François : entre pasteur et coiffeur
Les 100 jours du pontificat du pape François provoquent
de nombreux commentaires. C’est que le nouveau pape ne laisse personne
indifférent. Le style de vie –hors du palais-, le contact avec les gens –en
toute proximité-, la manière de parler –comme un bon curé du monde- : tout
contribue à susciter l’intérêt et le plus souvent la sympathie. On est content
de sentir un pape au milieu de nous et non pas au dessus de nous.
J’ai aimé sa remarque en forme de jolie
parabole. Evoquant les brebis que le bon pasteur doit aller chercher là où
elles sont, il a fait observer, du point de vue mathématique, qu’il y en avait
plutôt 99 en perdition et une seule au bercail, contrairement à l’optimisme de l’évangile
qui inverse ces chiffres. (Cf. Lc 15,4-7). Et quand on n’a plus qu’une brebis « en
Eglise », on est tenté de la bichonner, de la caresser, de la coiffer … en
oubliant les autres, pourtant en danger. « Le Seigneur nous veut pasteurs,
pas coiffeurs ! », a dit le pape François, toujours très en verve
quand il improvise.
Incontestablement, le style François est celui
du pasteur. Justement parce qu’il…décoiffe ! Comment ne pas entendre son
insistance à promouvoir « une Eglise pauvre avec les pauvres » ?
Une Eglise pauvre parce que résolument tournée vers les plus pauvres. Une
Eglise qui ne craint pas les moyens pauvres au lieu de s’enliser dans des
structures lourdes et des outillages coûteux. Une Eglise qui imite le Christ de
la simplicité et de la proximité pour mieux rejoindre celles et ceux qui
squattent les périphéries de la société, que ce soit au plan économique,
culturel ou religieux. Car il y a mille manières d’être des pauvres que le
Christ veut sauver et que l’Eglise doit aimer. Alors, le pape François, un bon
pasteur ? Certainement. C’est bien parti, comme on dit. Mais –sauf votre
respect, très saint Père-, au-delà des effets d’annonce et des démonstrations
superficielles –qui suscitent beaucoup d’espérance-, nous attendons encore des
décisions importantes et des changements de cap pour la vie profonde de
l’Eglise et des Eglises. Une réforme dans la saveur de Vatican II, en somme.
Par exemple dans la répartition des tâches entre le centre romain et cette
autre périphérie que sont les Eglises locales, avec leurs fidèles et leurs
pasteurs, adultes et responsables.
Pasteurs plutôt que
coiffeurs ! Nous, on veut bien. Avec vous. Comme vous.
Article paru sur le
site cath.ch Claude Ducarroz
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