Annonciation 2016
Dieu aime les femmes. J’espère que ça ne vous
étonne pas puisque les femmes sont des hommes comme les autres. Oui, j’ose même
l’affirmer : Dieu préfère les femmes. Et en quelques jours, il vient de
nous en fournir la preuve ou plutôt deux preuves.
C’était il y a 8 jours. Avec la résurrection du
Seigneur, tout a basculé dans la vie, à commencer par la mort désormais
vaincue. La nouvelle création a commencé, tout est neuf au matin de Pâques.
Quand la puissance de Dieu se met au service de son amour, la merveille éclate
devant nos yeux.
D’abord pour Jésus de Nazareth en personne,
l’homme nouveau, le vivant à jamais. Et aussi pour nous puisque le Christ nous
promet de nous entraîner derrière lui et avec lui dans la vie éternelle.
Et à qui Jésus apparaît-il d’abord, avec le
privilège de la première révélation en forme de bonne nouvelle : à une
femme, Marie de Magdala, et encore à d’autres femmes avec elle, selon les 4
évangiles.
Et à qui Jésus demande-t-il d’aller annoncer
cet Evangile aux apôtres, tous des hommes ? Toujours à cette femme et à
d’autres avec elle. L’aventure de l’évangélisation pascale, qui devait gagner
le monde entier, -dont nous sommes les bénéficiaires encore aujourd’hui -,
Dieu l’a commencée avec des femmes, « les apôtres des apôtres »,
comme on le dit dans l’Eglise d’Orient.
On peut dire qu’elles l’avaient un peu cherché
ou plutôt qu’elles l’avaient un peu mérité. Combien d’hommes fidèles jusqu’au
bout au pied de la croix de Jésus, ? et combien de femmes ? Tout est
dit.
Et maintenant venons-en à Marie de Nazareth.
Elle était aussi au pied de la croix, elle qui entendit Jésus son fils
s’adresser spécialement à elle pour lui proposer d’accepter ses disciples -et
donc aussi nous- comme ses enfants. Il compta sur sa mère pour qu’elle devienne
la nôtre. Et il le lui demanda en l’appelant justement « femme ».
Pâques, c’est le point d’orgue du salut, ce
pour quoi Dieu a envoyé son fils dans le monde, afin d’accomplir pleinement sa
volonté de miséricorde.
Mais au début, c’est la même méthode, justement
avec Marie, encore une femme, la femme. Nous voici à la fête de l’Annonciation.
Du 100% neuf, car tout est grâce. Aucun mérite
de personne, mais un pur cadeau d’amour, qui devait prendre forme humaine pour
sauver l’humanité, humainement et divinement à la fois. Et déjà là, Dieu
commence avec une femme, Marie de Nazareth, celle qui se définissait comme une
petite servante.
Surprenante rencontre, mais quel respect,
quelle tendresse !
Dieu
sait faire avec les femmes, et spécialement avec cette femme. Dieu est poli. De
la part de Dieu, l’ange salue Marie par un souhait de joie et un compliment
révélateur. Comme d’ailleurs Jésus le
fera plus tard devant les femmes du jardin de Pâques : Je vous
salue ! Et rien que pour
Marie : « …comblée de grâce… le Seigneur est avec toi. »
Puis vient une divine proposition, pas une pesante imposition.
L’ange comprend le bouleversement de cette vierge. Il la rassure :
« Sois sans crainte, tu as trouvé grâce auprès de Dieu. »
Et vient la promesse du mystère de
l’incarnation, le début de la présence humaine du Fils de Dieu dans notre
monde. Marie devine l’enjeu d’un tel dessein. Mais elle a le droit de se poser
des questions, en femme intelligente et libre. La maternité virginale, ce n’est
pas si simple à comprendre, avant de l’accepter. Et l’ange continue ses
explications avec une patience toute surnaturelle.
Quelle
délicatesse, toute divine ! Le salut du monde, tout gratuit qu’il est, est
suspendu à la foi sincère de cette jeune fille de Nazareth, à la générosité de
son cœur, à la disponibilité virginale de son corps, et finalement au libre
acquiescement de sa bonne volonté : « Qu’il me soit fait selon ta
parole. » Et le Verbe s’est fait chair, et il a planté définitivement sa
tente au milieu de nous. Dieu merci. Merci Marie.
Et nous maintenant
dans tout cela.
Le mystère de l’incarnation –Dieu fait homme-
et le mystère de la résurrection
–l’homme appelé à entrer pleinement dans la vie de Dieu- : ces deux
mystères sont solidaires, ils se donnent la main, ils se marient, par exemple
dans l’eucharistie, le sacrement de l’alliance nouvelle et éternelle.
La main
de Dieu est d’abord donnée à une femme, et dans les deux cas elle se nomme
Marie. Sans compter le passage obligé par le mystère de la croix où ces mêmes
deux femmes –celle de Nazareth et celle de Magdala- se retrouvent ensemble et
se donnent la main entre elles pour tenir le coup dans la communion au
sacrifice de Jésus.
Que de leçons pour
nous aujourd’hui !
Combien nous devons avoir un infini respect
pour la femme –toute femme- et une immense reconnaissance pour les femmes, dans l’Eglise et dans la
société.
On le voit bien dans notre actualité. Dans un
monde de violence meurtrière, souvent fomentée et exacerbée par les hommes, ce
sont elles, les femmes, qui protègent la vie en manifestant l’alternative de
l’amour et du service, y compris au milieu des champs de ruines ou dans le
triste cortège des réfugiés.
Dans nos communautés chrétiennes, où les femmes
sont de toute évidence plus nombreuses et plus engagées que les hommes, ce sont
souvent des femmes qui assurent la tradition de la fidélité et du dévouement au
service de cet évangile de l’annonciation et de Pâques qui constituent le cœur
de la vie de l’Eglise.
Nous les prêtres –qui sont tous des hommes dans
notre Eglise-, nous le reconnaissons avec admiration et immense gratitude. Que
ferions-nous sans toutes les Marie –de Nazareth et de Magdala- qui donnent
souvent le meilleur d’elles-mêmes pour que nos communautés vivent et parfois
simplement survivent.
Que cette fête de l’Annonciation, tellement en
communion avec celle de Pâque, nous aide toutes et tous à boire ensemble aux
sources de ces mystères si essentiels, si beaux, si profonds. Si divins et
humains à la fois.
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