Homélie du 19 février 2012
Tout y passe ! Oui, tout y passe avec Jésus. Tout y passe, même la belle-mère. C’est ainsi que l’évangéliste Marc nous présente Jésus en plein exercice de son ministère. Au chapitre premier, il guérit un démoniaque, un pauvre homme dérangé dans son esprit. Puis la fameuse belle-mère de Simon qui avait de la fièvre et devait garder le lit. Enfin un lépreux, par ailleurs exclu de sa communauté à cause de sa maladie.
Au chapitre 2, c’est un paralytique auquel il pardonne ses péchés : l’évangile de ce dimanche. Plus loin, ce sera un homme à la main desséchée, puis un sourd muet et encore un aveugle, etc… Tout est résumé déjà au chapitre premier : « Il guérit beaucoup de malades atteints de divers maux et il chassa beaucoup d’esprit mauvais. »
Les guérisons ! Cet aspect de l’activité de Jésus déconcerte un peu aujourd’hui. Était-il un super médecin, un thaumaturge ? Ne sommes-nous pas tous, d’une manière ou d’une autre, des malades, parfois dans notre corps, mais aussi dans notre cœur et dans notre âme ? Alors, pourquoi de tels miracles sont-ils devenus si rares aujourd’hui, alors que les maladies et les malades demeurent si nombreux ? Au-delà de ces manifestations extraordinaires, il y a un message qui pointe sur l’identité de Jésus et qui, par conséquent, veut nous annoncer quelque chose d’important, à nous encore, aujourd’hui.
Il faut le reconnaître avec gratitude : les progrès de la médecine, sans parvenir à vaincre toutes les maladies, sans supprimer la mort, opèrent actuellement ce qu’on pourrait aussi appeler, d’une certaine manière, des merveilles. De nos jours, il y a plus de guérisons, par la mise en œuvre des connaissances et des pratiques thérapeutiques, qu’au temps de Jésus. Qui d’entre nous peut dire qu’il serait encore vivant aujourd’hui s’il n’avait pas été soigné par la médecine au cours de sa vie ?
C’est donc qu’il nous faut recueillir le message, scruter la personnalité du messager, plutôt que de s’arrêter sur les miracles qu’il fit dans le contexte de son temps.
Les miracles opérés par Jésus nous rappellent trois vérités.
* D’abord que Jésus de Nazareth, l’envoyé de Dieu, mais aussi homme parmi les hommes, est un être plein de compassion, avec une nette priorité à l’égard des plus pauvres, des souffrants, des laissés pour compte de la société. Jésus aimait les gens, et il savait le leur montrer en s’adaptant à leurs misères ou à leurs besoins, dans la variété des situations humaines.
* Deuxièmement, Jésus est venu sauver tous les hommes et tout l’homme. On le voit s’investir dans la guérison sous toutes ses formes. Car il n’est pas un magicien éthéré qui s’intéresserait seulement aux sphères spirituelles de la personne. La santé physique, psychique, sociale est aussi de son ressort. Il pardonne, certes, mais aussi il console, il guérit, il rétablit les liens sociaux. Il est un sauveur 100%. Et il le montrera encore mieux quand il vaincra la mort elle-même dans le mystère de sa résurrection.
* Enfin, ce que fait le Christ laisse deviner l’énigme de sa personne, à savoir qui il est. Une telle maîtrise de toutes choses, en vue du bien, suscite la stupéfaction et provoque la louange à Dieu : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. » Il y a donc du divin en cet homme. Ne serait-il pas la présence du Dieu d’amour au milieu de nous ?
Nous allons entrer en Carême mercredi prochain. Ce temps privilégié va nous donner l’occasion de mieux communier avec le Christ. Ce même Christ va aussi nous associer de plus près à ce qu’il est et à ce qu’il fait, et continue de faire au milieu de nous par les énergies de son Esprit.
Comme nous le rappelle l’apôtre Paul, du moment que nous sommes baptisés, Dieu nous a consacrés, il a mis sa marque sur nous et son Esprit habite dans nos cœurs. Nous sommes donc équipés pour entrer résolument dans la dynamique nouvelle de ce temps béni, ainsi que l’annonçait déjà le prophète Isaïe : « Ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau ! »
* Il s’agit d’abord de nous laisser faire ou plutôt de nous laisser aimer par Dieu. Jésus veut aussi nous guérir puisque nous en avons besoin. Le pardon, comme pour le paralytique de l’évangile, est le meilleur signe de la tendresse du Père à notre égard. Il nous suffit de le demander sincèrement et de l’accueillir, y compris dans le sacrement de la réconciliation, avec un cœur reconnaissant.
* Ce faisant, dans une meilleure fréquentation de la Parole de Dieu et par la méditation et la prière, nous allons nous rapprocher de Dieu lui-même, comme Moïse s’approcha du Buisson ardent pour rencontrer son Dieu, et alors nous connaîtrons Dieu de manière plus intime, ainsi que son envoyé Jésus-Christ.
* Enfin, par des actions de partage et de solidarité, nous collaborerons à la compassion de Jésus à l’égard des pauvres et des souffrants. Désormais, c’est par notre cœur attendri, par nos mains tendues, par nos regards de fraternité et même par notre porte-monnaie plus généreusement ouvert que le Seigneur veut continuer, aujourd’hui encore, de venir au secours des hommes qui peinent sous le poids de l’injustice ou de la misère. N’allons pas refuser la dignité, et aussi la joie, d’être des vecteurs de la charité de Dieu dans toutes nos relations humaines.
C’est ainsi que nous vivrons plus heureux, en faisant des heureux, parce que nous imiterons Jésus lui-même, grâce aux inspirations et à la force de son Esprit.
Joyeux Carême !
Claude Ducarroz
samedi 18 février 2012
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