Etrange ! Vous avez dit « étrange ».
Oui, Dieu est étrange, très étrange. Mais ce n’est pas une raison pour en faire
un étranger.
Au contraire, c’est une raison
supplémentaire pour qu’Il devienne un ami de grande proximité.
Dans la première lecture, Dieu est taxé
deux fois d’étrange parce qu’il ne désire pas la mort du méchant, mais sa
conversion pour qu’il vive !
Dans la deuxième lecture, l’étrangeté de
Dieu atteint son paroxysme dans le Christ Jésus.
Lui qui était dans la condition de Dieu, le
voilà qui se dépouille lui-même en prenant la condition de serviteur, en
s’abaissant jusqu’à mourir sur une croix.
Et dans l’Evangile, il y a aussi une phrase
de Jésus qui est bien étrange : « les publicains et les prostituées
vous précèdent dans le Royaume de Dieu ».
Bizarre autant qu’étrange !
Comment comprendre tout cela ? Deux
logiques s’affrontent. Celle du calcul et celle de l’amour. Or Dieu est
précisément le dernier en calcul parce qu’Il est le premier en amour. Tout est
dit.
Punir le méchant à tout prix : c’est
la logique du calcul. L’aimer jusqu’à ce qu’il se convertisse et lui pardonner,
c’est l’illogisme de l’amour, qui précisément ne calcule pas.
Quand on est dans la condition de Dieu, on
fait tout pour être traité à l’égal de Dieu
c’est ce qu’on attend d’un Dieu tout-puissant qui règne éternellement.
Mais devenir humain, et même un homme, et
en plus un crucifié, par dépouillement de soi, à cause de l’amour qu’Il nous
porte : c’est la folie de la divine tendresse.
Parce que Dieu est Amour, rien que l’Amour,
dans cette merveilleuse démonstration qu’est le Seigneur Jésus.
Les chefs des prêtres et les anciens
doivent marcher en tête vers le Royaume : c’est logique puisqu’ils sont
évidemment les premiers et les meilleurs.
Mais que des publicains – symbole de tous
les marginaux – et même les prostituées les précèdent : ça étonne, ça peut
même révolter.
Non pas que Jésus prône la prostitution,
évidemment, mais parce que ces gens-là, parfois avant d’autres et mieux que
d’autres, ont écouté la parole de Dieu, y ont cru et se sont laissé bouleverser
dans leur mentalité et dans leur vie.
Nous sommes donc tous renvoyés à ce face à
face personnel entre Jésus et chacun de nous. C’est pourquoi saint Paul peut
écrire : « Ayez les mêmes dispositions, les mêmes sentiments, le même
amour » que ceux qui animaient le cœur de Jésus en personne. A savoir de
la tendresse, de la pitié, de l’humilité. En un mot : de la miséricorde,
un mot qui revient souvent dans les homélies du matin du pape François.
Miséricorde : tout un programme,
littéralement : du cœur, un cœur ouvert sur la misère, pour l’absorber
dans l’amour et la brûler dans le pardon.
On comprend mieux cela justement quand on
regarde le Christ en croix, avec son côté ouvert par la lance pour laisser
entrer en son Amour toutes nos misères, afin qu’Il les noie dans le sang et
l’eau coulant de cette divine blessure.
Avec la signature pascale au bas de l’icône
de la croix : Jésus Christ est le Seigneur pour la gloire de Dieu le Père.
Eau et sang : baptême et eucharistie.
Les belles paroles sont devenues des signes
concrets, toujours actuels, aujourd’hui dans le festin de cette
Eucharistie :
Prenez
et mangez
Prenez
et buvez
Le sang versé par amour pour vous et pour
la multitude, en rémission des péchés.
Oui, vraiment heureux les invités au repas d’un tel Seigneur, qui fait de nous, comme lui, d’étranges miséricordieux.
Oui, vraiment heureux les invités au repas d’un tel Seigneur, qui fait de nous, comme lui, d’étranges miséricordieux.
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