Mercredi des cendres
Mercredi des cendres.
Pourquoi pas mercredi des parfums ?
L’idée des cendres vient de l’Ancien Testament
où cette réalité est citée 59 fois, tandis que nous la trouvons seulement 4
fois dans le Nouveau Testament.
La cendre, c’est ce qui reste quand tout a
brûlé. Dans le contexte de l’alliance de Dieu avec Israël, la cendre évoque
deux prises de conscience.
* Comme pécheurs, que reste-t-il en nous quand
nous avons rompu l’alliance avec la source de notre vie, sinon un goût de
cendre? Le péché de rupture, c’est ce qui conduit à la mort spirituelle, au
néant, au rien existentiel.
A peine trouve-t-on dans notre cœur et au fond
de notre conscience les cendres froides de notre gâchis, tristes traces de ce
qui jadis brûlait en nous comme une chaude et lumineuse relation avec notre
Dieu et Père.
Au plan simplement humain, la cendre est aussi
la parabole de notre fragilité, de notre caducité. Jadis, en ce jour, on disait en apposant les cendres : « Souviens-toi
que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ». La condition
humaine est celle d’un être mortel. Les deuils nous le rappellent, parfois de
manière inattendue, voire tragique.
Qui que nous soyons, nous ne pouvons pas
l’ignorer : toute vie en ce monde, tôt ou tard, nous amène à la mort. Il
faut avoir le courage d’affronter ce mystère déconcertant. Et tant pis pour les
apôtres du transhumanisme.
La cendre. Tout cela peut être perçu comme très
négatif, triste et même désespérant. Alors je vous conseille de passer au
parfum. Jésus nous invite en ce jour à nous parfumer la tête après nous être
lavé le visage.
D’abord se laver le visage, c’est justement
passer par cette fameuse conversion qui doit ôter en nous les scories de nos
péchés, à condition de les reconnaître et de vouloir retrouver sincèrement la
belle liberté des enfants de Dieu.
Se convertir, ou plutôt appeler en nous le
rayonnement de la miséricorde de Dieu, selon la parole pressante de l’apôtre
Paul : « Nous vous le demandons au nom du Christ : laissez-vous
réconcilier avec Dieu. »
Alors ce qui semblait négatif ou pénible
devient une opération de libération qui nous débarrasse de nos dernières
cendres intérieures pour nous rendre la joie de nous savoir aimés tels que nous
sommes, et celle de pouvoir aimer les autres comme ils sont.
Quand le linge sale
sort de la machine, il resplendit, il sent bon.
Et c’est là qu’intervient le parfum, l’amour du
Christ qui nous enveloppe de sa tendresse, de son bouquet, de sa beauté.
Jésus, celui qui a reçu l’onction de l’Esprit,
c’est celui qui nous appelle et rappelle sans cesse à nous laisser oindre par
les dons de ce même Esprit, riche des parfums exquis portés par son souffle.
Que ce carême nous le redise ! Nous sommes
des baptisés, des confirmés. Nous avons été consacrés et parfumés par ces
sacrements, et nous le serons encore à l’approche de la mort dans un dernier
geste d’onction spirituelle.
Dès lors, après avoir chassé nos cendres
accumulées, la grâce du carême vient à point nommé pour ré-enchanter notre
baptême et nous permettre ce que l’apôtre Paul révélait aux Corinthiens :
« Le Christ pascal, par nous, répand en
tous lieux le parfum de sa connaissance. Car nous sommes bien pour Dieu la
bonne odeur du Christ, parmi ceux qui se sauvent et aussi parmi ceux qui se
perdent. » II Co 2,14-15.
Imprégnés de l’Esprit du Christ, allons donc
parfumer le monde, si souvent corrompu par les pourritures de la violence
mortifère, de l’injustice, du massacre de la vie.
Bienheureux carême, qui nous invite à répandre courageusement
les bonnes odeurs de la spiritualité priante, du silence de la méditation, de
la simplicité de vie, de la frugalité joyeuse, de la solidarité à l’égard des
plus pauvres et des plus souffrants.
Humons l’Esprit Saint et allons aromatiser
l’humanité par les fragrances de l’évangile. Et notre carême, au lieu de nous
faire prendre sa mauvaise mine, nous permettra d’exhaler déjà les parfums de
Pâques, la vie plus forte que la mort, l’amour vainqueur du Dieu-Amour.
Dans cet esprit, après la messe, je propose à
celles et ceux qui le voudront bien, en toute liberté, de venir recueillir dans
vos mains une goute d’huile parfumée que vous pourrez diffuser sur votre
visage, en gage de tout ce que vous ferez de beau et de bon durant ce carême, dans
l’esprit de l’évangile, avec la grâce de Dieu.
Claude
Ducarroz
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