Si je puis me permettre…
Qui suis-je pour (oser) en parler ? Moi
qui suis un célibataire, et même un vrai. Sauf que je suis amené à accueillir
des fiancés et à bénir des mariages. Avec joie ! Mais pas de semaine -ou
presque- sans que j’apprenne la nouvelle d’une séparation ou d’un divorce. Qui
l’eût cru ? Il y avait pourtant beaucoup d’amour entre eux et une grande
espérance autour d’eux.
Mystère de l’amour. Mystère aussi du désamour.
La fragilité des couples –pas tous heureusement- me taraude en mon cœur et en
ma conscience. Comment peut-on passer si rapidement des tendresses les plus
démonstratives aux conflits sans remède ?
Je regarde le bouquet de roses qu’un (vieux) couple
d’amis m’a offert à l’occasion d’une visite. Elles étaient superbes, ces fleurs
achetées chez le fleuriste, avec un petit sachet de poudre pour favoriser leur
santé. Et pourtant, si peu de jours après, les voilà déjà en train de flétrir,
bientôt destinées au cimetière des beautés mortes par incapacité de durer.
C’est que ces roses avaient été coupées de leurs racines. L’eau dans le vase,
même avec le coup de pouce du sachet bio, ne peut suffire à les prolonger
longtemps. Une rose s’épanouit vraiment quand elle demeure sur le rosier, les
racines en bonne terre et la sève discrète mais vitale, qui circule dans ses
branches, du feuillage jusqu’au sommet de la fleur.
N’y aurait-il pas trop d’amours sans racines
spirituelles, trop de couples coupés de leur sève religieuse, qui fleurissent
hors sol, périssables comme un bouquet mis dans un vase, joli certes, mais qui
ne peut faire illusion bien longtemps ?
Cela dit, je ne veux accuser personne. Les
célibataires, y compris les prêtres, ont aussi leurs tentations et leurs
fragilités. Ne serions-nous pas tous appelés à retrouver des racines plus solides
en plongeant dans le terreau de la parole de Dieu, en nous exposant au soleil
de la prière, en nous redonnant la main du cœur par le dialogue et la
réconciliation, en nous laissant arroser par l’eucharistie, l’autre sacrement
de l’alliance qui tient bon, même par mauvais temps ?
On peut discuter de beaucoup de choses, même
dans un synode consacré à la famille. C’est utile. Mais le plus nécessaire sera
toujours cette communion avec l’Amour majuscule qui retient et soutient dans
son cœur nos amours minuscules.
Minuscules et pourtant
porteuses de vocation à l’éternité.
Claude Ducarroz
A paru sur le site www.cath.ch
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