vendredi 17 octobre 2014

César et/ou Dieu?

César et/ou Dieu ?

« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ! »
Que de malentendus, que d’erreurs, que de crimes même autour de cette petite phrase de l’évangile citée seulement par Matthieu.
- Puisqu’il faut rendre à César ce qui est à lui, les princes d’ici-bas ont-ils le droit d’exiger tout et n’importe quoi de leurs sujets, y compris lorsqu’ils les nomment plus  démocratiquement des « citoyens » ?
- Puisqu’il faut rendre à Dieu ce qui lui appartient -autrement dit tout-, les pouvoirs religieux peuvent-ils user même de la violence pour contraindre les hommes à accomplir leurs devoirs sacrés ?
On a vu tout cela dans l’Histoire, et parfois encore aujourd’hui. Les deux règnes antagonistes n’ont pas fini de se disputer le cœur et la conscience des personnes.
Soyons justes : dans nos sociétés européennes, de gros progrès ont été accomplis dans les relations entre César et Dieu. Traduisons : entre l’Etat et les Eglises. Sous le slogan « Une Eglise libre dans un Etat libre », on a cherché à mieux définir les droits et devoirs des personnes qui appartiennent à la société de cette terre tout en revendiquant un attachement à une religion qui pointe vers le ciel.
Sans être parfaite, la démocratie pluraliste assure au mieux un certain équilibre entre les allégeances. Les citoyens ont des droits, mais aussi des devoirs, que les Eglises leur rappellent. Car on n’est pas encore dans le Royaume de Dieu. Mais les croyants doivent pouvoir jouir des libertés fondamentales qui leur permettent d’exprimer sans entrave leurs convictions, en privé et en public, évidemment avec égard pour celles et ceux qui ne pensent pas nécessairement comme eux. C’est à l’Etat de veiller sur le respect de ces espaces de liberté.
Où en sommes-nous aujourd’hui chez nous ? A la faveur d’un individualisme qui frise l’égoïsme, on en vient à exiger surtout le respect des droits personnels sans estimer que nous avons aussi des devoirs, y compris vis-à-vis de la communauté sociale et politique. Les Eglises feraient bien aussi de répéter aux croyants –et aux autres en passant- que tous doivent aussi rendre à César ce qui lui appartient afin que la vie commune sur cette terre soit marquée non seulement par le primat des libertés individuelles mais aussi par la nécessité des solidarités sociales. Y compris par la justice salariale, le paiement des impôts et le secours dû aux plus faibles.
Echange de bons procédés ! L’Etat se doit de respecter les consciences de ses citoyens, notamment  lorsqu’ils s’expriment à travers les religions et Eglises, dans la mesure où le bien commun, défini démocratiquement, est bien servi par leurs engagements au bénéfice de tous, à commencer par les plus pauvres. Un supplément d’âme ne peut qu’être bienfaisant pour toute la société. Les Eglises sont aussi là pour le proposer et le vivre. Dans la liberté évidemment.
César ou Dieu ? Les deux, mais chacun à sa place. Je ne vois pas en quoi les citoyens, même sans religion, auraient à craindre celles et ceux qui estiment que Dieu doit être premier servi quand on sait combien ce Dieu-là est ami des hommes. De tous.

                                                                       Claude Ducarroz

A paru sur le site www.cath.ch

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