Vive le capitalisme !
Mt 25,14-30
Je les vois déjà saliver, les capitalistes obsédés
par les bénéfices sur investissement. Car voici enfin une parabole fort
encourageante. Mieux : qui justifie et même glorifie l’habileté financière
à des taux dépassant toute concurrence…fiscale ou bancaire. Imaginez la mine
réjouie des actionnaires de cet évangile : on a doublé les sommes mises en
jeu.
Sauf que les comptes seront bouclés dans le
Royaume de Dieu, autrement dit avec la seule monnaie de l’amour. Car Jésus ne parlait
pas des rendements à exhiber devant un conseil d’administration ici-bas, mais de
la moisson espérée dans le ciel lors de son retour en gloire à la fin des
temps, même si les semailles sont accomplies en ce monde et la croissance
l’affaire de toute notre vie.
La Parole ensemencée est un pur cadeau du divin
paysan. Mais c’est aussi de l’accueil du terrain que dépendent la germination
du grain et la générosité de l’épi. Que ce soit sous la forme des talents ou
sous la figure de l’argent, Jésus fait appel à notre responsabilité dans
l’aventure de la maturation selon l’évangile. Il ne suffit pas de laisser
dormir ce qu’il nous a donné en termes de talents, charismes ou capacités. La
jachère, ce n’est pas son truc.
Car toutes ses semences cherchent un terreau
fertile, exigent un développement durable, pointent vers des fruits. Et ce
processus vital, tout en étant profondément dépendant de la sève de l’Esprit en
nous, postule notre collaboration libre et ardente. Nous ne sommes pas des
choses inertes dans la main de Dieu. Nous sommes les partenaires actifs de ses
desseins d’éternité. Donc le contraire de ces serviteurs mauvais et paresseux
que fustige Jésus dans la parabole des talents.
Encore faut-il ne pas se tromper sur la
marchandise. Ce que souhaite l’évangile, ce ne sont ni les dividendes de
l’avoir, ni les exploits du pouvoir, encore moins les esbroufes du paraître.
Parce que l’Esprit de l’évangile ne sème que de l’amour -puisque Dieu est
Amour-, c’est uniquement à l’aune de l’amour que se mesurera la valeur de la
récolte dans le royaume de Dieu.
Dès lors, chacun de nous, y compris les plus
faibles et les plus pauvres aux yeux des
capitalistes de ce monde, peut devenir un bon gérant de fortune en vue du
retour du Christ. Qui n’a pas du temps à consacrer, de la tendresse à donner,
des aptitudes à offrir, afin que grandisse dès maintenant sur cette terre ce
qui s’épanouira un jour pleinement dans le ciel ?
Vive le capitalisme évangélique !
Claude
Ducarroz
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