà la prochaine merveille : la
montre connectée. Le paradis sur terre !
En voilà un qui est particulièrement bien
connecté. Il se présente dans l’évangile de cette fête, au jour de son baptême
par Jean. Jugez-en plutôt :
-
le ciel s’ouvre au dessus de lui…connexion
immédiate avec le royaume des cieux
-
Dieu le Père fait entendre sa voix
avec un message extraordinaire : « C’est toi mon fils. Moi,
aujourd’hui, je t’ai engendré. » Etre engendré par Dieu : quelle
meilleure connexion ?
-
Et le Saint-Esprit s’y met aussi, en
descendant sur Jésus sous la forme d’une colombe.
La communion trinitaire s’exprime, explose
même, dans cet évènement au bord du Jourdain. Elle révèle à la fois la
filiation éternelle du fils de Dieu et la vocation de Jésus de Nazareth, réaffirmée
par Jean-Baptiste devant tout ce peuple en attente. Or cette mission concerne
un baptême, comme il est dit, « dans l’Esprit Saint et dans le feu. »
L’Esprit Saint et le feu : voilà qui nous
renvoie déjà à la Pentecôte, la fondation et l’envoi de l’Eglise. Mais
auparavant, Jésus aura fait allusion à un autre baptême dont il dira qu’il
provoque en lui une angoisse jusqu’à ce qu’il soit consommé (Cf. Lc 12,50). On
l’aura compris : c’est le mystère pascal, le passage par le sanglant
baptême de la croix avant de déboucher sur la gloire de Pâques.
Inséparablement.
Jésus baptisé est venu faire des baptisés
puisqu’il a aussi dit : « Le baptême dont je serai baptisé, vous en
serez aussi baptisés » (Mc 10,39). Avec en plus cette mission rappelée par
Jésus au moment de son ascension : « De toutes les nations, faites
des disciples, baptisez-les en mon nom…Car celui qui croira et sera baptisé
sera sauvé. »
Telle est la connexion trinitaire, comme grâce
puis comme mission, qui nous est offerte dans notre propre baptême.
Branchés sur Dieu, avec en nous l’ADN intérieur
des fils et filles de Dieu à l’image de Jésus, habités par l’Esprit du Père et
du Fils : voilà le mystère qui nous constitue et nous anime, si nous nous
laissons aimer par l’Amour majuscule.
Alors nous voyons la vie autrement. Nous
l’expérimentons non pas comme un destin fatal qui mène à la tragédie de la
mort, mais comme un voyage ici-bas, promis à la rencontre éternelle avec Dieu,
quand il nous dira, comme à Jésus : « Toi aussi, tu es mon fils –ma
fille-. En toi, j’ai mis tout mon amour. »
C’est pourquoi il nous faut bénir en même temps
notre vie et notre baptême, à savoir la vie même de Dieu qui vient s’implanter
au creux de notre existence quotidienne pour en faire éclore les bourgeons et
les fleurs dans les jardins de toutes les fraternités, en attendant la récolte
de tous ses fruits dans les vergers d’éternité.
Les fleurs, ce sont tous nos gestes d’amour,
nos paroles d’encouragement, nos dons et pardons, nos efforts pour la justice
et la paix, nos petits et grands services en direction des plus souffrants et
des plus nécessiteux.
Y compris tout ce que nous faisons,
personnellement et ensemble, pour que l’Eglise puisse continuer vaillamment
d’annoncer et d’expérimenter, ne serait-ce qu’imparfaitement, la joie de
croire, le courage d’espérer, le bonheur d’aimer.
Et les fruits, ce seront la gloire et le
bonheur éternels partagés sans modération dans la chaleureuse lumière du Dieu
vivant.
Voilà le magnifique programme de vie des
baptisés d’eau et d’Esprit, des connectés trinitaires.
Il nous reste à le vivre, avec la grâce de
Dieu, pour que nous puissions, là où nous sommes et comme nous sommes, faire
connaître à d’autres ce mystérieux bonheur.
Et leur donner envie de le vivre aussi, en
humanité fraternelle, en Eglise fervente et unie.
Et le moment venu, en communion parfaite avec
la source de la vie et de l’amour.
Oui, la meilleure connexion : Dieu tout en
tout et en tous.
Claude Ducarroz
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