L’échelle de la piscine du baptême
Jean 9,1-41
La guérison d’un aveugle. Tout un chapitre - 41
versets – pour transcrire un évènement plutôt extraordinaire. L’évangéliste
semble s’être mué en reporter, avec micro et caméra. On dirait une page écrite
par un journaliste fidèle aux faits bruts, jusqu’au scrupule.
En réalité, l’auteur met en scène, à partir
d’un authentique miracle de Jésus, toute une catéchèse baptismale clairement
signifiée par l’invitation faite à l’aveugle d’aller se laver dans la piscine de
Siloé pour en ressortir guéri, désormais pleinement ouvert à la lumière, à
commencer par celle de la foi. Il faut lire attentivement le chapitre en son
entier pour repérer un double mouvement sur l’échelle de cette aventure
intérieure.
Le premier peut se comparer à une remontée de
la piscine, pas à pas, comme sur une échelle qui mène à la foi. Au fur et à
mesure qu’il affronte les oppositions et les résistances de ceux qui
l’interrogent, l’aveugle grandit dans sa découverte du mystère du Christ. A ses
voisins curieux, il déclare qu’il a été guéri par « l’homme Jésus »
(v. 11). Aux Pharisiens très soupçonneux, il affirme que ce Jésus est pour lui « un
prophète » (v. 17). A d’autres
Pharisiens, qui accusaient Jésus d’être un pécheur, l’homme oppose la croyance
en un « homme de Dieu » (v. 33). Mais sa foi va éclater au contact
direct de Jésus qui l’invite à croire au « Fils de l’Homme », avec
toute la profondeur de ce vocable dans la tradition juive, à savoir le Messie
envoyé du ciel pour rassembler les hommes dans la communion avec Dieu.
« Et l’aveugle dit : Je crois, Seigneur. Et il se prosterna devant
lui. » La foi et la pratique de l’Eglise !
A l’inverse de l’aveugle re-né des eaux du
baptême, les autres protagonistes parcourent l’échelle en la descendant,
jusqu’à l’aveuglement intérieur. Ils s’enfoncent. Les voisins ne savent pas que
penser. Ils demeurent sceptiques. Les premiers Pharisiens refusent de croire à
la réalité de la guérison. Les parents de l’aveugle se défilent devant les
questions par peur des conséquences. Pour d’autres Pharisiens, la cause est
entendue : Jésus n’est qu’un vilain imposteur. Et ils jettent dehors
l’aveugle guéri qui s’obstinait à commencer de croire en lui. Rien de nouveau
dans les obscurités du monde.
Monter ou descendre l’échelle de la foi. Qui
que nous soyons, nous circulons tous sur cette échelle, tant il est humain
d’avancer, mais aussi parfois de reculer, sur le chemin de notre adhésion au
Christ. L’aveugle guéri a aussi passé par des étapes progressives jusqu’à la pleine
reconnaissance, jusqu’à l’adoration. Qui peut dire qu’il n’a jamais fait
quelques pas en arrière ou de côté dans l’aventure de sa foi ?
Il y a au moins une vérité à laquelle nous
devrions croire sans faille, surtout à la faveur de ce carême : Jésus nous
cherche toujours et nous rattrape souvent sur les sentiers de nos quêtes
intérieures, y compris quand il fait nuit en nous.
Car il est la lumière
du monde.
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