Requérants d’asile
Un monde sans solution
Je ne prends pas beaucoup de risques en
affirmant que les requérants d’asile vont continuer de se présenter aux
frontières de l’Europe – et par ricochet aux frontières de la Suisse- en nombre
toujours plus grand. Pour le comprendre, il suffit de se mettre un instant à
leur place.
Que ce soit à cause d’une implacable oppression
politique ou à cause de l’extrême dénuement au quotidien, tous ont sans doute
des (bonnes) raisons de chercher refuge ailleurs. Et pourquoi pas chez nous,
dans des pays de liberté et d’abondance ?
Ceux qui s’attaquent aux misérables au lieu de
faire la guerre à la misère se trompent et nous trompent. Ces enfants parfois
non accompagnés, ces femmes meurtries, ces hommes rescapés du naufrage nous
révèlent en silence un certain état de notre société. Ils nous tendent le
miroir de nos impuissances à humaniser notre terre.
Nous nous vantons d’expérimenter une économie
globalisée, mais nous sommes incapables d’éteindre les incendies des pires
violences de l’autre côté de la Méditerranée. Par les médias modernes, nous
pouvons être immédiatement partout, mais nous ne parvenons pas à promouvoir un
développement des pays du Sud qui les libèrerait de ces carences basiques que
sont la faim, les épidémies, le manque de formation, l’indignité.
Il faut le savoir et nous devons faire avec :
tant qu’il y aura des personnes et des populations ainsi abandonnées au bord de
la route, il y aura à nos portes des requérants d’asile et surtout des
mendiants de dignité humaine.
Faire avec! Quoi faire ? S’engager de
toutes nos forces pour que les règles du jeu international changent au bénéfice
des laissés pour compte de notre planète. Et en attendant, accueillir celles et
ceux qui n’ont pas d’autres solutions, pour vivre et souvent survivre, que de
compter sur notre solidarité, tout en apportant à notre société des valeurs nouvelles,
de sorte que ceux que nous croyons aider finissent par nous aider à vivre, nous
aussi, plus humainement.
Certains prônent le bouclage hermétique de nos
frontières. Les chrétiens et tous les hommes au coeur à la bonne place
choisiront – je l’espère, avec le pape François- d’élargir l’espace de leur
tente pour faire place aux arrivants de la misère qui sont en réalité nos
frères et sœurs en la commune humanité.
Claude
Ducarroz
A paru sur le
site cath.ch le 25 juin 2015
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