jeudi 25 juin 2015

Requérants d’asile

Un monde sans solution

Je ne prends pas beaucoup de risques en affirmant que les requérants d’asile vont continuer de se présenter aux frontières de l’Europe – et par ricochet aux frontières de la Suisse- en nombre toujours plus grand. Pour le comprendre, il suffit de se mettre un instant à leur place.
Que ce soit à cause d’une implacable oppression politique ou à cause de l’extrême dénuement au quotidien, tous ont sans doute des (bonnes) raisons de chercher refuge ailleurs. Et pourquoi pas chez nous, dans des pays de liberté et d’abondance ?
Ceux qui s’attaquent aux misérables au lieu de faire la guerre à la misère se trompent et nous trompent. Ces enfants parfois non accompagnés, ces femmes meurtries, ces hommes rescapés du naufrage nous révèlent en silence un certain état de notre société. Ils nous tendent le miroir de nos impuissances à humaniser notre terre.

Nous nous vantons d’expérimenter une économie globalisée, mais nous sommes incapables d’éteindre les incendies des pires violences de l’autre côté de la Méditerranée. Par les médias modernes, nous pouvons être immédiatement partout, mais nous ne parvenons pas à promouvoir un développement des pays du Sud qui les libèrerait de ces carences basiques que sont la faim, les épidémies, le manque de formation, l’indignité.
Il faut le savoir et nous devons faire avec : tant qu’il y aura des personnes et des populations ainsi abandonnées au bord de la route, il y aura à nos portes des requérants d’asile et surtout des mendiants de dignité humaine.

Faire avec! Quoi faire ? S’engager de toutes nos forces pour que les règles du jeu international changent au bénéfice des laissés pour compte de notre planète. Et en attendant, accueillir celles et ceux qui n’ont pas d’autres solutions, pour vivre et souvent survivre, que de compter sur notre solidarité, tout en apportant à notre société des valeurs nouvelles, de sorte que ceux que nous croyons aider finissent par nous aider à vivre, nous aussi, plus humainement.
Certains prônent le bouclage hermétique de nos frontières. Les chrétiens et tous les hommes au coeur à la bonne place choisiront – je l’espère, avec le pape François- d’élargir l’espace de leur tente pour faire place aux arrivants de la misère qui sont en réalité nos frères et sœurs en la commune humanité.

                                   Claude Ducarroz


A paru sur le site  cath.ch  le 25 juin 2015

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