Les
soucis d’Argent
Mt 6,24-34
Maintenant que le tabou du sexe est (presque)
tombé – par les temps impudiques qui courent-, il en reste au moins un, surtout
en Suisse : c’est l’argent. Faites le test. Même entre amis de toute
confiance, on ne dévoile pas son salaire chez nous. C’est notre dernière
pudeur. Vous entendrez souvent cette extrême confidence : « On n’a
pas à se plaindre…, on gagne honnêtement notre vie. » Et rien de
plus !
Dans son discours sur la montagne, Jésus aborde
de front le thème de l’argent, le fameux Mamon. Sa conclusion est très
claire : ou bien l’Argent est un maître et l’on en devient l’esclave, ou
bien l’argent est un serviteur et il peut et même doit contribuer à la vie
humaine et à l’amour fraternel. Tôt ou tard, ne sommes-nous pas tous placés
devant ce dilemme ? Il faut choisir.
Dans la seconde partie du message, Jésus traite
une question voisine : le souci, les préoccupations. Et un certain malaise
revient. Selon le Christ, il semble que l’insouciance soit la règle pour la vie
courante du vrai disciple. Aucune inquiétude, ni pour la vie, ni pour la
nourriture, ni pour le vêtement ! Comment oser dire cela devant des
personnes et même des populations entières qui manquent de tout, et en
particulier de nourriture et de vêtement ? Sont-ils tous de vilains païens
ceux et celles qui sont en quête laborieuse de ce minimum vital ? Ne
faut-il pas « manquer de rien » pour se permettre le luxe de ne plus
penser au lendemain parce qu’ « à chaque jour suffit sa
peine » ?
En réalité, Jésus veut nous faire entrer dans
une autre dimension de la vie. Lui qui a prêché l’aumône généreuse en faveur
des plus démunis et le partage tous azimuts, il nous invite surtout à chercher d’abord
le Royaume et la justice de Dieu en décollant, au maximum possible, des
préoccupations trop terrestres qui risquent toujours de nous rendre esclaves
des biens ambigus de ce monde. Et Dieu sait si, en particulier dans nos
civilisations d’abondance, beaucoup d’humains tombent dans les pièges du
matérialisme et de l’égoïsme. Alors nous faisons l’expérience de soucis
rongeurs qui grignotent et même anéantissent la sérénité et l’authentique
bonheur. Il est urgent d’élaguer le buisson de nos préoccupations frénétiques.
Le Carême nous offre une opportunité à saisir
de tout cœur. Un temps pour réorienter la boussole de notre vie, justement en
la tournant vers la recherche prioritaire du Royaume de Dieu et de ses
promesses.
Par la méditation de la parole de Dieu, nous
rencontrons sur notre route une lumière qui nous indique où se trouvent les
vrais trésors.
Par la prière, nous rejoignons notre ciel
intérieur, là où Dieu nous donne le rendez-vous de son intime présence.
Par le jeûne, nous
mettons une sourdine à l’envahissement des fausses inquiétudes.
Par le partage, nous qui avons bien assez et
même trop, nous pouvons justement secourir ceux qui ont moins et souvent rien.
La parole biblique, la prière, la modération
des besoins, la solidarité : en plein dans le mille du Royaume de Dieu qui
commence sur terre avant d’éclater un jour dans les cieux.
A paru sur le site cath.ch
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