mercredi 18 mai 2011

Le dimanche des vocations

Homélie de l’abbé Claude Ducarroz
4ème dimanche du temps pascal - dimanche des vocations
Monastère de la Visitation

« Il a la vocation. » J’ai entendu cela dans mon enfance. Avoir la vocation… Je ne sais pas si vous avez la vocation. Avoir la vocation, un petit peu comme on peut avoir la grippe… ou l’arthrose. Avoir la vocation : est-ce avoir la vocation ou être appelés, être des appelés ? Il s’agit de l’être. La vocation, c’est un très beau mot parce qu’il y a dans la vocation, la voix ; peut-être aussi la voie.
L’appel. Quelqu’un qui appelle, quelqu’un qui appelle un autre. Vous avez déjà fait l’expérience, peut-être. Personne ne vous appelait, ça c’est la solitude, quand personne ne nous appelle. Ou quand j’appelle, mais dans le vide, personne n’entend, personne ne répond.
Dieu n’appelle pas, il est appel. Dieu est une vocation. Dieu est une vocation dans le mystère trinitaire parce que le Père appelle sans cesse le Fils ; et le Père et le Fils appellent, suscitent sans cesse l’Esprit. Dieu est un mystère de vocation avec réponse d’amour, c’est la Trinité. Dieu est une vocation qui crée des relations entre les personnes qui s’appellent l’une l’autre à exister comme amour. Dieu est amour. Car qu’est-ce que la Trinité sinon un mystère d’être pour l’autre et avec l’autre, parce que chacun se sent appelé à exister en aimant.

La vocation est une relation, une relation d’amour. Dieu nous appelle. Dieu a pour chacun de nous une vocation. Nous sommes des appelés. D’abord des appelés à la vie, c’est cela notre 1ère vocation, c’est exister, exister comme être humain avec toutes les dimensions de notre existence. Je dirais : « on a un ADN de vocation, en nous ». On est, on existe par vocation d’amour de la part de celui qui nous fait exister par l’amour et pour aimer. Notre vie est une vocation réussie.

Dieu nous appelle ensuite, 2ème vocation – mais il ne faut jamais oublier la première - Dieu nous appelle ensuite à connaître son mystère, à connaître un peu son visage. Voyez, un peu comme la 2ème vocation du bébé, la première : il naît ; puis après, il découvre le visage de son papa, de sa maman. Dieu nous appelle à connaître son mystère et son visage. C’est un peu cette vocation à la foi, qui comme nous le rappelait saint Pierre, conduit dans le sacrement du baptême qui est la signification scellée de notre appel à la foi, à la foi chrétienne pour nous.
3ème vocation : Dieu nous appelle à faire Eglise. Nous ne sommes pas des appelés solitaires mais des appelés solidaires. Nous ne sommes pas tout seuls dans un désert, nous sommes en communion, appelés à faire communauté et à faire Eglise. Il faut dire que l’Eglise est un recueil de vocations, avec beaucoup de pages, et un rassemblement d’appelés. Bien sûr, chacun personnellement, cela reste personnel, mais aussi ensemble pour être ensemble, pour vivre ensemble.

Et puis seulement après, il y a ces vocations à des services particuliers dans l’Eglise, et aussi dans la société, pas seulement dans l’Eglise aussi dans la société. Alors, il y a des vocations multiples et je trouve que c’est beau la richesse vocationnelle dans l’Eglise. Nous sommes tous des appelés dans cette variété des vocations, des charismes. Et je voudrais mettre en évidence, par exemple une vocation que je trouve oubliée, la vocation au célibat ; je ne pense pas d’abord aux religieuses, religieux, prêtres mais au célibat laïc. C’est aussi une vocation. Vous savez, quand on y pense, nous avons tous commencé par être célibataires, même assez longtemps, même les mariés. C’est une vocation, le célibat, une belle vocation, il ne faut pas l’oublier. On a l’impression que la vocation commence avec les religieux et les prêtres. Mais il y a une vocation au célibat aussi.

Et puis la vie religieuse, je pense que vous n’avez pas besoin de commentaires, vous en avez des exemples : la vie religieuse contemplative, active, toutes ces vocations à la vie religieuse.
Et puis la belle vocation au mariage, c’est une vocation aussi. Les mariés, ils ont aussi la vocation. Ils ont la leur. Je venais dans la rue tout à l’heure. Ils ne m’ont pas vu je crois, et je regardais un monsieur et une dame, avec beaucoup de cheveux gris, - c’est une vocation déjà assez longue,- qui se donnaient la main, comme des amoureux... Je me suis dit : voilà l’image d’une vocation. S’aimer, se tenir ensemble, partager l’existence de quelqu’un qui m’aime. Oui, c’est une vocation.

Et puis après il y a la vocation, bien sûr, au ministère ordonné à laquelle nous pensons particulièrement aujourd’hui et c’est bien qu’on y pense spécialement. Vous savez combien on en a grand besoin . On est placé pour le savoir : être évêque c’est une vocation. On en parle ces temps. Il ne faut pas l’oublier, on a besoin d’un évêque. On entend beaucoup de rumeurs… je vous livre un scoop : ce ne sera pas moi !
Et puis la vocation de prêtre, Dieu sait si aujourd’hui, je dirais, dans la douleur de l’Eglise, on pense à cette vocation. Et aussi on prie pour cette vocation.
Et puis cette vocation un peu nouvelle dans notre Eglise, le diaconat, qui cherche encore sa voie ou ses voies. Et d’autres chemins, de nouveaux chemins.

Alors la vocation, ce qu’il y a de normal, d’universel, cela passe par des signes, par les signes des personnes. Chacun de nous dans sa vocation peut dire qu’il y a eu une personne, des personnes qui ont fait signe dans leur vie pour découvrir leur vocation et la réaliser. Evidemment les amoureux, pas besoin de chercher quelle personne c’est : l’autre a fait signe et on a compris le signe. Là, la personne significative ou signifiante est tout de suite trouvée. Mais on a tous n’est-ce pas, dans le secret de notre cœur, avec beaucoup de reconnaissance l’une ou l’autre personne qui nous a révélé notre vocation.

Cela passe par des appelants. Cela passe aussi par des événements qui font signe. Il n’y a pas que les personnes, il y a les événements. Les événements, c’est un terreau de vocation. On change, on trouve sa voie, on change de voie à la suite d’événements. C’est pourquoi c’est important de réfléchir à ce qui nous arrive, à ce qui arrive dans nos vies où peut-être il y a la source d’une vocation. Et puis ces motions intérieures, à l’écoute de la Parole de Dieu, dans la prière, dans le silence, nous trouvons là aussi des signes de vocation -ou nouvelle ou confirmée-, de vocations qui prennent un nouveau virage peut-être, dans cet accueil de ces signes intérieurs que Dieu nous fait dans notre vie spirituelle.

Il y a aussi notre dernière vocation, notre dernier appel, c’est le moment de notre mort. Je pense que l’on peut interpréter la mort comme le dernier des grands appels, la dernière des grandes vocations qui nous fait entrer par la porte pascale de Jésus : « Je suis la porte ». Le mort est ressuscité et notre vie est une vocation pour le bonheur éternel. Là, il y aura, à la mort, cette grâce de le vivre, de le ressentir comme cela : un grand appel, une grande vocation. Quelqu’un nous appelle parce que Quelqu’un nous attend. Jésus-Christ est le grand appelé par le Père et c’est aussi le grand appelant dans nos vies, dans l’histoire du monde, dans la vie de l’Eglise. Le grand appelé, Jésus-Christ, devient le grand appelant, sans cesse. Lui qui a accompli la volonté du Père, il est sans cesse en train de nous la rappeler et de nous aider par son Eprit à dire oui, comme Marie.

Et enfin, je pense que la messe d’aujourd’hui -et toute messe- est par excellence le lieu et le moment de la vocation parce que là le Christ en nous, nous appelle et nous rappelle. Il a toujours à ce moment-là quelque chose à nous dire, pas nécessairement quelque chose d’extraordinaire, mais il ne peut pas être là sans nous lancer un appel et sans nous donner un esprit de lumière et de force, pour la réponse. Normalement pour renforcer, consolider notre vocation de base, peut-être une fois ou l’autre pour l’orienter différemment ou nous donner du nouveau. Mais je crois que la messe, c’est aussi le lieu de la promesse et de la vocation.

Enfin par rapport à la vocation du prêtre, je peux vous dire que la joie du prêtre, c’est d’être au service de la vocation des autres. C’est cela sa vocation, le plus généreusement possible, avec ses limites et ses faiblesses – on n’est pas des super-hommes, pas non plus des super-chrétiens –. Notre vocation, c’est de vous aider à découvrir, si ce n’est pas déjà fait, ou à vivre votre vocation. Et se mettre au service de vos vocations, c’est une belle vocation. Merci.
Claude Ducarroz

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