1er janvier 2017
Homélie
2017. Déjà ! Comme le temps passe vite.
Toujours plus vite, disent les gens de mon âge, avec un brin d’inquiétude.
En ce premier jour de l’an nouveau, la liturgie
de l’Eglise nous rassemble à nouveau devant la crèche.
En Jésus, le Verbe éternel a planté sa tente au
milieu de nous. Le maître de l’Histoire habite notre temps. Le Fils de Dieu est
devenu le fils de Marie, la petite servante de Nazareth. Il a passé son temps
humain à faire le bien, jusqu’à sa mort par amour sur la croix. En entrant dans
la gloire du ressuscité, il a ouvert nos vies mortelles sur l’espérance du
Royaume de Dieu. Nous sommes des promis au bonheur éternel dans la maison du
Père.
Mais en attendant, me direz-vous ? Après
tout, nous ne sommes pas pressés ! Entre une survenue imposée et un départ
à date inconnue, il y a en effet ces années variables, suivant les personnes et
les destins. Et les années passent. Une de plus. Une de moins ? C’est
selon.
Au calendrier de l’existence, les calculs se
brouillent. Il nous faut vivre, et si possible bien vivre pour ne pas perdre
notre temps, surtout celui qui nous reste, dans la troublante incertitude de sa
durée.
Et là peut-être, toujours à la crèche et à
l’école de Marie, nous avons à recueillir quelques bonnes recettes pour gagner
du temps, le temps. Comme Jésus et surtout avec lui :
habiter notre temps,
remplir notre temps,
ouvrir notre temps.
* D’abord habiter résolument notre
temps, l’aujourd’hui de Dieu en nous et autour de nous.
Oui aux souvenirs, mais non à la nostalgie qui
nous projette – jusqu’à nous y enfermer - dans des passés largement surfaits.
Ah ! ce sacré et faux « bon vieux temps » !
Oui à l’espérance qui ouvre à nos désirs un
espace d’avenir, mais non aux délires utopiques qui nous dispensent d’agir, en
attendant des jours meilleurs, des lendemains qui chantent… et qui ne chantent
jamais.
Avec l’Esprit du Seigneur qui nous a mis au
monde – en ce monde, ici et maintenant -, portons vaillamment nos solidarités
humaines, les heurs, bonheurs et malheurs de notre temps. Voilà qui est digne
de l’homme, voilà qui épouse la cause de Dieu en l’humanité, celle de l’après
Noël, sans perdre notre temps.
* Et puis remplir notre temps. Au fond
du panier de cette belle ménagère qu’est notre vie, il y a sans doute quelques
restes des courses passées au marché de nos besoins, pas toujours très
constructifs. Des restes pour la miséricorde. Mais il y a encore beaucoup de
place pour de meilleures dépenses, à commencer par celles qui nous invitent à
nous donner - à nous dépenser nous-mêmes -
avant d’aller grignoter les autres ou chez les autres.
Remplir notre temps par de l’amour - sincère,
généreux, désintéressé -, ne serait-ce pas la meilleure façon de ne pas perdre
son temps, si l’on a un peu compris la recommandation de
Jésus : « Il y a plus de joie à donner qu’à
recevoir » ? Et cette remarque de l’apôtre Paul : « L’amour
ne passera jamais ».
Aimer. Nous aimer les uns les autres : que
voilà une excellente recette pour remplir l’espace et le temps qui nous restent
avec rien moins que de l’éternel.
* Enfin, ouvrir le temps. Ou plutôt le
laisser ouvrir par Dieu, l’éternel fraternel en Jésus-Christ. Ouvrir sur
l’au-delà du temps, de notre temps. Car depuis Noël et surtout depuis Pâques,
notre vie n’est pas une trappe dans laquelle nous aurions l’illusion d’exister,
pour se refermer à notre mort sur un immortel néant. Si nous savons bien que
nos plus chers désirs ne suffisent pas à ouvrir un ciel de bonheur parfait,
nous pouvons accueillir avec reconnaissance les divines promesses jaillies au matin de Pâques :
être toujours avec le ressuscité, là où il est, comme il est, en pleine gloire.
Et prendre du temps pour cela. Notre vie dite « religieuse » - avec ses paroles de lumière, ses
sacrements, ses prières, ses silences - n’est pas une perte de temps, comme
disent certains, mais une belle manière de gagner du temps dès ici-bas, du
temps déjà pris sur l’éternité qui nous attend.
Pour marcher avec confiance sur l’arc-en-ciel
multicolore de 2017, que Dieu nous aide à habiter notre temps, à remplir
d’amour tout ce temps offert et à ouvrir le temps.
Sous sa sainte
bénédiction et avec le sourire de Marie.
Claude
Ducarroz
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire