samedi 5 janvier 2013

Nouvel An 2013

Homélie du 1er janvier 2013




Permettez cette confidence : je vis habituellement dans un environnement propice à la méditation de Nouvel-An.



Alors, brièvement, pour tenir compte de votre longue nuit éveillée, je vous invite à partager cette petite réflexion contemplative sur mon paysage quotidien.



J’habite au bord d’une rivière. Elle coule littéralement à mes pieds. Inexorablement, 365 jours par an, comme ma vie, la vôtre. La vie tout court. L’eau passe, dit un rapide bonjour bleuté-vert-brun, et s’en va plus loin. Toujours, jour et nuit.



Et les années passent aussi, avec leurs mois, leurs jours. Déjà 2013 et combien d’années au compteur de l’existence ? Une de plus… une de moins… c’est selon ! Plus on avance en âge, mieux on comprend le poète Lamartine qui soupirait : « O temps, suspends ton vol.» Avec cette conclusion réaliste qu’il nous faut empêcher de devenir triste : « L’Homme n’a point de port, le temps n’a point de rive. Il coule et nous passons. »



Mais heureusement, ma rivière a des rives, et même deux, pour lancer et accueillir des ponts. De mon balcon, j’en compte cinq, plus un autre, majestueux, en pleine construction, celui de la Poya !

L’eau coule sous les ponts, mais ces ponts tiennent bon. Tout un symbole !



Pour défier le temps qui passe, il faut devenir pontife. Il faut construire des ponts. Il faut bâtir des relations qui soient solides, par l’élan d’un amour qui enjambe les abîmes et permet la circulation des relations humaines. Les ponts du cœur !



Mes ponts, mes relations, mes communions.

Quels ponts ai-je jetés vers d’autres durant l’année 2012 ? Quels ponts sont envisagés, peut-être en chantier, pour transfigurer l’année 2013 par un surcroît d’amour ?

Réparer des ponts, en construire de nouveaux peut-être, c’est racheter le temps, c’est glisser de l’éternel dans le fleuve impétueux de la vie, c’est défier la mort, car l’amour ne passe jamais, dit l’apôtre Paul.

Devenir des ouvriers sur les chantiers du don, du pardon, de la communion, c’est une belle mission en même temps qu’un rude labeur. Mais c’est la seule manière d’être heureux, que ce soit dans nos familles, dans nos milieux de vie ou nos communautés d’Eglise.



Tous des pontifes, et 2013 sera une bonne, une meilleure année !



Et puis, je me retourne sur mon balcon qui domine la Sarine aux couleurs très variables, comme les saisons de la vie.



Et qu’est-ce que je vois toute illuminée : la haute tour de la cathédrale, qui veille et surveille.

Comme un doigt levé vers le ciel, qui indique la bonne direction, qui rappelle la vraie destinée de nos existences éphémères, qui nous invite, moins à observer le temps qui passe, qu’à tendre vers ce qui ne passe pas, à savoir la relation ombilicale avec Dieu, l’ancrage dans la communion avec l’Eternel.

Il y a dans ce clocher majestueux, qui domine maisons, rivières et ponts, le symbole bienheureux de la vie en Christ, dans sa Parole - lumière pour la route -, dans son Eucharistie - pain pour le voyage vers la vie éternelle -, dans son Esprit - guide sûr dans les méandres du pèlerinage temporel.



Dans la contemplation de cette tour altière, comme dans l’intimité du sanctuaire liturgique, je retrouve la paix, la rivière de ma vie cesse de m’angoisser, les ponts sont fleuris par les béatitudes, et même certaines passerelles un peu branlantes ajoutent de l’humour à l’aventure humaine.

Et j’entends, par-dessus le roulis des flots et la rumeur des ponts encombrés de voitures, la voix d’un ange accroché au sommet de la cathédrale, là-haut, qui répète un refrain si connu qu’on risque de l’oublier :



« Gloire à Dieu,

Paix sur terre

Aux humains que Dieu aime. »







Bonne année 2013 !

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