samedi 13 septembre 2014

A propos de l'islam en Suisse

Islam : savoir raison garder

On peut comprendre le malaise et parfois la crainte qu’éprouvent beaucoup d’habitants de notre pays devant la croissance de la présence musulmane en Suisse. Il suffit de lire un journal : à quoi renvoie le mot « islam » dans les nouvelles et commentaires ?
Est-ce à dire qu’il faille céder aux tentations de l’amalgame et du rejet ? Surtout pas !
Soyons d’abord réalistes. Dans notre monde globalisé, les populations sont appelées à se mélanger de plus en plus en apportant aussi dans leurs bagages leurs religions et leurs idéologies. Il y a actuellement 400.000 musulmans en Suisse. La seule question féconde est la suivante : comment allons-nous vivre ensemble en préservant les valeurs de base de notre société qui nous permettent précisément de respecter les personnes et même d’expérimenter la convivialité ?
Tout ce qui relève des slogans réducteurs est contre-productif. Par contre la vigilance s’impose, car nous sommes en droit de tout faire pour que les conditions d’une saine cohabitation soient garanties, en particulier par le respect scrupuleux des droits humains et de l’ordre constitutionnel. C’est même un devoir. Et ça vaut pour tous évidemment.
Mais il faut aller plus loin, à savoir donner leur chance à tous ceux qui, dans toutes les religions, misent sur une meilleure connaissance réciproque au lieu de l’ignorance toujours mauvaise conseillère, sur le dialogue sincère au lieu de la confrontation, sur la collaboration citoyenne au lieu de l’exclusion.
C’est le sens de ce que propose l’université de Fribourg avec un éventuel accueil de leaders musulmans dans un institut qui leur permette de mieux connaître les réalités démocratiques suisses et par conséquent de les initier à un authentique dialogue interreligieux, gage de cohabitation toujours plus fraternelle.
Qu’on ne s’y trompe pas : toute action qui aboutit à l’exclusion systématique, voire à l’ostracisme est une grave erreur qui peut être lourde de conséquences à l’avenir. Elle ne peut que jeter certains dans l’extrémisme et rendre les autres méfiants face à notre soi-disant liberté de conscience et de religion. Nous serons tous perdants.
Il faut intégrer et non pas rejeter, tout en veillant prudemment au respect des règles qui conditionnent justement cette intégration, non pas dans un moule uniforme mais dans une pluralité vraiment démocratique.
On a connu un tel processus jadis entre catholiques et protestants en Suisse. Nous avons aussi passé de la guerre de religion à la collaboration plurielle. Et maintenant, c’est l’œcuménisme.
Une bonne école que nous pouvons actuellement promouvoir avec d’autres aussi, si chacun se présente sans préjugés, avec toute sa bonne volonté de construire la paix.

                                                           Claude Ducarroz


A paru sur le site www.cath.ch le 13 septembre 2014

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