dimanche 25 novembre 2012

Méditation pour les 30 ans du Tremplin

Les 30 ans du « Tremplin »


Méditation sur Jn 4,1-42

Jésus et la Samaritaine

De l’exclusion à la communion



Comme militant contre toutes les exclusions, comme apôtre de la communion, il est bien connu : Jésus de Nazareth. De multiples exemples le prouvent, et surtout celui de sa rencontre avec la femme de Samarie, en Jean ch. 4.

En vérité tout aurait dû favoriser l’exclusion. Or tout a été fait pour aboutir à une communion.



A ne pas oublier : Jésus venait de se sentir exclu et marginalisé par les petits chefs de la Judée. Il veut retourner dans sa Galilée natale, mais il doit à cet effet traverser la Samarie, une région à hauts risques. Le voilà donc en un contexte de voyage, de migration.

L’évènement se passe autour d’un puits, là où tout peut arriver : la rude concurrence pour l’eau ou la rencontre pour boire ensemble.



Au départ, rien que des handicaps cumulés.

Il est fatigué à cause du voyage « à pied ». Handicap physique.

Il fait chaud à midi en ces lieux arides.

Un homme et une femme inconnus ne se parlent pas en public. C’est mal vu, mal jugé. Handicap social.

Un juif ne dialogue pas avec une Samaritaine, fille d’un peuple hérétique. Handicap religieux.

Un saint homme peut-il s’exposer à fréquenter une femme qui eut cinq maris ? Handicap moral.



Quel sera l’élément déclencheur, le point commun qui va tout provoquer ?

Tous les deux ont soif. Ils partagent cette expérience humaine de base : la soif. Avec toutes les diverses déclinaisons de l’expression : soif de l’eau pour désaltérer le corps, soif d’amour pour combler le cœur, soif de sens à donner à sa vie. Soif de Dieu finalement.

Là, au bord du puits, c’est la rencontre imprévue, inédite de deux soifs.

Et le plus « riche » se fait d’abord mendiant. « Donne-moi à boire », lui dit Jésus. Lui, le premier, avoue sa soif, et le besoin de son secours.



Alors tout devient possible. Ils sont à égalité de pauvreté, malgré toutes leurs différences. On ne peut se rencontrer en profondeur qu’entre pauvres.

La femme en est très étonnée. Elle le dit, mais surtout elle continue le dialogue. Des premières banalités jusqu’aux plus secrètes profondeurs. Car il faut voir plus loin que les apparences, il faut descendre à l’intérieur des personnes. Et pour cela accomplir tout un voyage, vaincre les préjugés.

Chacun, quel qu’il soit, a besoin de l’autre, quel qu’il soit. Chacun a soif de l’autre.

Et ça peut aller jusqu’au partage religieux. Où et comment faut-il adorer Dieu ? N’importe où, pourvu que ce soit « en esprit et vérité ».



Alors la communion s’élargit, merveilleusement.

D’abord au bénéfice de cette marginale qui se sent respectée, et même aimée. Et pour le grand profit des disciples, ces religieux scandalisés par l’audace de Jésus. Eglise, que fais-tu pour et avec les « marginaux » ?

Enfin c’est toute la communauté humaine de cette femme –sa ville- qui en est bouleversée. Elle ose s’adresser à ses concitoyens. C’est elle qui les rassemble. C’est elle qui les met en route, elle les fait sortir… de la ville et d’eux-mêmes.



L’exclue devient agente de communion, au point que, sur sa parole à elle, ses voisins invitent Jésus à demeurer auprès d’eux. Le divin marginal est accueilli chez des non-conformes.

La communion est toujours contagieuse quand l’exclusion est…exclue.



Quel plus beau programme ?

Devenir, comme certains le sont déjà, des Samaritaines et des Jésus pour notre temps.



Claude Ducarroz

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