jeudi 21 mars 2019

Simple note sur la place des femmes dans les ministères d’Eglise 1. Un fait s’impose : Jésus et les apôtres n’ont confié ce qu’on appellera plus tard des « ministères » qu’à des hommes (masculins). Encore faut-il nuancer. L’envoi de Marie de Magdala et d’autres femmes pour annoncer la résurrection aux apôtres (tâche très apostolique), ainsi que la mention d’une femme diaconesse (Rm 16,1), de même que d’autres fréquentations étonnantes de la part de Jésus et des apôtres, m’incitent à la prudence avant de prononcer un jugement absolu d’exclusion. L’exégèse doit encore creuser sans doute. 2. Admettant ce constat d’exclusivité « factuelle », peut-on en déduire que par là Jésus ait voulu indiquer clairement à l’Eglise que, jusqu’à la fin des temps, il ne pourrait et ne devrait jamais y avoir des femmes « ordonnées « aux ministères ? A-t-on conscience de ce que cela signifie ? De toute évidence, ça signifierait que, par rapport à l’ensemble des biens du Royaume offerts par pure grâce à l’Eglise (donc aux baptisés), certains auraient un accès de principe à tous ces biens (les hommes mâles) tandis que les autres (les femmes, et seulement parce qu’elles ne sont pas des « hommes mâles ») se verraient refuser une partie de ces grâces, là aussi par principe. Il y a donc deux catégories de baptisés, et cela sur la base de la différentiation sexuelle : pour les uns tout le possible, pour les autres seulement une partie (la meilleure, j’en conviens). 3. Devant cette discrimination face à la grâce (car les ministères sont aussi une grâce), on peut évidemment l’expliquer et même l’excuser par une interprétation plus fine du contexte religieux et social au temps des Ecritures. C’est ce qu’on a fait –et saint Paul le premier- pour la différence entre juifs et païens par rapport aux dons de l’Evangile du salut. Alors que Jésus n’avait que des apôtres et des disciples juifs d’origine, Paul a compris que les autres (= les païens), à égalité avec les premiers, pouvaient accéder à tout, toujours par grâce évidemment. Pour lui, sur ce point, la grâce devait passer avant la tradition, quitte à s’opposer à certains de ses collègues. 4. Plus tard, il en fut de même, avec bien des retards, pour les discriminations sociales (esclaves et hommes libres). Et saint Paul –texte décisif à mon avis- a ajouté à sa liste la différence homme-femme (Cf. Gal 3,28) pour rejeter cette discrimination parce que nous sommes tous un (à égalité) dans le Christ. Même si lui-même n’a pas toujours appliqué à la lettre ses excellents principes, ce qui se comprend d’ailleurs, étant donné le contexte. 5. Hélas ! à propose de la discrimination homme-femme, notre Eglise n’a pas encore fait les pas qui certainement vont s’imposer un jour. Il reste cette différence fondamentale principielle. Et je devine qu’il y a là-dessous quelque cause à chercher du côté de l’exclusivité masculine-célibataire dans la gestion des ministères. 6. Enfin, même en admettant que Jésus ait voulu un tel statut pour la femme en Eglise, et cela pour toujours, on ne m’a jamais donné les raisons « divines » d’une telle décision de Jésus. Pourquoi donc cette discrépence, et sur quels fondements bibliques, autres finalement, que la coutume ou la tradition ? Parce que les femmes à qui on répète que c’est ainsi parce que Jésus l’a voulu ainsi, se demandent à juste titre pourquoi cela, et pourquoi l’Eglise peut le dire et le redire avec une telle « infaillibilité » presque dogmatique. Elles ne sont pas les seules à se poser ces questions. 7. Je répète : Est-ce que Jésus a vraiment voulu cela ? Si oui, pourquoi ? D’autant plus que nos sociétés, sur ce point, ont beaucoup évolué et évoluent encore dans un sens très différent, que l’Eglise catholique est la première à reconnaître comme positif (Cf Vatican II). Dans la société, mais pas chez elle ? L’Eglise ne devrait-elle pas ou ne pourrait-elle pas être un peu prophétique sur ce point ? Claude Ducarroz

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