Homélie
Saints Pierre et Paul
Parfois, le
hasard fait bien les choses. Quand le 29 juin tombe sur un dimanche, la
liturgie prévoit que le dimanche s’efface pour laisser la place à la fête des
apôtres Pierre et Paul. C’est le cas cette année, et nous voici comme
transportés à Rome, l’Eglise fondée par ces deux apôtres éminents. Mais
attention ! il faut cependant respecter quelques précautions dans les
priorités et dans les conséquences.
Lors de
l’une de ses premières sorties sur la place St-Pierre, le pape François fit
cette remarque : « Je vous entends crier : « Viva il
papa ! Vive le pape ! ». Pourquoi ne criez-vous pas
plutôt : « Vive Jésus-Christ ! » ? Que le pape
soit populaire, en un sens, c’est tant mieux ! Mais que le Christ le soit
bien davantage, à la demande même du pape, voilà qui remet toutes choses à leur
juste place. Jean XXIII déclara un jour avec son bon sens terrien :
« Oh !, vous savez. Je ne suis que le pape ! »
Nous
croyons que l’évêque de Rome, pasteur de l’Eglise fondée par le chef des
apôtres saint Pierre, a une mission particulière à remplir au service de
l’Eglise universelle pour la consolider dans la foi, pour la rassembler dans
l’unité, pour la représenter au niveau mondial. « Confirme tes
frères », dit Jésus à Pierre, en lui confiant la mission de veiller sur
tout le troupeau, comme un roc solide, clefs en mains. C’est un beau service, nécessaire
mais fragile, que l’histoire a trituré dans tous les sens au cours des siècles,
avec des démonstrations du meilleur et parfois aussi les manifestations du
pire.
C’est
pourquoi le pape Jean-Paul II a demandé deux choses importantes dans sa
dernière encyclique en 1995: « L’évêque de Rome lui-même doit faire
sienne avec ferveur la prière du Christ pour la conversion qui est
indispensable à « Pierre » afin qu’il puisse servir ses frères. De
grand cœur je demande que s’unissent à cette prière les fidèles de l’Eglise
catholique et tous les chrétiens. Que tous prient avec moi pour cette
conversion ! »
Je vous
pose la question : Priez-vous souvent pour la conversion du pape et de la
papauté ?
Et puis
encore ceci : « Je prie l’Esprit Saint de nous donner sa lumière et
d’éclairer tous les pasteurs et théologiens de nos Eglises, afin que nous
puissions chercher, évidemment ensemble, les formes dans lesquelles ce
ministère pourra réaliser un service d’amour reconnu par les uns et par les
autres… C’est une tâche immense que je ne puis mener à bien tout seul. »
En résumé,
le pape demande aux autres Eglises et aux autres chrétiens de l’aider à
« faire le pape » mieux, autrement. Je crois que le pape François
s’inscrit aussi dans cette ligne. Aidons-le de nos prières et de nos soutiens.
Voilà pour
Pierre, dont l’évêque de Rome est un successeur, en ajoutant aussitôt qu’il
hérite seulement d’une partie de son ministère puisque les apôtres sont les
seuls à être les témoins directs de la mort et de la résurrection du Christ, qui
est la base de lancement de l’Eglise, posée une fois pour toutes, ce qui nous
permet de dire et de chanter que nous croyons l’Eglise
« apostolique ».
Mais il ne
faudrait surtout pas oublier Paul. La fête conjointe de ces deux apôtres si
différents nous le rappelle fort opportunément. Rome, c’est l’Eglise née de la
prédication et du martyre de Pierre et de Paul, et pas de Pierre seul.
La
conversion de Paul sur le chemin de Damas a bouleversé le cercle un peu fermé des douze apôtres. Paul de Tarse
s’est ajouté au groupe fondateur, non sans discussion, en leur rappelant qu’il
ne leur devait rien au départ, mais en cherchant sans cesse à maintenir ou à
rétablir la communion avec eux. On pourrait dire que Paul est le bienheureux
« intrus » qui obligea l’Eglise à s’ouvrir sur l’universel les païens
et non seulement les juifs- à admettre un certain pluralisme, à faire que
l’unité intègre les richesses de certaines
diversités au lieu de se recroqueviller sur l’uniformité. Paul introduit
sur la portée de la partition chrétienne une note œcuménique qui doit permettre
à l’Eglise de chanter la musique de l’évangile à plusieurs voix, certes harmonisées
mais pas étouffées.
Il importe
beaucoup que, après les drames des diverses divisions entre Eglises -dont
toutes les Eglises sont co-responsables-, le successeur de Pierre et de Paul, à
savoir l’évêque de Rome, soit le coryphée des avancées œcuméniques, selon cette
intense prière de Jésus à la veille de sa mort : « Père, que tous
soient un en nous afin que le monde croie ! »
Un… nous…le
monde : telle est, plus que jamais, la feuille de route de l’Eglise et
donc la mission de celui qui a été établi humblement ici-bas comme principal berger
visible des brebis du Seigneur. Attention ! Les brebis du Seigneur, et non
pas les siennes. Premier berger, mais pas le seul. Il y a les autres évêques et
les autres ministères. Relié à Pierre mais aussi à Paul, selon une double
inspiration toujours à revisiter. Et surtout témoin parmi nous du Christ
pascal, le seul vrai et bon pasteur de son Eglise, pour le temps et pour
l’éternité.
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