Islam : savoir raison garder
On peut comprendre le malaise et parfois la
crainte qu’éprouvent beaucoup d’habitants de notre pays devant la croissance de
la présence musulmane en Suisse. Il suffit de lire un journal : à quoi
renvoie le mot « islam » dans les nouvelles et commentaires ?
Est-ce à dire qu’il faille céder aux tentations
de l’amalgame et du rejet ? Surtout pas !
Soyons d’abord réalistes. Dans notre monde
globalisé, les populations sont appelées à se mélanger de plus en plus en
apportant aussi dans leurs bagages leurs religions et leurs idéologies. Il y a
actuellement 400.000 musulmans en Suisse. La seule question féconde est la
suivante : comment allons-nous vivre ensemble en préservant les valeurs de
base de notre société qui nous permettent précisément de respecter les
personnes et même d’expérimenter la convivialité ?
Tout ce qui relève des slogans réducteurs est
contre-productif. Par contre la vigilance s’impose, car nous sommes en droit de
tout faire pour que les conditions d’une saine cohabitation soient garanties,
en particulier par le respect scrupuleux des droits humains et de l’ordre
constitutionnel. C’est même un devoir. Et ça vaut pour tous évidemment.
Mais il faut aller plus loin, à savoir donner
leur chance à tous ceux qui, dans toutes les religions, misent sur une
meilleure connaissance réciproque au lieu de l’ignorance toujours mauvaise
conseillère, sur le dialogue sincère au lieu de la confrontation, sur la
collaboration citoyenne au lieu de l’exclusion.
C’est le sens de ce que propose l’université de
Fribourg avec un éventuel accueil de leaders musulmans dans un institut qui
leur permette de mieux connaître les réalités démocratiques suisses et par conséquent
de les initier à un authentique dialogue interreligieux, gage de cohabitation toujours
plus fraternelle.
Qu’on ne s’y trompe pas : toute action qui
aboutit à l’exclusion systématique, voire à l’ostracisme est une grave erreur
qui peut être lourde de conséquences à l’avenir. Elle ne peut que jeter
certains dans l’extrémisme et rendre les autres méfiants face à notre
soi-disant liberté de conscience et de religion. Nous serons tous perdants.
Il faut intégrer et non pas rejeter, tout en
veillant prudemment au respect des règles qui conditionnent justement cette
intégration, non pas dans un moule uniforme mais dans une pluralité vraiment
démocratique.
On a connu un tel processus jadis entre
catholiques et protestants en Suisse. Nous avons aussi passé de la guerre de
religion à la collaboration plurielle. Et maintenant, c’est l’œcuménisme.
Une bonne école que nous pouvons actuellement promouvoir
avec d’autres aussi, si chacun se présente sans préjugés, avec toute sa bonne
volonté de construire la paix.
Claude
Ducarroz
A paru sur le site www.cath.ch
le 13 septembre 2014
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