lundi 4 avril 2016

Annonciation du Seigneur

Annonciation 2016

Dieu aime les femmes. J’espère que ça ne vous étonne pas puisque les femmes sont des hommes comme les autres. Oui, j’ose même l’affirmer : Dieu préfère les femmes. Et en quelques jours, il vient de nous en fournir la preuve ou plutôt deux preuves.

C’était il y a 8 jours. Avec la résurrection du Seigneur, tout a basculé dans la vie, à commencer par la mort désormais vaincue. La nouvelle création a commencé, tout est neuf au matin de Pâques. Quand la puissance de Dieu se met au service de son amour, la merveille éclate devant nos yeux.
D’abord pour Jésus de Nazareth en personne, l’homme nouveau, le vivant à jamais. Et aussi pour nous puisque le Christ nous promet de nous entraîner derrière lui et avec lui dans la vie éternelle.
Et à qui Jésus apparaît-il d’abord, avec le privilège de la première révélation en forme de bonne nouvelle : à une femme, Marie de Magdala, et encore à d’autres femmes avec elle, selon les 4 évangiles.
Et à qui Jésus demande-t-il d’aller annoncer cet Evangile aux apôtres, tous des hommes ? Toujours à cette femme et à d’autres avec elle. L’aventure de l’évangélisation pascale, qui devait gagner le monde entier, -dont nous sommes les bénéficiaires encore aujourd’hui -, Dieu l’a commencée avec des femmes, « les apôtres des apôtres », comme on le dit dans l’Eglise d’Orient.
On peut dire qu’elles l’avaient un peu cherché ou plutôt qu’elles l’avaient un peu mérité. Combien d’hommes fidèles jusqu’au bout au pied de la croix de Jésus, ? et combien de femmes ? Tout est dit.
Et maintenant venons-en à Marie de Nazareth. Elle était aussi au pied de la croix, elle qui entendit Jésus son fils s’adresser spécialement à elle pour lui proposer d’accepter ses disciples -et donc aussi nous- comme ses enfants. Il compta sur sa mère pour qu’elle devienne la nôtre. Et il le lui demanda en l’appelant justement « femme ».

Pâques, c’est le point d’orgue du salut, ce pour quoi Dieu a envoyé son fils dans le monde, afin d’accomplir pleinement sa volonté de miséricorde.

Mais au début, c’est la même méthode, justement avec Marie, encore une femme, la femme. Nous voici à la fête de l’Annonciation.
Du 100% neuf, car tout est grâce. Aucun mérite de personne, mais un pur cadeau d’amour, qui devait prendre forme humaine pour sauver l’humanité, humainement et divinement à la fois. Et déjà là, Dieu commence avec une femme, Marie de Nazareth, celle qui se définissait comme une petite servante.

Surprenante rencontre, mais quel respect, quelle tendresse !
 Dieu sait faire avec les femmes, et spécialement avec cette femme. Dieu est poli. De la part de Dieu, l’ange salue Marie par un souhait de joie et un compliment révélateur.  Comme d’ailleurs Jésus le fera plus tard devant les femmes du jardin de Pâques : Je vous salue !  Et rien que pour Marie : « …comblée de grâce… le Seigneur est avec toi. »
Puis vient  une divine proposition, pas une pesante imposition. L’ange comprend le bouleversement de cette vierge. Il la rassure : « Sois sans crainte, tu as trouvé grâce auprès de Dieu. »

Et vient la promesse du mystère de l’incarnation, le début de la présence humaine du Fils de Dieu dans notre monde. Marie devine l’enjeu d’un tel dessein. Mais elle a le droit de se poser des questions, en femme intelligente et libre. La maternité virginale, ce n’est pas si simple à comprendre, avant de l’accepter. Et l’ange continue ses explications avec une patience toute surnaturelle.

 Quelle délicatesse, toute divine ! Le salut du monde, tout gratuit qu’il est, est suspendu à la foi sincère de cette jeune fille de Nazareth, à la générosité de son cœur, à la disponibilité virginale de son corps, et finalement au libre acquiescement de sa bonne volonté : « Qu’il me soit fait selon ta parole. » Et le Verbe s’est fait chair, et il a planté définitivement sa tente au milieu de nous. Dieu merci. Merci Marie.

Et nous maintenant dans tout cela.
Le mystère de l’incarnation –Dieu fait homme- et le mystère  de la résurrection –l’homme appelé à entrer pleinement dans la vie de Dieu- : ces deux mystères sont solidaires, ils se donnent la main, ils se marient, par exemple dans l’eucharistie, le sacrement de l’alliance nouvelle et éternelle.
 La main de Dieu est d’abord donnée à une femme, et dans les deux cas elle se nomme Marie. Sans compter le passage obligé par le mystère de la croix où ces mêmes deux femmes –celle de Nazareth et celle de Magdala- se retrouvent ensemble et se donnent la main entre elles pour tenir le coup dans la communion au sacrifice de Jésus.

Que de leçons pour nous aujourd’hui !
Combien nous devons avoir un infini respect pour la femme –toute femme- et une immense reconnaissance  pour les femmes, dans l’Eglise et dans la société.

On le voit bien dans notre actualité. Dans un monde de violence meurtrière, souvent fomentée et exacerbée par les hommes, ce sont elles, les femmes, qui protègent la vie en manifestant l’alternative de l’amour et du service, y compris au milieu des champs de ruines ou dans le triste cortège des réfugiés.

Dans nos communautés chrétiennes, où les femmes sont de toute évidence plus nombreuses et plus engagées que les hommes, ce sont souvent des femmes qui assurent la tradition de la fidélité et du dévouement au service de cet évangile de l’annonciation et de Pâques qui constituent le cœur de la vie de l’Eglise.
Nous les prêtres –qui sont tous des hommes dans notre Eglise-, nous le reconnaissons avec admiration et immense gratitude. Que ferions-nous sans toutes les Marie –de Nazareth et de Magdala- qui donnent souvent le meilleur d’elles-mêmes pour que nos communautés vivent et parfois simplement survivent.

Que cette fête de l’Annonciation, tellement en communion avec celle de Pâque, nous aide toutes et tous à boire ensemble aux sources de ces mystères si essentiels, si beaux, si profonds. Si divins et humains à la fois.


Claude Ducarroz

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