samedi 5 janvier 2013

Dimanche de la sainte famille

La sainte famille 2012






La sainte famille !

Sainte ! Sûrement. On ne peut trouver plus sainte puisqu’elle est composée de Jésus, le Saint par excellence, de Marie la « toute sainte » et de Joseph, saint Joseph, un saint homme !

Mais « famille », il faut bien reconnaître que Jésus, Marie et Joseph constituent une famille très particulière, et même absolument unique.

Une mère qui est aussi vierge ! Un père qui n’est pas le vrai père de l’enfant, même si beaucoup, et longtemps, prirent Jésus pour le fils de Joseph. Et bientôt, déjà à 12 ans comme le prouve l’évangile de ce jour, cet enfant dira « père », et un jour « abba, papa », à un autre, à savoir Dieu lui-même.

Pour compléter le portrait de famille, il faudrait parler des frères et sœurs de Jésus – dont les évangiles donnent même les noms – qui, selon une tradition ancienne et presque universelle – sont des proches parents de Jésus, ou alors, selon une autre tradition, les enfants d’un premier mariage de Joseph.



Pour une famille compliquée, c’en est une. Et pourtant, l’Eglise persiste à la donner comme modèle à toutes les autres familles – les nôtres – en particulier en ce dimanche qui suit Noël, fête de la sainte famille.



Il nous faut donc nous concentrer sur le versant imitable de son aventure, pour trouver en elle de quoi éclairer, conforter, nourrir nos familles d’aujourd’hui dont on sait bien qu’elles deviennent de plus en plus « spéciales », elles aussi, mais pas nécessairement pour les mêmes raisons évidemment.



Alors quel est le secret de cette famille de Nazareth, qui puisse nous aider à vivre en famille aujourd’hui, sur ce modèle-là, à savoir dans la foi et dans l’amour (2ème lecture).

Tout se concentre sur la personne de l’enfant, ce Jésus, fils de Marie, fils de Joseph, fils de Dieu. Trois fois fils ! Et chaque fois autrement.



+ Fils de Marie ! St Paul ne fera qu’une fois allusion à Marie, et d’ailleurs sans donner son nom, en disant de Jésus qu’il est « né d’une femme » Gal. 4,4. La relation à sa mère, dans la communion des 9 mois de la grossesse, dans l’allaitement – auquel une femme dans la foule rappellera l’expérience à Jésus lui-même « heureux les seins qui t’ont nourri » Lc 11,27 : tout cela constitue la base physique et affective de la vie humaine, irremplaçable. Respecter la femme, les femmes, toutes les femmes – les mères et les autres. Et que les femmes se fassent respecter elles-mêmes ! C’est un devoir basique, une attitude bienheureuse, peut-être aujourd’hui une lutte nécessaire, même si elle ne semble pas toujours populaire.

Jésus l’a vécu, dans une juste liberté, car la maternité doit mettre au monde et dans le monde, et non pas retenir en son sein. Jésus l’a dit, il l’a fait, mais on devine avec quel respect et amour, lui qui retourne à Nazareth après la fugue de Jérusalem, parce qu’il devait « être aux affaires de son Père », mais aussitôt après pour « grandir en sagesse, en taille et en grâce » sous le regard conjoint de Dieu et de ses parents.



+Fils de Joseph, le charpentier !

Jésus fut un enfant adopté par amour et aussi dans un acte de foi, plus fort que toutes les questions qui ne manquèrent pas. Quelle merveilleuse capacité de foi et d’affection chez Joseph ! La dimension de l’amour, le climat de confiance, l’accompagnement à la fois de proximité et de respect : tels sont encore aujourd’hui les ingrédients d’une vraie famille. Celle qui normalement coïncide avec les liens du sang, et aussi celles qui expérimentent, au terme de bien des épreuves, les bienfaits de l’adoption, sous une forme ou sous une autre, et elles se multiplient.

Jésus adopté par Joseph, pleinement accueilli et reconnu : il ouvre tellement de portes en forme de bras, de cœur.



+Eh ! bien, allons au cœur, justement.

C’est-à-dire en Dieu, dans la famille divine, la communion trinitaire, le sanctuaire le plus sacré (cf 2ème lecture). Le fils éternel du Père est devenu le fils de Marie, l’enfant béni de Joseph, notre frère universel. L’enfant de Noël et de Pâques, c’est lui qui ouvre nos familles humaines au mystère – ou plutôt à la présence – de la famille trinitaire au milieu de nous.

Un sacrement signifie et réalise cela dans la vie de l’Eglise : le sacrement de mariage. L’irruption de la communauté trinitaire vient habiter – pour les transfigurer – nos communions de cœur, d’esprit et de corps. Elle les irradie du dedans d’un amour supérieur qui vient non pas suspecter ou supprimer nos tendresses humaines, mais les surélever en qualité et les préparer à devenir éternelles.

En ce sens, quelles que soient les conjonctures humaines, dans nos familles imparfaites, la sainte famille de Nazareth trouve un foyer, un nid, ou peut-être seulement une crèche, pour que son Noël devienne aussi le nôtre.



Claude Ducarroz

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