jeudi 6 décembre 2012

Homélie de la Saint Nicolas

Homélie pour la Saint Nicolas




On ne l’appelait pas Monseigneur, mais il était -et il demeure- un grand pontife, un bâtisseur de ponts : notre cher patron, l’évêque saint Nicolas de Myre.



Inutile de chercher à démêler l’histoire et la légende. Une constatation s’impose: il fut un homme de grande charité, et d’abord en faveur des petits, des enfants, des souffrants et miséreux de toutes sortes. La bonté fut le point commun de tous ses miracles. Il savait construire des ponts entre son coeur débordant d’amour et les petites gens dans la difficulté ou la peine. On n’en finit plus –jusqu’à en rajouter sans doute- de raconter ses bienfaits.



Voilà une première leçon à retenir de notre saint patron. La pastorale –qui est l’art évangélique du bon pasteur- ne peut réussir que dans un climat de charité, d’abord entre les pasteurs sous toutes leurs formes, mais surtout à l’égard de celles et ceux qui, aujourd’hui encore, chez nous ou ailleurs, vivent des situations d’épreuves, de violences, d’injustices ou d’exclusion.



La compassion des chrétiens, avec leur foi au Christ évidemment, doit être la première carte de visite des évangélisateurs. Croire au Christ et aimer les gens : c’est ainsi que commence la mission, à l’imitation de Jésus lui-même dont on a dit qu’il passa en faisant le bien. Saint Nicolas nous le rappelle opportunément.



A partir de 1087, les précieuses reliques de saint Nicolas -dont nous avons le privilège de posséder un extrait- sont rapatriées en Occident grâce aux marins de Bari. Mais le culte de saint Nicolas n’a jamais cessé de fleurir en Orient. Beaucoup parmi nous ont sans doute pu le vérifier : sur les iconostases des églises orthodoxes ou gréco-catholiques, saint Nicolas figure toujours en bonne place, aussitôt après les saints de l’évangile. Ainsi donc, notre saint patron est devenu un pontife, un bâtisseur de ponts entre l’Orient et l’Occident des Eglises.



A l’heure de l’œcuménisme, notamment entre l’orthodoxie et le catholicisme, l’évêque de Myre nous invite à cultiver des relations fraternelles entre des Eglises unies dans la foi essentielle, certes, mais aussi très diverses dans leurs façons de la dire, de la célébrer et de la vivre.



Ce fut aussi l’une des redécouvertes du concile Vatican II : la beauté de l’unité dans la diversité ou la richesse des diversités quand elles s’épanouissent sur le socle de l’unité. Il y a encore beaucoup à faire pour que le respect des variétés culturelles assumées dans les Eglises soit vécu comme une manifestation de communion au lieu de devenir un prétexte à des divisions. Que saint Nicolas de Myre nous y aide !



Nous voici à nouveau réunis dans notre belle cathédrale, les principaux acteurs de la pastorale catholique dans notre décanat. Nous avons pu le vérifier au cours de l’année jubilaire du Chapitre de saint Nicolas : cette église est la véritable maison du peuple qui vit à Fribourg. Saint Nicolas nous y accueille en nous invitant à vivre, déjà entre nous, une pastorale de complémentarité et de collaboration fraternelles. Unités pastorales, paroisses, communautés de cultures différentes, communautés religieuses et aumôneries : nous sommes ensemble l’Eglise catholique en ce lieu. Il fait bon le rappeler et le symboliser, comme ce soir, sous le patronage de saint Nicolas.

Mais saint Nicolas accueille aussi tout le monde, car il lui plaît que chacun se sente bien ici, chez lui comme à la maison. Il nous faut garder cette ouverture si nécessaire au témoignage chrétien dans une société pluraliste.

Bien à sa place au centre du portail d’entrée, saint Nicolas exprime la bienvenue la plus large aux croyants certes, pour des liturgies festives, mais aussi à tant d’autres qui viennent ici pour prier un moment dans le silence, trouver un peu de repos dans un havre de fraicheur et de paix ou tout simplement admirer des beautés nouvelles ou anciennes au hasard d’une visite touristique. A nous de leur manifester le sourire plein de bonté de notre saint patron.



Fribourg construit un nouveau pont. Il ne faudrait pas qu’il devienne le pont de la discorde, lui qui est censé nous aider à franchir des obstacles pour favoriser les communications et inciter à la communion humaine.

Le pont de la Poya, c’est bien. Le pont de saint Nicolas, c’est encore mieux.

Amen.



Claude Ducarroz



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