jeudi 25 septembre 2014

Pour mon frère bien-aimé +Bernard

+ Bernard Ducarroz

Bernard. Mon frère. Mon bien-aimé.

Notre bonheur.    Notre douleur.    Notre espérance.

1.      Merci, Seigneur, pour nos bonheurs « Bernard ».
Rien que sa présence, c’était du bonheur. Pour sa famille bien sûr, qu’un pur amour, avec Yvette, avait su élargir si généreusement. Mais aussi pour tant d’autres, parce qu’il était l’homme de tous les oui, l’ami de tous les accueils, l’ardent de toutes les bonnes causes.
Et en plus, toutes ces cordialités spontanées, il savait les transfigurer en poésie. Il aimait les habiller de beauté simple mais profonde, en attendant la valeur ajoutée de la musique, grâce à la collaboration de ses si bons amis compositeurs, metteurs en scène, musiciens et chanteurs.

Bernard avait le talent humble, presque timide, d’autant plus touchant. On chantera encore longtemps les fruits de son arbre aux images, qu’il ne cueillait pas pour paraître sur un marché, mais simplement pour faire plaisir, pour semer dans les jardins des autres de petites joies mûries au soleil de sa spiritualité.

Son passage, ses partages n’avaient-ils pas le goût de ces béatitudes racontées par Jésus ? Neuf fois « heureux », pour ouvrir le voyage de l’évangile. Oui, des bonheurs promis et souvent déjà là, mais d’abord pour les pauvres de cœur, les affamés de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix.

Celles et ceux qui connaissent Bernard- sa famille, ses nombreux amis, ou celles et ceux qui l’ont chanté- le reconnaissent là, au détour d’un souvenir béni, dans ce portrait des vrais disciples à l’image de Jésus.

Bien sûr, il n’y a aucun chrétien parfait. Mais on peut te dire merci  aujourd’hui : toi qui, si souvent, nous as aidés à être meilleurs, humainement, chrétiennement, par le sourire, par la parole, par le chant et même par tes silences parfois énigmatiques.

       2. Au milieu de ces béatitudes, il y a celle-ci : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés. »
C’est là où nous sommes aujourd’hui. L’inquiétude devant ta maladie, la perspective de te perdre ici-bas et finalement cette mort inévitable : Bernard, notre douleur.
Le chagrin des tiens, mais aussi la tristesse de celles et ceux que Bernard abritait dans les largeurs et les profondeurs de son bon cœur, sans ostentation, sans prétention, gratuitement, par tendresse et par fidélité.

Nous sommes tous là, profondément unis dans et par cette peine, mais aussi dans une merveilleuse consolation. Celle que nous donne la mémoire vive de sa douce bonté, et celle que nous offre la foi en la bonté de Dieu qui recueille la vie des justes dans ses mains paternelles, après nous les avoir donnés pour toutes sortes de belles fraternités.

Je me souviendrai toujours. A l’hôpital, tu m’as répondu plusieurs fois ceci : In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum. Et une fois, tu l’as chanté, comme à complies. Et comme nous te demandions où tu puisais ta confiance, tu as répondu aussitôt : « J’ai confiance en celui qui m’a créé. »
Que celui-là t’accueille maintenant dans ce royaume promis justement à ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur. Et qu’il te donne le bonheur de la résurrection, en même temps qu’il sèche nos larmes par la foi pascale. « Réjouissez-vous, car votre récompense sera grande dans les cieux. »

3. Dans cette célébration, y compris avec la probable variété de nos convictions, c’est bien vers le ciel qu’il nous faut maintenant nous tourner. Bernard, notre espérance.
Avec cette liberté d’aller, même s’il reste bien des questions sans réponses ici-bas, vers cet au-delà qui t’a fait dire : « Je suis un homme libre, parce que j’ai déjà tout donné, tout offert. » N’était-ce pas la mentalité du Christ sur la croix ? Quand tout est donné, on peut partir en paix. Les cadeaux offerts demeurent dans le cœur des aimés du plus grand amour, surtout avec l’offrande du sacrifice suprême.

La famille en témoigne d’abord, la famille large évidemment, mais aussi les communautés que Bernard a servies, dans l’enseignement durant 40 ans, dans l’animation liturgique dimanche après dimanche, dans le rayonnement culturel si varié, dans l’amour de son village et de ses deux églises, dans la catéchèse et surtout dans tous ces dévouements gratuits et souvent discrets qui avaient la saveur de l’amitié et les couleurs de la solidarité sincères.
En nous quittant dans nos larmes, avec le chapelet usé par notre maman dans ses mains, Bernard nous entraîne vers la joie, celle du bon serviteur désormais comblé auprès du Christ ressuscité, auprès de ses deux papas, de sa maman Marguerite, de notre Jacquy le précurseur.

Va Bernard ! Nous te laissons partir, le cœur brisé, mais l’âme en paix. Nous devinons où tu es arrivé, dans la maison du Père. Toi, tu les vois maintenant ensemble, Dieu et ton papa que tu souhaitais enfin rencontrer. C’est notre foi, c’est notre consolation.

Ton visage souriant a pris place maintenant pour toujours au fond de notre cœur, parce que le tien repose désormais dans le cœur même de Dieu.

A toi le dernier mot, dans les paroles d’un chant intitulé « Ils sont vivants », mis en musique par Pierre Huwiler pour les « Jardins du paradis » à Delémont en 2009 :

Mais quand debout on les appelle
Du fond d’un cœur ensoleillé
On les entend : « la vie est belle 
Il faut savoir en profiter. »

On n’est pas là pour un adieu
Ils sont vivants dans notre histoire
On les invite à la veillée
Comment  ne pas toujours y croire
Que le printemps vient d’arriver ?

Claude Ducarroz     25 septembre 2014







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