Homélie
S. Jean
Baptiste
Montbrelloz
50 ans déjà. Que de rencontres ! Que d’évènements !
Que de souvenirs !
Mais je ne veux pas vous parler de moi,
conformément à la parole de saint Paul : « Ce n’est pas nous que nous
prêchons, mais le Christ Jésus le Seigneur. Nous ne sommes, nous, que vos
serviteurs pour l’amour de Jésus. » II Co 4,5. Une attitude encouragée par
notre saint patron Jean Baptiste qui disait : « Il faut que le Christ
grandisse et que moi je diminue » Jn 3,30.
Mais je peux quand même vous dire ceci,
expérience faite et sans déroger à l’humilité :
* Je suis infiniment reconnaissant au Seigneur
pour la vie, pour la foi et pour ma vocation de prêtre.
* Je dis un merci ému à mes chers parents, à ma
famille, à mes amis d’ici et d’ailleurs qui m’ont tant aidé à être un homme et
un prêtre heureux.
* Je dis aussi un merci à mon Eglise – à ses
évêques, prêtres, diacres, religieux et pasteurs et, plus que jamais, à ses
laïcs engagés, hommes et femmes- qui m’ont accompagné durant ces 50 années de
ministère varié et souvent passionnant, au service du peuple de Dieu et de
l’humanité.
Je vous prends avec affection dans cette messe
qui nous permet, dans le Christ, de nous retrouver tous dans l’immense
« communion des saints », y compris avec nos chers défunts, dans les
larmes et surtout dans les mercis.
S’il fallait retenir une leçon de ma belle
aventure presbytérale, je dirais ceci, en pensant à cette église qui fête aussi
ses 50 ans : l’Eglise avec E majuscule, c’est notre affaire à tous. Il
faut que personne ne manque à l’appel du Seigneur, que tous soient au
rendez-vous de la foi et de l’engagement, comme ce fut le cas dans ce village
quand il s’est agi de bâtir cette église.
Ce sanctuaire est toujours là. Mais une
question demeure : où est l’Eglise-communauté pour être l’Eglise, pour
faire Eglise ici ? L’invitation nous a été adressée au jour de notre
baptême. Il n’est jamais trop tard pour répondre, chacun selon sa vocation et
avec ses compétences, pour témoigner de Jésus –Christ et de son évangile dans
le monde d’aujourd’hui.
Quelle grâce d’avoir ici comme patron,
protecteur et modèle le grand saint évangélique qu’est Jean Baptiste, et cela
sans doute grâce à l’ordre des chevaliers de Malte !
Il est né d’une famille éprouvée, comme
beaucoup parmi nous. Mais le Seigneur appelle partout, parce qu’il écrit droit
sur les lignes courbes de nos existences. Il nous demande seulement de le
laisser faire en nous par son Esprit, dans la mesure où nous ne nous prenons
pas pour un autre.
Etre un
serviteur des desseins de Dieu, même quand ils sont déconcertants, c’est
finalement un bonheur. Jean-Baptiste en fournit la preuve, lui qui était ravi
de joie en étant seulement l’ami de l’époux, celui qui se tient près de lui
pour entendre sa voix et répercuter sa parole.
Une parole courageuse, qui peut même être forte
au point de déranger. Jean Baptiste a couru ce beau risque jusqu’au bout,
jusqu’au sacrifice de soi. Comment ne pas évoquer tous les Jean Baptiste
d’aujourd’hui, dans l’Eglise et dans le monde, qui affrontent même les
persécutions et le martyre par fidélité au Christ et pour une certaine idée de
l’homme et de la société.
Si la douceur de la miséricorde doit toujours inspirer
nos paroles et transfigurer nos actions, cette miséricorde ne saurait couvrir
d’un manteau d’indifférence ce qui abîme les humains créés à l’image de Dieu ou
ce qui écrase les plus pauvres et les plus petits.
Il y a du Jean Baptiste dans notre pape
François. Il fait bon être des chrétiens et être prêtre dans une Eglise qui ose
annoncer l’évangile de la vie éternelle certes, mais aussi la bonne nouvelle d’une vie possible ici-bas
en fraternité libre et accueillante.
C’est la messe qui nous rassemble maintenant.
Nous devenons par conséquent une communauté eucharistique.
* Ce qui signifie que nous avons de la joie à
nous retrouver en Eglise une, sainte, catholique et apostolique.
* Ce qui veut dire que la Parole de Dieu est
accueillie comme une lampe sur nos pas, une lumière sur notre route.
* Et l’eucharistie nous est encore offerte
gratuitement comme une nourriture pour le voyage de notre vie, quel que soit l’itinéraire
concret et souvent surprenant que nous empruntons. * Nous avons du plaisir, je
l’espère, à prier ensemble comme nous le faisons maintenant, y compris avec la
musique et le chant.
Je voudrais tellement que nos communautés, même
quand elles deviennent plus petites, gardent au cœur la joie de croire, le
courage de témoigner, le bonheur d’aimer.
Le
prêtre ne cherche aucune récompense, encore moins des honneurs ou des privilèges.
Cinquante ans après la consécration de cette église, cinquante ans après ma
première messe ici, je me retrouve parfaitement dans la réflexion de l’apôtre
Paul qui écrivait aux chrétiens de Thessalonique, dans le tout premier écrit du
Nouveau Testament : « Quelle est notre espérance, notre joie, la
couronne dont nous serons fiers si ce n’est vous en présence de notre Seigneur Jésus
lors de son avènement ? Oui, c’est bien vous qui êtes notre gloire et
notre joie. » I Th 2, 19-20
Claude
Ducarroz
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