Soyons heureux ! Mais comment ?
Mt 5,1-12a
Le
bonheur ! Qui ne le souhaite pas ardemment, pour soi-même et pour ceux et
celles qu’il aime ?
Tout comme
nous, les foules qui suivaient Jésus sur les chemins de Galilée le désiraient
aussi. On peut les comprendre. Selon le reportage de Matthieu (4,23-25), ce
peuple était frappé par toutes sortes de maladies et d’infirmités. On avait
diagnostiqué des tourmentés, des lunatiques, des démoniaques et des paralysés.
Rien que ça !
A la vue de
ces foules « harassées et prostrées » (Mt 9,36), Jésus prend du
recul en montant dans la montagne. Et là-haut, en présence de ses disciples, il
tient un discours en forme de provocation. Il annonce, il promet le bonheur :
neuf fois « heureux » ! Quelle audace ! Encore faut-il y aller
voir de plus près.
La feuille
de route pour le bonheur selon Jésus de Nazareth a de quoi déconcerter. Sans
doute reprend-il quelques thèmes déjà connus dans la bible de la première
alliance. En poussant plus loin. Ils peuvent être heureux, les pauvres de cœur,
les doux, ceux qui pleurent, les affamés de justice, les miséricordieux, les
cœurs purs, les artisans de paix. Et même ceux qui, dans la communauté
chrétienne d’alors, sont insultés et persécutés à cause du nom de Jésus. Mais
attention ! il ne faut pas se
tromper sur cette promesse, car sa réalisation plénière est annoncée pour le
royaume des cieux. Est-ce à dire que le bonheur ainsi promis ne peut advenir
que plus tard, dans l’au-delà, au risque de fonctionner ici-bas comme l’opium
du peuple malheureux et assez naïf pour y croire ?
Regardons
encore plus près. Les hommes heureux par les « recettes » proposées
dans ces béatitudes dessinent le portrait du Christ Jésus. Lui le premier, il a
été ce pauvre, ce doux, ce miséricordieux, cet artisan de justice et de paix
qui trouvera pleine récompense dans le mystère pascal. Lui aussi a été insulté
et persécuté dans le passage par la croix que la résurrection a transformée en
gloire dans le royaume de son Père.
Ces
béatitudes, proclamées au début du ministère de Jésus et peu après l’appel des
premiers apôtres (Cf. Mt 4,18-22), sont d’abord une invitation à oser suivre le
Christ, jusqu’à l’imitation de ses exemples et de ses engagements. Mettre nos
pas dans les siens, au pas à pas de l’évangile dans la vie, en toutes
circonstances : voilà le chemin du vrai bonheur au goût de Pâques. Dans le
royaume des cieux certes, mais aussi et déjà ici-bas, aux couleurs imparfaites
de l’aurore, mais avec la promesse du plein midi de l’Amour.
Ce ne sera
jamais le bonheur absolu sur cette terre, mais on peut déjà en savourer un
apéritif, en marchant dès maintenant sur le sentier des béatitudes, comme tant
de saints et sainte nous en donnent la démonstration.
On peut
toujours essayer.
A paru sur
le site www.cath.ch
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