samedi 22 décembre 2012

Homélie du 4ème dimanche de l'Avent

Quatrième dimanche de l’Avent

Alors, tout va bien ? Tout va mieux ? Vous avez passé sans encombre la fin du monde prévue pour le 21 décembre dernier ? Vos héritiers sont contents. Vous aviez rectifié généreusement votre testament, n’est-ce pas ? J’espère que vous n’avez pas oublié la pauvre Eglise catholique romaine de Genève !

Eh ! bien la liturgie de ce jour nous invite -heureusement- à passer à des choses plus sérieuses. Le savez-vous ? Noël est bientôt là. Il frappe à notre porte. C’est demain soir, la nuit de lumière ; c’est après-demain la grande fête.

Aujourd’hui l’Eglise nous propose de faire trois voyages, des pèlerinages de préparation et de proximité avec le mystère qui va bientôt éclater aux yeux de notre foi dans la nuit de Noël.

A dire vrai, le premier voyage nous échappe, et pourtant il est fondateur, et en plus accompli à cause de nous, ou plutôt en notre entière faveur. C’est un déplacement uniquement motivé par le plus grand amour. L’épître aux Hébreux essaie de nous le décrire, cet itinéraire qui vit Dieu lui-même descendre sur notre terre afin de nous rejoindre ici-bas, là où nous sommes.

Une phrase résume cette extraordinaire entrée du fils de Dieu dans notre monde en un corps: « Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté. » Dieu est devenu un pèlerin humain parmi nous, il est venu chez les siens, il a planté sa tente au milieu de nous en commençant son aventure par le sein visité d’une vierge d’Israël. Marie répondit : « Qu’il me soit fait selon ta parole ! » Premier voyage réussi !

Aussitôt commence un deuxième voyage. Enceinte de Dieu, Marie ne tient pas en place. Elle se met en route rapidement à travers les montagnes. Il lui faut partager son secret dans un geste d’amour, dans une démarche de solidarité.
Quand Dieu a investi un cœur et un corps humains, il déplace, il fait bouger, il met en chemin. Quand on laisse Dieu travailler en nous, il nous envoie vers les autres, tout près ou au loin, comme Marie vers Elisabeth. Plus qu’une visite : une visitation.

Qu’est-ce à dire ? Jésus est encore tout petit dans le ventre de sa mère. Il est invisible aux yeux de chair, mais ceux de la foi aperçoivent déjà la merveille. Le divin anonyme est déjà à l’ouvrage. Il remue dans le sein de Marie et provoque un remue-ménage spirituel autour de lui. Jean-Baptiste, lui aussi encore infime, en est tout tressaillant de joie. Et sa mère Elisabeth en est toute transformée. Elle est revêtue d’une foi nouvelle, elle qui, la première, salue Marie entre toutes les femmes en affirmant qu’elle est « la mère du Seigneur. »

 Et puis c’est la fête de l’Esprit Saint, en cette vieille femme qui crie d’une voix forte la première béatitude de l’Evangile : « Heureuse celle qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Cette visite est devenue une visitation, comme toutes celles que nous accomplissons quand l’amour nous inspire et que la foi nous éclaire, notamment à l’approche de Noël.

Il reste le troisième voyage. Il nous est suggéré par la première lecture quand le prophète Michée nous parle de Bethléem, « le plus petit des clans de Judas, là où enfantera celle qui doit enfanter. »
A la veille de l’heureux évènement, nous sommes en marche vers le berceau ou plutôt la crèche des petits pauvres qui ne trouveront pas de place à l’hôtellerie. Nous sommes avec Marie, mais aussi avec Joseph, qu’il ne faut jamais oublier

Le voyage imprévu d’un couple forcé de quitter sa maison pour obéir aux ordres de l’autorité supérieure, avec une femme enceinte, des appréhensions plein le cœur et des questions plein l’esprit. Avec eux, si nous voulons bien les accompagner, nous prions avec les psaumes et les mots de la bible. Avec eux, nous partageons le destin des déplacés, réfugiés, sans logis, SDF de toutes sortes à travers le monde. Avec eux, nous nous préparons à accueillir auprès de Jésus tous les bergers de la terre, les femmes et les hommes les plus simples, ces pauvres de cœur dont le Christ dira qu’ils sont heureux, les préférés du Père.

Frères et sœurs, tout à l’heure nous allons aussi nous mettre en route, faire un bout de chemin jusqu’à la table eucharistique en nous insérant humblement dans l’Eglise en pèlerinage vers son Sauveur.
En un seul périple, nous allons revivre symboliquement une marche à l’étoile, un rendez-vous avec la lumière du monde.
Au cœur, nous porterons toute l’espérance d’Israël et aussi les espoirs de toute l’humanité en quête de salut, quelle que soit la religion des croyants et des priants de cette terre. 

Un peu comme Marie, dans la communion au Christ, nous serons habités par une présence réelle, mais discrète, presque cachée, puisque le Sauveur viendra à nous sous la forme la plus humble : un morceau de pain.

Enfin, notamment grâce au sacrement de la réconciliation, Dieu aura lui-même préparé la place dans la crèche de notre cœur pour l’accueil du divin Pasteur, celui qui se plaît parmi les petits bergers de ce monde, pas parfaits certes, mais recommandables par leur foi sincère et leur amour en voie de réchauffement.

Et l’enfant-eucharistie -le chemin, la vérité et la vie- tressaillira en nous en faisant de notre visite sa visitation.
Amen !

                                               Claude Ducarroz

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